Entretien avec un « médium »

July 24, 2014 17:34

(Baognhean) - Bonjour professeur !

- Non, monsieur. Désolé, je ne peux vous voir que dix minutes. Il y a près d'une centaine de personnes qui attendent !

- Je comprends. Première question : Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?

- Pas encore. J'étais ingénieur agronome. Maintenant que je suis à la retraite, je dois gagner plus d'argent pour arrondir mes fins de mois et continuer à servir les gens ! Je suis trop faible pour rester dans l'équipe ou patauger dans les champs, il ne me reste que peu de matière grise.

- Mais pourquoi avez-vous choisi les services spirituels ?

- Ce service relève de l'économie du savoir, spécialisée dans le monde souterrain. Aucune formation n'est requise. Je suis un agriculteur qui connaît bien la terre, et la terre, comme le savent les journalistes, n'est pas seulement un lieu de plantation et de culture, mais aussi un lieu où résident les âmes. Il y a un besoin urgent de retrouver les tombes des proches ; le district ne compte que quelques médiums de niveau élémentaire. Si je ne me lance pas dans la pratique, qui le fera ?!

- Les revenus sont-ils bons ?

- Moyen. Principalement dans le service d'accompagnement. Accueillir, préparer la nourriture et l'hébergement de centaines de personnes venues de partout n'est pas une tâche facile. Des familles de cinq ou sept personnes restent des mois pour pouvoir accomplir le rituel. J'ai mobilisé tous mes enfants, petits-enfants, beaux-parents et proches pour servir, mais je n'ai pas pu m'en sortir. Certains citadins viennent aussi ici pour faire des affaires, car une bonne terre attire les oiseaux.

- En tant que médium avisé, combien de personnes avez-vous aidé à trouver des tombes ?

- C'est un numéro top secret, comprenez-moi bien, je ne peux pas le révéler. Mais si vous regardez la foule qui vient ici comme si elle assistait à un match de foot, vous comprendrez à quel point j'ai confiance en moi.

J'ai entendu parler de nombreux cas où des proches sont morts à un endroit, mais que vous les avez guidés vers un autre endroit, à des milliers de kilomètres. Pourquoi ?

Les journalistes ne comprennent rien au milieu criminel. Là-bas, les soldats doivent aussi se déplacer pour faire des affaires, aller et venir, ils ne restent pas au même endroit. Sans compter le problème du défrichement des terrains pour les routes et les terrains de golf, qui est un vrai désastre.

- Beaucoup de gens ne savent que ramasser la quantité de terre nécessaire pour un an et la ramener chez eux.

Mais c'est une terre sacrée, une terre qui a transformé l'âme, comme l'a dit un poète. Ramener cette terre au culte est aussi quelque peu réconfortant.

- Dix minutes. Au revoir, professeur !

Attendez ! Il est rare qu'un journaliste vienne découvrir la vérité dans cette campagne reculée. Nous l'invitons à l'hôtel pour un repas convivial et, au fait, nous aimerions lui demander de réserver une page entière de publicité dans le prochain numéro. C'est la saison des affaires !

Quynh Tho

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