Les relations entre les États-Unis et le Canada vont-elles « se réchauffer » sous Joe Biden ?
(Baonghean.vn) - Selon la tradition diplomatique, le Canada est toujours le premier pays visité par un nouveau président américain. Malgré les relations tendues entre les deux parties en raison de la décision du président Joe Biden de révoquer le permis de construire de l'oléoduc Keystone XL, soutenu par le Canada, cette première rencontre bilatérale devrait néanmoins avoir lieu en ligne. Cette rencontre permettra-t-elle de « réchauffer » les relations entre les deux pays voisins et alliés, les États-Unis et le Canada, sous la nouvelle administration américaine ?
Bon début
En repensant à l’élection présidentielle américaine de novembre dernier, le Premier ministre canadien Justine Trudeau a été le premier dirigeant mondial à adresser ses félicitations.La victoire de BidenJusqu'en janvier dernier, le dirigeant canadien était probablement aussi très fier de recevoir le premier appel du nouveau président américain Joe Biden. Dans sa dernière annonce, la Maison-Blanche a indiqué que les deux dirigeants tiendraient leur première rencontre bilatérale demain, mardi 23 février. Toutefois, la réunion se tiendra en ligne afin d'éviter les risques liés à l'épidémie de Covid-19. Les États-Unis espèrent que cette rencontre aura non seulement une portée diplomatique, mais aussi qu'elle visera à renforcer la coopération sur des intérêts communs. La porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a souligné que ce sera « l'occasion pour les deux dirigeants d'examiner les efforts conjoints dans des domaines d'intérêt mutuel, tels que la réponse à la Covid-19, le changement climatique et les relations économiques solides… ».
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Joe Biden, alors vice-président des États-Unis, serre la main de la Première ministre canadienne Justine Trudeau en 2016. Photo : Reuters |
Il n’est donc pas difficile de comprendre quandPremier ministre TrudeauÀ cette occasion, il a salué la relation canado-américaine, la qualifiant d'« une des plus fortes et des plus profondes amitiés », et affirmant que « cette relation repose sur des valeurs communes… ». Il convient également de rappeler que la tempête qui a ravagé les relations canado-américaines sous l'ancien président Donald Trump a éclaté lors du sommet du G7 qui s'est tenu au Canada en 2018. Malgré l'opposition de ses alliés, M. Trump a décidé d'imposer des droits de douane sur l'acier et l'aluminium canadiens pour des raisons de sécurité nationale et a qualifié le Premier ministre Trudeau de « malhonnête et faible ». Fort d'une langue commune, d'une histoire commune, d'une géographie aux multiples similitudes, de la plus longue frontière internationale au monde, d'un chiffre d'affaires annuel moyen de 700 milliards de dollars et, surtout, d'une nouvelle administration, le Premier ministre Trudeau espère écrire un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays, mettant fin à l'atmosphère quelque peu morose sous M. Trump.
Problème de Keystone XL
Juste avant l'appel de félicitations adressé à M. Biden, le premier ministre Trudeau et les Canadiens comprenaient mieux que quiconque qu'un voisin du Sud, géant et riche, ne peut pas toujours entretenir de bonnes relations. Dans sa dernière déclaration du week-end dernier, M. Trudeau lui-même a admis que « la connexion et la coopération avec l'allié des États-Unis ne sont pas toujours parfaites, quel que soit le président ». Cette déclaration viserait à rassurer quelque peu les Canadiens quant à la récente décision de M. Biden concernant le projet Keystone XL. Rappelons que dès son entrée en fonction, le président américain Biden a révoqué le permis de l'oléoduc Keystone XL, qui devrait transporter environ 830 000 barils de pétrole brut par jour de l'Alberta (Canada) au Nebraska (États-Unis), dans le cadre de son engagement à limiter l'impact des changements climatiques. En réalité, ce projet faisait face à une opposition depuis l'administration de l'ancien président Barack Obama, alors que M. Biden était vice-président. Ce n'est que sous Donald Trump que le projet a été relancé.
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Le président américain Joe Biden a provoqué la colère des Canadiens en révoquant le permis de construction de l'oléoduc Keystone XL, soutenu par le Canada, dès son premier jour de mandat. Photo : AP/CBC |
Bien que Trudeau envisage de discuter de l'impact de cette décision sur l'emploi au Canada avec le président américain, la question a immédiatement suscité des critiques de la part de la population canadienne, notamment de la part des élus locaux, fortement tributaires de la production pétrolière. Le premier ministre de l'Alberta, Jason Kenney, a récemment exprimé sa colère et qualifié cette décision de « désastre ».manquer de respect à ses amis et alliésL'administration américaine a même appelé le premier ministre Trudeau à imposer des sanctions économiques et commerciales contre Washington si les efforts diplomatiques pour relancer le projet Keystone XL échouent. Ces développements constituent un défi politique pour le premier ministre Trudeau, qui tente de concilier politiques climatiques et production et exportations de pétrole.
Conflit d'intérêts
Une autre politique du président américain Joe Biden suscite également de la frustration au Canada, bien que les Canadiens aient traditionnellement été plus à l'aise avec les présidents démocrates américains et leurs politiques plus libérales. Avant de pouvoir célébrer la fin de la politique « America First » de l'ancien président Donald Trump, les Canadiens ont été profondément déçus par l'annonce de l'administration Biden de la politique « Buy American » visant à garantir l'avenir des travailleurs américains. De toute évidence, cette décision menace les entreprises canadiennes, fortement impliquées dans les chaînes d'approvisionnement transfrontalières reliant les économies des deux côtés. L'arrestation de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, en 2018, à la demande des États-Unis, n'a pas suscité beaucoup de sympathie de la part de l'opinion publique canadienne. Cette arrestation a suscité la colère de la Chine et, par la même occasion, a suscité la colère de l'opinion publique canadienne.Deux citoyens canadiens ont été arrêtés.
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Les relations canado-américaines s'amélioreront-elles sous la présidence de Joe Biden ? Photo : Presses Canada |
Face à une vague de protestations nationales concernant une série de problèmes dans ses relations avec les États-Unis, le premier ministre Trudeau a probablement du mal à apaiser l'opinion publique et à réagir avec modération afin de maintenir un climat de coopération avec la nouvelle administration américaine. Plus récemment, certaines sources ont indiqué que les deux dirigeants auraient convenu de négocier et de discuter plus avant de la politique « Buy American » afin que les intérêts des entreprises canadiennes soient pris en compte et ne soient pas excessivement affectés. Les États-Unis pourraient également être disposés à partager leurs sources de vaccins contre la Covid-19, compte tenu de l'accès limité du Canada à ces vaccins.
Autre geste notable, M. Trudeau a déclaré qu'il ne serait pas tendu avec M. Biden, soulignant simplement que les Canadiens et la nouvelle administration américaine partageaient « plus d'harmonie sur de nombreuses valeurs que lors de la période précédente ». Il est également compréhensible que le premier ministre Trudeau attende une attitude plus ouverte de la part de l'administration Biden, accompagnée d'accords plus constructifs pour minimiser les dégâts. Cependant, la satisfaction de la population canadienne face à cette « concession » constituera-t-elle un défi de taille pour le premier ministre Trudeau ? Plus important encore, bien que l'administration Joe Biden souhaite clairement définir les limites et les différences de politique étrangère par rapport à son prédécesseur, son degré d'accompagnement et de coopération avec ses alliés dépend probablement encore des intérêts des États-Unis ! Ainsi, la première rencontre bilatérale entre les deux dirigeants américano-canadiens n'est peut-être qu'une étape de sondage pour les deux parties !