La France avec les navires de guerre Mistral : C'est dommage de les abandonner, mais un péché de les garder.

November 29, 2014 08:38

(Baonghean) - Mardi 25 novembre, le président français François Hollande a décidé de reporter la livraison du deuxième navire de guerre Mistral à la Russie jusqu'à ce qu'une nouvelle décision soit prise. Cette décision est la conséquence directe du point de vue exprimé par le dirigeant du pays hexagonal avant le sommet de l'OTAN du 3 septembre : en Ukraine, les « conditions de livraison » sont « moins » respectées que jamais.

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Tàu sân bay trực thăng Mistral với tên gọi Vladivostok mà Pháp đóng cho Nga.  Nguồn: Reuters
Porte-hélicoptères Mistral, baptisé Vladivostok, construit par la France pour la Russie. Source : Reuters

Le contrat de vente de navires de guerre Mistral a été signé en 2011 entre l'entreprise française de construction navale DCNS et l'entreprise russe Rosoboronexport, sous l'impulsion du président français de l'époque, Nicolas Sarkozy. La livraison devait donc être effectuée d'ici la mi-novembre 2014. Cependant, la question ukrainienne a surgi, notamment suite à l'annexion de la Crimée à la Fédération de Russie en mars 2014, où 4 000 victimes des combats dans l'est du pays ont entravé le commerce d'armes entre les deux pays. Pourtant, à l'Élysée, on continuait d'affirmer qu'« aucune pression n'a été exercée sur la France ; c'est Paris qui a activement appliqué les sanctions contre Moscou ». Un responsable français, de retour de la dernière session parlementaire de l'OTAN, a déclaré lundi 24 novembre que malgré les mesures sévères prises pour sanctionner la politique russe en Ukraine, « personne ne critique la France sur le dossier des navires de guerre Mistral ». Cependant, les alliés baltes et la Pologne ne sont pas moins inquiets. De plus, le temps presse également pour la France, du point de vue du contrat. Actuellement, la décision de M. Hollande de reporter la livraison du navire repose sur une clause permettant de reporter la date d'acceptation du contrat en cas « d'événements critiques », ce qui permet à la compagnie maritime française DCNS d'être protégée dans cet achat.

Côté russe, les médias ont annoncé à deux reprises la date de livraison du Mistral : d’abord le 14 novembre, puis un report au 27 novembre. La Voix de la Russie, agence de presse pro-gouvernementale, a affirmé : « Le navire sera probablement envoyé au port russe de Cronstadt dans la nuit du 28 novembre. Il sera escorté par le navire Smolny, car le Mistral, baptisé Vladivostock, ne porte ni numéro ni marque d’identification. » Il s’agit peut-être d’une tactique visant à accroître la pression, ou à répondre à celle de l’autre partie. Pour la Russie, si la livraison du Mistral dépendait uniquement de la France, ces deux navires, très appréciés de la marine russe, auraient été livrés à temps. De fait, les dirigeants français ont également dû admettre ces derniers jours qu’aucune solution n’avait été trouvée à ce problème. L’annulation définitive de cette commande entraînerait des sanctions politiques contre la Russie et l’économie française. Le problème pour le pays hexagonal réside dans la situation très défavorable de son budget de défense. Dans ce contexte, toute perte de recettes d’exportation viendrait bouleverser l’équilibre délicat que les experts et le ministère de la Défense s’efforcent de maintenir.

L'accord sur les navires de guerre avec la Russie pourrait bien déclencher une réaction en chaîne qui perturberait les relations avec d'autres partenaires commerciaux d'armes dans le monde. Un responsable gouvernemental a affirmé que la confiance des partenaires stratégiques achetant des avions de combat Rafale en Inde ou au Qatar pour la France restait très bonne : « Nos partenaires font clairement la distinction entre la question des Mistral et les autres. La parole de la France a toujours du poids en matière de commerce d'armes. » Cela étant dit, la France doit rester prudente, comme en témoigne la décision, prise dimanche 23 novembre, du ministre français des Armées, Jean-Yves Le Drian, de se rendre à Varsovie, en Pologne, mardi 2 décembre. Paris attache une grande importance à ses relations avec la Pologne afin de consolider sa position sur le marché des hélicoptères de combat. M. Le Drian a promis de mettre en œuvre de nouvelles mesures pour « renforcer les relations » avec la Pologne, notamment l'envoi d'une unité blindée pour participer à des exercices en Pologne.

