Le procès fictif, un canal de propagande juridique visuel percutant à Nghệ An
Au lieu de théories arides ou de textes de loi indigestes, des « procès simulés » organisés par les autorités de Nghệ An dans de nombreuses écoles et localités contribuent à diffuser efficacement la loi…
Lorsque le marteau a retenti à l'extérieur de la salle d'audience
Le matin du 20 septembre, la salle du Comité populaire de la commune de Hai Loc (Nghe An) était bondée. Plus de 700 membres de syndicats, jeunes et citoyens ont suivi attentivement un rassemblement.procès simulé« Procès pour organisation de trafic de stupéfiants ». Bien qu'il ne s'agisse que d'une simulation, tout est recréé avec un réalisme saisissant : le déroulement du procès par le jury, les plaidoiries du procureur et des avocats de la défense, jusqu'au prononcé de la sentence.
Le scénario s'inspirait d'un fait réel : un élève de terminale, par ignorance, avait sombré dans la drogue. À l'annonce de sa peine de sept à huit ans de prison, de nombreux élèves restèrent silencieux. Beaucoup se tournèrent vers l'« accusé », hantés par cette pensée : une seule minute d'erreur et son avenir pouvait basculer derrière les barreaux.

NKV, élève du lycée Nguyen Duy Trinh, a partagé :« Quand j’ai entendu le verdict, j’ai frémi. Si j’avais été à sa place, je n’aurais pas osé regarder qui que ce soit. J’ai compris qu’un seul moment d’impulsivité, une affirmation de ma maturité, pouvait me coûter ma jeunesse. »
Un procureur impliqué dans la mise en scène a déclaré :« Même s’il ne s’agissait que d’un procès fictif, devant des centaines d’étudiants, nous avons clairement ressenti la responsabilité des forces de l’ordre. Chaque mot, chaque phrase hypothétique peut être porteuse d’une véritable leçon. »
Ne se limitant pas à la simple présentation du procès, les organisateurs ont également inclus une séance de questions-réponses juridiques et des jeux interactifs avec des prix à gagner. Cette approche intuitive et dynamique permet aux spectateurs d'acquérir des connaissances et de mieux mémoriser les dispositions, parfois arides, du Code pénal.

M. Nguyen Dinh Thi, président du Comité populaire de la commune de Hai Loc, a déclaré que cette initiative offrait une excellente occasion de promouvoir la loi, non seulement auprès des jeunes, mais aussi pour aider les procureurs et les policiers à perfectionner leurs compétences professionnelles et à améliorer leur comportement envers la population. « Chaque procès est une leçon, tant pour le public que pour l'organisateur », a-t-il souligné.
Le 9 mai 2024, au lycée Ky Son, une autre « simulation de procès » a choqué des centaines d'élèves. L'histoire, inspirée d'une affaire de coups et blessures volontaires suite à un conflit amoureux entre adolescents, a été reconstituée. Sur la base d'un simple défi, deux élèves ont agressé un camarade à l'aide de couteaux et de bâtons, le blessant grièvement. À l'annonce du « sentencing », de nombreux élèves ont compris qu'un moment de colère peut entraîner des regrets chez les jeunes.
Ces récits transmettent le message sur la sévérité de la loi et les conséquences des infractions plus profondément que n'importe quel discours.
Les effets éducatifs se propagent de la cour d'école à la communauté.
Ce type de propagande ne se limite pas aux élèves ; de nombreuses personnes s’y intéressent également. Au lycée Quynh Luu 1, une séance de questions-réponses sur la prévention de la toxicomanie a attiré un grand nombre d’élèves. Ils ont été formés à la réflexion et à l’esprit critique, et ont appris à identifier et à éviter les situations dangereuses. Après y avoir assisté, plusieurs élèves ont témoigné : « Après avoir vu cette séance, nous avons clairement perçu la frontière entre le bien et le mal et compris que la loi n’est pas une notion abstraite. »

L’effet de propagande des « procès simulés » réside dans la manière dont les connaissances sont « adoucies ». Au lieu de devoir mémoriser chaque article de loi, les élèves retiennent les détails de l’affaire, les sentiments de l’accusé, la sentence – et, de là, développent naturellement un sentiment de respect de la loi.
Les spécialistes de l'enseignement juridique estiment que la mise en pratique du droit à travers des situations réelles permet aux élèves d'assimiler les connaissances par le biais des émotions, et pas seulement par la raison. Lorsqu'ils sont témoins des conséquences d'une faute et qu'ils entendent les excuses de l'accusé, la leçon de droit devient bien plus vivante et marquante qu'en classe. C'est ce qui fait du procès simulé le modèle de propagande le plus efficace aujourd'hui.
En effet, ces derniers temps, la police provinciale de Nghệ An a collaboré avec le parquet, les tribunaux et le ministère de l'Éducation et de la Formation pour maintenir régulièrement cette activité dans les localités. Le scénario de chaque procès est basé sur des cas réels et adapté à la psychologie des élèves, ce qui facilite leur adhésion. Les rôles – juge, procureur, secrétaire, accusé, témoin – sont tous tenus par des magistrats, garantissant ainsi authenticité et sérieux.
Des plaines aux montagnes, des villes aux zones rurales, ce modèle se répand fortement. Partout où il y a des élèves, on organise des « procès fictifs ». De nombreux endroits en organisent également régulièrement, en lien avec des initiatives telles que « Construire des écoles sûres », « Prévenir la criminalité liée à la drogue » et « Prévenir la violence scolaire ». Ainsi, la sensibilisation juridique au sein de la communauté s'en trouve considérablement renforcée, contribuant au maintien de l'ordre et de la sécurité publics.
Le système judiciaire considère également cela comme une excellente occasion de formation. En jouant un rôle, les procureurs ou les juges doivent mener des audiences, débattre et persuader devant un public – des compétences difficiles à acquérir dans un véritable tribunal. Un procureur a confié : « En jouant la comédie et en nous adressant aux étudiants, nous apprenons aussi à communiquer de manière plus compréhensible, accessible et convaincante. »
Les « procès simulés » ne sont plus de simples activités de propagande, mais sont devenus un modèle stratégique d'enseignement juridique. Grâce à eux, les étudiants comprennent non seulement le droit, mais aussi les sentiments réels des contrevenants, apprenant ainsi à se protéger et à vivre de manière responsable.
Face à la montée de la délinquance juvénile, maintenir et développer les simulations de procès représente un investissement pour l'avenir. Lorsque les élèves comprennent et respectent la loi, et savent maîtriser leur comportement, c'est là le plus grand succès de l'enseignement juridique – et aussi le fondement d'une société disciplinée et civilisée.
À l'ère des réseaux sociaux, où l'information se propage rapidement et parfois de manière erronée, ce format fait office de « vaccin » qui aide les jeunes à développer une conscience juste et à éviter de sombrer dans les fléaux sociaux. Chaque coup de marteau dans la cour de récréation nous rappelle non seulement une phrase hypothétique, mais aussi une valeur fondamentale : la loi existe, elle protège les citoyens et elle doit être respectée au quotidien.
De 2022 à aujourd'hui, la police provinciale de Nghệ An a coordonné l'organisation de plus de 180 procès fictifs dans des écoles, des administrations et des localités de toute la province. Plus de 120 000 élèves, jeunes et citoyens y ont participé. Les thèmes les plus populaires étaient la prévention contre la drogue, la violence scolaire, la sécurité routière, la maltraitance infantile et la cybercriminalité. Ce modèle est considéré par le ministère de la Sécurité publique comme l'une des initiatives les plus efficaces en matière de sensibilisation, de diffusion et d'éducation juridique par la pratique.


