Relations Chine-Japon : le vent a-t-il changé de direction ?
(Baonghean) - L'atmosphère amicale en Asie du Nord-Est a été insufflée par la Chine et le Japon, qui cherchent à améliorer leurs relations bilatérales après une période de gel due à des conflits territoriaux. Le vent a-t-il changé de direction dans les relations sino-japonaises ?
Étape de démarrage
Les relations de voisinage entre la Chine et le Japon montrent des signes d'amélioration, l'Asie du Nord-Est étant le théâtre d'une dynamique diplomatique positive. On observe notamment un tournant dans les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, l'accent étant mis sur le sommet intercoréen prévu plus tard ce mois-ci.
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Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi (à gauche) rencontre le ministre japonais des Affaires étrangères Taro Kono à Tokyo, le 15 avril 2018. Photo : Reuters |
Les relations entre la Corée du Nord et les pays de la région comme la Chine et le Japon se sont également améliorées. On peut dire que c'est la première fois depuis de nombreuses années que l'Asie du Nord-Est connaît un climat politique aussi amical.
C'est pourquoi les signes de réchauffement dans les relations sino-japonaises, avec la visite du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi à la mi-avril, font l'objet d'une attention particulière.
Il s'agit d'une initiative diplomatique rare de la part d'un haut responsable chinois au cours des huit dernières années, depuis que les relations sino-japonaises se sont dégradées en raison du conflit territorial concernant les îles Diaoyu/Senkaku en mer de Chine orientale. Le conflit s'est intensifié après la prise de contrôle des îles par le gouvernement japonais en septembre 2012.
Compte tenu du contexte politique des deux pays et de la région, on peut constater que la visite du ministre chinois des Affaires étrangères au Japon a trois objectifs.
Premièrement, cette visite ouvrira la voie à la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang au Japon pour participer au sommet trilatéral Japon-Corée-Chine prévu le mois prochain. Cette rencontre sera probablement suivie d'un sommet entre le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président chinois Xi Jinping.
Deuxièmement, le ministre chinois des Affaires étrangères est venu à Tokyo cette fois-ci pour « appuyer sur le bouton » afin de relancer le dialogue économique bilatéral qui est au point mort depuis huit ans en raison de tensions liées à des conflits territoriaux.
Troisièmement, les deux parties échangeront également leurs points de vue sur la situation dans la péninsule coréenne, la question de la dénucléarisation étant susceptible d'être évoquée lors des prochains sommets entre la Corée du Nord, les États-Unis et la Corée du Sud. Il n'est pas exclu que les négociations à six sur le programme nucléaire nord-coréen (avec la participation de la Chine et du Japon) reprennent prochainement.
Construire une relation de confiance
Il est clair que les relations sino-japonaises ont connu une évolution marquée ces derniers mois, passant d'une tension prolongée à une atmosphère chaleureuse. Début décembre 2017, les deux pays sont parvenus à un accord global sur la mise en place d'un mécanisme de communication visant à prévenir les collisions accidentelles en mer ou dans les airs dans la zone contestée de la mer de Chine orientale.
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Asie du Nord-Est. Photo : Internet |
Les relations entre les deux pays se sont également réchauffées suite à la rencontre en janvier entre le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Kono, et son homologue chinois, Wang Yi, à Pékin, au cours de laquelle les deux parties ont convenu de reprendre les visites entre leurs dirigeants. Les deux pays espèrent que 2018 apportera une amélioration globale de leurs relations. Les raisons de ces changements sont multiples.
Bien que le Japon soit en désaccord avec la Chine au sujet des îles Senkaku/Diaoyu, il ne peut s'empêcher de coopérer avec elles sur le plan économique et sur la question nord-coréenne. Ces deux sujets constituent deux préoccupations majeures des politiques intérieure et extérieure de Pékin et de Tokyo.
Sur le plan économique, la Chine et le Japon ont tous deux exprimé leurs inquiétudes quant à la politique commerciale du président américain Donald Trump. Depuis son élection, Trump a critiqué à plusieurs reprises ces politiques, les qualifiant d'injustes et de préjudiciables aux États-Unis.
Il a récemment menacé d'imposer des droits de douane sur les exportations chinoises et a également exprimé son mécontentement envers le Japon, qui « cause des difficultés commerciales aux États-Unis depuis de nombreuses années ». Par conséquent, bien qu'il n'ait pas mentionné spécifiquement les politiques protectionnistes du président Donald Trump, ce dialogue économique de haut niveau entre la Chine et le Japon est perçu comme une opportunité pour les deux parties de réaffirmer la tendance au libre-échange, tout en renforçant la coopération bilatérale et en évitant une dépendance totale au marché américain.
On constate que ces dernières années, la Chine a supplanté les États-Unis pour devenir le principal partenaire commercial de la plupart des pays d'Asie, y compris de pays ayant des alliances militaires avec les États-Unis, comme la Corée du Sud, le Japon et l'Australie. Il est donc aisé de comprendre pourquoi le Japon choisit une voie équilibrée dans ses relations économiques avec les États-Unis et la Chine afin de tirer le meilleur parti de sa coopération avec Pékin.
Le cas de la Chine est similaire. Alors que l'administration Trump a constamment modifié ses politiques, le Japon est resté relativement stable. En particulier dans un contexte de tension commerciale entre les États-Unis et la Chine, l'amélioration des relations avec le Japon est perçue comme une volonté de la Chine d'unir les grandes puissances pour s'opposer au protectionnisme américain. À long terme, Pékin peut construire des relations économiques avec le Japon comme une sorte de « garantie ».
Concernant la Corée du Nord, bien que la Chine et le Japon aient leurs propres calculs et approches, ils partagent une préoccupation commune quant à la sécurité nucléaire de Pyongyang. Si une guerre impliquant des armes nucléaires nord-coréennes éclate, la Chine et le Japon ne peuvent éviter les conséquences sécuritaires et économiques. Par conséquent, l'évolution récente des relations intercoréennes et américano-nord-coréennes est suivie de près par Tokyo et Pékin. Les observateurs estiment que si le Japon souhaite conserver une position importante sur des questions telles que la Corée du Nord, des rencontres de haut niveau avec la Chine lui offriront l'occasion d'y parvenir.
Dans un tel contexte, il serait bénéfique pour la Chine et le Japon de bâtir une relation de coopération, à la fois enrichissante sur le plan économique et atténuant les divergences de politique étrangère de chaque partie. Ainsi, en intensifiant les échanges de haut niveau, les deux pays peuvent bâtir une relation de confiance mutuelle, ouvrant ainsi une nouvelle perspective aux relations bilatérales.