Les créances douteuses au Vietnam et l'histoire des débiteurs qui changent « librement » pour de belles voitures
De nombreux débiteurs n'ont pas les moyens de rembourser leurs prêts bancaires, mais ils ne manquent pas d'argent pour s'acheter « gratuitement » de belles voitures. Les banques, en position de « victimes », se conforment à la loi, mais sont parfois condamnées et doivent… « admettre leur défaite » face aux débiteurs.
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Ces réalités « à moitié rieuses, à moitié en pleurs » ont été évoquées par de nombreux experts lors de l'atelier « Réduire et résoudre les créances douteuses en 2015 d'un point de vue juridique » qui s'est tenu le 12 juin, avec une certaine amertume à l'égard de la réglementation actuelle.
Comme l'a mentionné l'expert économique Can Van Luc, qui a évoqué l'histoire du débiteur oubliant délibérément ses obligations, il est très difficile d'obliger ces personnes à rembourser intégralement leurs dettes bancaires. C'est l'un des problèmes qui, selon lui, expliquent le travail considérable qu'il reste à accomplir dans le traitement des créances douteuses.
M. Luc a soulevé des questions sur la coordination entre les organismes compétents, notamment la police et les collectivités locales, dans des situations similaires où des entreprises et des particuliers ne paient pas leurs dettes délibérément. Selon lui, les mesures d'exécution rencontrent manifestement des difficultés, car il arrive que le tribunal ait rendu une décision définitive, mais que le débiteur soit introuvable.
En accord avec M. Luc, Mme Tran Thi Hong Hanh, secrétaire générale de l'Association bancaire du Vietnam, a également affirmé que les établissements de crédit sont confrontés à des difficultés dès le moment où ils intentent des poursuites dans des cas obligatoires.
« La procédure exige que l'établissement de crédit dispose d'un document écrit avec le client exprimant le litige avant que le tribunal ne puisse le traiter », a déclaré Mme Hanh.
Toutefois, dans le cas susmentionné, Mme Hanh a déclaré que la situation n'était pas simple et que le tribunal n'acceptait pas la procédure simplifiée pour les établissements de crédit. Le représentant de l'Association bancaire vietnamienne a déclaré qu'au moment où le débiteur était poursuivi, l'unité ou la personne poursuivie pouvait ne plus se trouver au lieu de résidence.
« Nous n’avons pas de sanctions spécifiques pour les débiteurs en défaut de paiement, les établissements de crédit sont donc toujours confrontés à de nombreux risques », a estimé Mme Hanh.
Toujours en lien avec les questions juridiques, un autre problème qui, selon elle, complique le traitement des créances douteuses dans les banques est l'implication des organismes compétents. Mme Hanh a cité l'exemple d'un établissement de crédit qui, constatant des signes de dilapidation d'actifs par ses clients, est invité à faire appel aux autorités telles que la police, les services de quartier et les communes. Cependant, elle a elle-même admis que ces organismes n'apportent leur assistance que « dans le cadre de leurs compétences » et que les modalités restent floues.
Cette opinion a été soulignée par l'avocat Truong Thanh Duc, président du conseil d'administration du cabinet d'avocats BASICO, dans ses commentaires.
Maître Duc a déclaré sans détour : « Plus les entreprises tardent, plus elles en profitent. » Ces entreprises empruntent auprès des banques à des taux d'intérêt élevés pendant longtemps et, si elles obtiennent un jugement du tribunal, le taux d'intérêt des transactions économiques sera finalement calculé à seulement 9 % par an. Ce jugement, selon lui, est assez « léger » et incite les entreprises à retarder encore davantage le paiement de leurs dettes.
Toutefois, selon Maître Duc, le problème le plus dangereux en matière de créances douteuses est « l'obstruction juridique ». Selon la réglementation, les banques ont le droit de saisir des actifs dans certains cas, mais Maître Duc a déclaré que ce droit est difficile à exercer en raison de la « pression publique » en faveur du débiteur.
« La loi protège les plus faibles et les victimes, mais nous avons terriblement tort. Face à l'accumulation des créances douteuses, les banques sont les victimes et les parties faibles », a souligné M. Duc.
Selon les données de la Banque d'Etat, à la fin de 2014, le ratio de créances douteuses des établissements de crédit était de 3,25%, en forte baisse par rapport aux 4,17% de juin 2014. Dans un récent rapport envoyé aux délégués de l'Assemblée nationale, le gouverneur de la Banque d'Etat, Nguyen Van Binh, a déclaré que le secteur bancaire s'efforcera d'atteindre l'objectif de ramener le ratio de créances douteuses en dessous de 3% d'ici la fin de cette année.
Selon Vietnamplus