Le contrat franco-russe pour la vente de navires de guerre Mistral n'a pas encore été officiellement rompu. Cependant, s'il est trop retardé (échéance incertaine), des problèmes juridiques sont très probables. Depuis plusieurs mois, la partie russe multiplie les déclarations à ce sujet, tantôt menaçantes, tantôt conciliantes. Certains observateurs estiment que le report de cet achat pourrait être bénéfique pour la Russie, sans quoi le pays du bouleau n'aurait pas ménagé ses efforts pour prolonger ce jeu de tir sous pression. Mardi 25 décembre, le vice-ministre russe de la Défense, Iouri Borissov, a déclaré : « Nous continuerons d'attendre patiemment. Pour l'instant, nous n'avons aucune intention d'action concrète », a rapporté l'agence de presse Ria-Novosti. Un argument quelque peu contradictoire avec les avertissements de dernière minute de la Russie à la table des négociations internationales. Juste avant la rencontre entre les présidents russe et français en marge du sommet du G20 à Brisbane, en Australie, un haut responsable russe anonyme a déclaré que la France avait deux semaines pour mettre en œuvre les termes du contrat. En cas de dépassement de ce délai, la Russie poursuivrait la France devant le tribunal économique et financier. Outre l'application de la sanction prévue par le contrat, le directeur adjoint du Comité de défense et de sécurité du Conseil de la Fédération de Russie, Evgueni Serebrennikov, a déclaré que Moscou pouvait cesser complètement d'acheter des équipements militaires à tous les pays de l'OTAN.

L'accord risque de s'éterniser pendant des années. Le deuxième navire de guerre Mistral, baptisé Sébastopol, vient d'être lancé. Selon le contrat, le Sébastopol sera livré en 2016. Il est considéré comme le « contrat le plus contraignant pour la France dans l'histoire des contrats de vente d'armes ». Selon une source au ministère français des Armées, le retard actuel est une exception due à des « facteurs externes », le reste du contrat étant extrêmement détaillé et précis en termes de délais. Si ces conditions ne sont pas respectées, la France sera sanctionnée, et plus particulièrement les trois entreprises concernées : Saint-Nazaire Marine Works, DCNS Marine Construction Company et DCI-NAVFCO Technical Advisory Satellite Company. DCI-NAVFCO a réalisé à elle seule un contrat de formation technique pour la marine russe et percevra 30 millions d'euros. DCNS sera confrontée au risque de perte le plus élevé. Ce contrat de 1,2 milliard d'euros est assuré par Coface, une compagnie d'assurance spécialisée dans les exportations pour le budget de l'État. En cas de rupture de contrat, DCNS devra payer une amende de 20 % du montant total du contrat, soit 240 millions d'euros. Ce montant dépasse le chiffre d'affaires total du groupe en 2013 (166 millions d'euros). Sans compter que le chiffre d'affaires de DCNS a également diminué au premier trimestre 2014. De plus, en cas de recours en justice, ce montant pourrait largement dépasser le milliard d'euros. Dans l'immédiat, il n'est pas nécessaire de se projeter dans l'avenir : il est nécessaire de financer l'entretien du navire de guerre Vladivostok. La situation financière de DCNS est au plus haut, ce qui incite les dirigeants du groupe à discuter avec le gouvernement français d'une solution pour régler l'amende en cas d'échec du contrat avec la Russie.

Le ministère français de la Défense étudie encore des solutions alternatives. Selon de nombreux observateurs, le navire ne peut être cédé à personne d'autre que la Russie, par exemple le Canada, l'OTAN ou l'UE, selon certaines suggestions. La poupe de la coque est fabriquée en Russie. L'intérieur du navire, jusqu'aux prises et aux systèmes électriques, devra être entièrement remplacé conformément aux normes de l'OTAN, soulignent les experts. La solution la moins envisageable serait que la Marine nationale reçoive elle-même les Mistral. Pour les raisons suivantes : la Marine nationale est déjà équipée de trois navires de combat, ce qui n'est donc pas nécessaire. De plus, compte tenu des contraintes financières, l'acquisition de nouveaux navires de combat implique une réduction des quotas d'équipement, alors que la Marine nationale a besoin d'autres équipements importants, par exemple des navires de guerre de deuxième classe. Que doit donc faire la France alors que l'Union européenne vient de décider d'étendre les sanctions contre 13 personnes et 5 « entités » – principalement des groupes politiques – le jeudi 27 novembre. Parmi elles, de nombreuses personnalités proches des dirigeants russes, accusées par l'UE de « participation à des actions portant atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine », notamment le scrutin du 2 novembre. Cet événement ne fera que geler davantage les relations russo-européennes et renforcer encore l'obstacle de la mission Mistral. « L'abandonner est regrettable, mais la conserver est un péché », la France semble confrontée à un problème sans solution…

Thuc Anh -Selon Le Monde

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