Où iront les relations Russie-Iran ?
(Baonghean.vn) - Les observateurs estiment que les relations russo-iraniennes entreront dans une nouvelle phase de coopération étroite après la conclusion d'un accord sur le nucléaire iranien le mois dernier. Cela est certainement possible, car la Russie et l'Iran montrent qu'ils sont prêts à s'unir pour entrer dans une nouvelle phase de coopération lorsque l'Iran sera libéré des embargos et des sanctions.
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Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à droite) rencontre son homologue iranien Mohammad Javad Zarif à Moscou, le 17 août 2015. |
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, est en visite en Russie pour discuter avec les responsables du pays hôte du nouvel accord nucléaire conclu avec le groupe P5+1 et du conflit en Syrie. Cette visite s'inscrit dans le cadre du dialogue russo-iranien récemment renforcé, témoignant du haut niveau de compréhension entre les deux pays. Comparée aux visites successives qu'il vient d'effectuer dans les pays du Moyen-Orient et d'Asie du Sud, sa visite en Russie revêt un intérêt particulier, car les relations russo-iraniennes sont toujours riches en échanges, non seulement au niveau bilatéral, mais aussi sur de nombreux dossiers internationaux importants.
La question de l'évolution des relations russo-iraniennes après l'accord nucléaire historique conclu le mois dernier intéresse les médias et les universitaires. Depuis longtemps, les relations russo-iraniennes ont toujours été décrites comme étroites et privilégiées. Alors, comment un accord global sur le programme nucléaire iranien à Vienne (Autriche) ouvrira-t-il la voie au développement de ces relations ? En réponse à ces questions, les ministres des Affaires étrangères iranien et russe ont tous deux affirmé que les relations bilatérales atteindraient un nouveau palier. Cela est certainement possible, car la Russie et l'Iran montrent qu'ils sont prêts à s'unir pour entrer dans une nouvelle phase de coopération lorsque l'Iran sera libéré des embargos et des sanctions.
Pour l'Iran, la Russie est non seulement un partenaire traditionnel, mais aussi un facteur important dans la réalisation d'une avancée décisive vers la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien. Ce sont les initiatives extrêmement efficaces présentées par la délégation russe qui ont permis de débloquer des négociations ardues qui durent depuis des décennies. Selon l'accord, 96 % de l'uranium enrichi du pays sera en partie vendu, et une partie sera appauvrie et convertie en combustible nucléaire pour alimenter les centrales nucléaires russes. En contrepartie, l'Occident assouplira les sanctions contre l'Iran.
La première coopération entre les deux pays portera sur le domaine économique. Pour l'Iran, la relance de son économie après des décennies de sanctions est une priorité absolue. Pour y parvenir, il est crucial d'attirer les investisseurs étrangers. Parallèlement, la Russie est considérée comme un acteur majeur dans la course internationale au marché potentiel iranien une fois les sanctions levées. Moscou s'intéresse actuellement particulièrement au secteur nucléaire iranien. Lors du récent dialogue, le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, a déclaré qu'un contrat entre Moscou et Téhéran portant sur la construction de huit réacteurs nucléaires renforcerait le secteur énergétique iranien.
Les deux parties continueront également de renforcer leurs liens commerciaux déjà diversifiés, malgré les sanctions économiques occidentales. L'année dernière, les deux pays ont négocié un accord de plusieurs milliards de dollars pour échanger du pétrole iranien contre de l'électricité russe. Cet accord, qui constitue l'essentiel d'un accord bilatéral de 12 milliards de dollars, prévoit que la Russie exporte 500 mégawattheures d'électricité vers l'Iran en échange de 500 000 barils de pétrole par jour. L'Iran achètera également de l'acier, de la farine et des machines à la Russie et au Kazakhstan et à la Biélorussie, pays de l'Union économique eurasiatique. En contrepartie, la Russie achètera à l'Iran des produits alimentaires tels que du lait, de la viande et du poisson.
Outre les aspects économiques, les deux parties prévoient également une coopération plus étroite en matière de défense. Le renouvellement de l'accord russe portant sur la vente de systèmes de missiles sol-air S-300 à l'Iran en est un exemple typique. En 2007, la Russie et l'Iran ont signé cet accord pour un montant de 800 millions de dollars. Cependant, en 2010, la Russie a unilatéralement annulé le contrat en raison des sanctions de l'ONU contre l'Iran concernant son programme nucléaire. L'Iran a intenté une action en justice devant la Cour internationale d'arbitrage, exigeant 4 milliards de dollars de compensation. Depuis lors, les relations russo-iraniennes se sont tendues, mais en avril dernier, le président russe Poutine a levé l'interdiction de fournir à l'Iran ce système de défense antimissile moderne.
Selon l'accord nucléaire récemment conclu, l'embargo sur les armes contre l'Iran sera maintenu pendant cinq ans et celui sur la fabrication de missiles à longue portée pendant huit ans. Par conséquent, le missile russe S-300 est une arme dont l'Iran a cruellement besoin, alors que ce pays regagne progressivement sa position dans la région. Quant à la Russie, la vente de S-300 lui permet également de dégager un budget important.
De plus, la Russie et l'Iran perçoivent clairement les avantages stratégiques d'une coopération étroite. L'Iran peut compter sur la Russie pour adhérer aux organisations internationales, tandis que la Russie peut également exploiter la position de l'Iran pour accroître son influence au Moyen-Orient. En témoigne la récente participation du président iranien Hassan Rohani aux sommets des BRICS et de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Oufa, en Russie. Une série de rencontres entre M. Rohani et des responsables russes et chinois ont mis en lumière les priorités de la politique étrangère iranienne. Jusqu'à présent, l'Iran n'a pas pu adhérer à l'OCS en raison des sanctions de l'ONU, mais l'accord nucléaire récemment conclu pourrait ouvrir la voie à une nouvelle coopération pour l'Iran. Les analystes estiment que l'Iran deviendra prochainement membre de ces organisations.
Sans oublier qu'une voix commune entre la Russie et l'Iran, alliés actuels du gouvernement syrien, pourrait permettre de trouver une solution à cette crise, pourtant confrontée à de nombreuses impasses. Ce point a également été abordé lors de la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères iranien et russe, au cours de laquelle les deux parties ont réaffirmé leur opposition à la condition préalable de la destitution du président syrien Bachar al-Assad dans le cadre d'un accord de paix. La position de la Russie et de l'Iran sur cette question est inchangée : le sort du président al-Assad doit être décidé par le peuple syrien. Selon les analystes, si l'Iran souhaite démontrer son rôle de médiateur dans la crise syrienne, il aura besoin du soutien de Moscou.
Il est donc clair que la Russie et l’Iran trouvent de nouvelles opportunités de coopération qui correspondent à leurs intérêts bilatéraux et peuvent créer de nouvelles situations internationales.
Thanh Huyen
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