La France dispose-t-elle de suffisamment de preuves pour poursuivre l’ancien président Sarkozy ?
Le soir du 21 mars, les autorités françaises ont décidé d'ouvrir une enquête officielle sur l'ancien président Nicolas Sarkozy après deux jours d'interrogatoire sur des allégations d'avoir reçu illégalement 50 millions d'euros de financement électoral de la part du gouvernement de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Le gouvernement français du président Sarkozy a signé plusieurs accords commerciaux majeurs avec le régime de Kadhafi en 2007. Photo : EPA |
En France, une « enquête formelle » signifie que les juges ont trouvé suffisamment de preuves de la culpabilité d'un suspect pour procéder à une enquête plus approfondie et éventuellement à un procès.
Par pageFrance 24Dans le cas de l'ancien président de droite Sarkozy, les autorités françaises semblent avoir en leur possession des preuves de financement illégal de campagne en 2007, de corruption « passive » et de détournement de fonds publics libyens.
M. Sarkozy a été libéré le 21 mars après une deuxième journée d'interrogatoire par la police judiciaire spécialisée dans la corruption, le blanchiment d'argent et la fraude fiscale à Nanterre, en banlieue parisienne. Il avait été placé en garde à vue le 20 mars, puis libéré sous caution à minuit. Il est rentré à Nanterre tôt le 21 mars pour répondre aux questions concernant les allégations selon lesquelles le gouvernement de Kadhafi aurait secrètement financé sa campagne présidentielle de 2007 à hauteur de 50 millions d'euros.
Saif al-Islam, l'un des fils de l'ancien dirigeant libyen Kadhafi, a été le premier à porter ces accusations. Il a déclaré que lui-même et plusieurs autres personnes, dont Abdallah Snoussi, ancien chef des services de renseignement libyens, et Bashir Saleh Bashir, ancien directeur général de Libya Investment, étaient prêts à témoigner contre M. Sarkozy.
Les autorités françaises ont commencé à enquêter sur les allégations contre M. Sarkozy en 2013. Mais l’affaire n’a attiré l’attention du public qu’en novembre 2016, lorsque l’homme d’affaires français d’origine libanaise a annoncé qu’il avait personnellement remis trois valises remplies d’argent libyen à Claude Guéant, ancien directeur de cabinet et directeur de campagne présidentielle de M. Sarkozy, fin 2006 et début 2007.
En janvier 2018, la police britannique a arrêté l'homme d'affaires français Alexandre Djouhri à l'aéroport d'Heathrow dans le cadre d'une enquête. Un porte-parole de la police métropolitaine a confirmé que l'arrestation de Djouhri avait été effectuée en vertu d'un « mandat d'arrêt européen » pour fraude et blanchiment d'argent.
L'ancien président Sarkozy continue de nier les accusations portées contre lui.