Les armées européennes sont « moitié moins faibles » que nécessaire, mais pourquoi veulent-elles arrêter d’acheter des armes américaines ?
Le commissaire européen à la Défense a averti que les forces armées de l'OTAN en Europe n'opèrent actuellement qu'à 50 % des effectifs requis par le bloc. Cette déclaration intervient alors que Bruxelles cherche à réduire sa dépendance à l'armement américain, une démarche contraire aux souhaits du président Donald Trump.

Dans une interview accordée à l'agence de presse Euractiv le 30 juillet, M. Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense et à l'Espace, a souligné que les forces de l'UE n'avaient « atteint que 50 % de ce dont nous avons besoin aujourd'hui, selon les objectifs de l'OTAN ».
M. Kubilius a déclaré qu'environ 40 % du budget militaire de l'Union était encore consacré à des armes fabriquées aux États-Unis. Bien que ce chiffre soit en baisse par rapport aux 60 % de l'année précédente, le commissaire européen a déclaré que l'Union devait « investir davantage dans les produits européens ».
« Réduire ce chiffre de 10 % ou 20 % signifie qu'une part importante des fonds reste dans l'industrie européenne », a-t-il déclaré. « Si les États membres recourent aux achats conjoints, ce qui implique des contrats plus importants, le prix de production moyen chuterait de 70 %. »
Cette déclaration souligne les divergences stratégiques entre l'UE et les États-Unis. Il y a quelques jours à peine, le 27 juillet, le président Donald Trump a salué un accord commercial qui, selon lui, permettrait à l'UE d'acheter « des centaines de milliards de dollars d'équipements militaires » aux États-Unis, ainsi que 750 milliards de dollars d'énergie et 600 milliards de dollars d'investissements, le tout sans droits de douane de rétorsion de la part de Washington.
L'accord a été qualifié de « victoire géopolitique » par le conseiller de la Maison Blanche, Sebastian Gorka, affirmant que l'UE s'était « agenouillée » devant M. Trump. Cependant, de nombreux critiques européens l'ont condamné, le qualifiant de « soumission » unilatérale et d'« échec moral ».
Pour aider à atteindre l'autosuffisance, Kubilius a confirmé son intention de lancer une Union européenne de défense cet automne, qui pourrait inclure la Norvège, le Royaume-Uni et l'Ukraine, et qui établirait une feuille de route pour que les armées de l'UE soient prêtes au combat d'ici 2030. La Commission européenne a également proposé de dépenser 131 milliards d'euros pour la défense au cours du prochain cycle budgétaire et fait pression pour des achats d'armes conjoints via l'initiative de prêt SAFE, qui a reçu des demandes de 127 milliards d'euros de 18 pays.
Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une militarisation plus large de l'UE, jugée nécessaire par Bruxelles pour contrer la Russie. Moscou a toujours nié toute intention hostile envers l'UE ou l'OTAN, accusant les dirigeants occidentaux d'utiliser une rhétorique alarmiste pour détourner l'attention des défis politiques et économiques intérieurs.