Le tournage clandestin est un comportement culturellement et moralement dépravé qu'il faut mettre un terme.
L'histoire de l'installation secrète de caméras pour filmer des femmes à des fins personnelles a suscité une vive indignation ces derniers jours, notamment après la dénonciation de ces agissements par le mannequin Chau Bui (Hô-Chi-Minh-Ville). Filmer secrètement autrui ou diffuser des images sur les réseaux sociaux est un acte fermement condamné. Les artistes et les personnalités publiques sont plus facilement visés. La responsabilité de prévenir de tels comportements incombe non seulement à la loi, mais aussi à chacun.
Tôt le matin du 25 juin, la mannequin Chau Bui a fait sensation sur les réseaux sociaux en révélant avoir été filmée à son insu dans les toilettes d'un studio photo. Dès qu'elle a eu ses soupçons, elle a demandé au propriétaire du studio de vérifier les images de la caméra de sécurité et a découvert un homme suspect. En visionnant la vidéo, la jeune femme a été choquée de se voir filmée de manière intime alors qu'elle se changeait. Chau Bui a collaboré avec les autorités pour faire face à la situation et a pris la parole publiquement pour alerter le public.

Il convient de mentionner que Chau Bui n'est pas la première victime de tournage clandestin. Auparavant, des images intimes de certaines artistes féminines avaient été diffusées sur les réseaux sociaux suite à des tournages clandestins ou à des intrusions dans leur vie privée. En 2020, une vidéo de la chanteuse Amee, en pyjama, faisant du sport dans une pièce privée avec des amis, a accidentellement révélé des images intimes. Cette vidéo a provoqué chez elle une dépression nerveuse. Son agence a alors demandé l'intervention des autorités.

Auparavant, la chanteuse Van Mai Huong avait révélé la diffusion d'une vidéo compromettante issue d'une caméra de sécurité consultée illégalement. En 2014, des images intimes de Huong Tram avaient également fuité alors qu'elle se préparait pour une opération de chirurgie esthétique. La vidéo, extraite du clip « Em gai mua », dévoilait clairement le visage de la chanteuse et une grande partie de sa poitrine. En 2010, une photo compromettante de Trang Nhung avait également fait grand bruit dans la presse. L'actrice avait expliqué que le cliché avait été pris à son insu alors qu'elle ajustait sa tenue pour une séance photo de mariage. La bretelle de sa robe s'était détachée, dévoilant une partie de son corps. L'image avait été enregistrée puis diffusée. À l'époque, très occupée, Trang Nhung n'avait pas pu rechercher le ou les responsables.
Filmer et diffuser secrètement des images personnelles sur les réseaux sociaux constitue une grave atteinte à la vie privée et à l'honneur d'autrui. Cela laisse souvent de profondes séquelles psychologiques chez les victimes, entraînant de graves conséquences, allant du traumatisme psychologique aux difficultés sociales et professionnelles. Les victimes peuvent être confrontées à du harcèlement, des violences, voire des attaques de la part de la communauté en ligne.
Outre les nombreux cas de fuites d'images et d'informations personnelles dans le monde du spectacle, l'histoire du mannequin Chau Bui, filmée à son insu, met une nouvelle fois en garde contre la dégradation de la personnalité de certains individus aux comportements déviants. Avec la prolifération de dispositifs d'enregistrement clandestins sophistiqués sur le marché, ce type de comportement pervers est facilité et a des conséquences néfastes pour la société. Le professeur associé Do Canh Thin, directeur adjoint de l'Institut de sécurité non traditionnelle et expert en criminologie, explique que les motivations des personnes qui filment en secret sont diverses. Il peut s'agir de curiosité, de perversion ou de la satisfaction d'intérêts déviants (comme dans le cas de ce propriétaire à Ha Dong, à Hanoï, qui a installé une caméra cachée dans la salle de bain d'une étudiante). Mais certaines personnes filment aussi en secret pour en tirer profit, en publiant des images sensibles en ligne, en vendant des informations ou en utilisant ces vidéos et images pour faire chanter leurs victimes et les contraindre à céder à leurs exigences.
C’est peut-être aussi pour cela que les artistes et les célébrités sont la cible de personnes mal intentionnées. Comme ils ont souvent un grand nombre d’abonnés, posséder des images compromettantes de leurs personnalités rend le chantage beaucoup plus coûteux.
La mannequin Chau Bui a eu la chance de découvrir l'incident à temps et de le signaler avant la diffusion de ses photos compromettantes. Cet incident a suscité une vive inquiétude chez les artistes et les mannequins, notamment les femmes, contraints de travailler dans des conditions de travail difficiles, où ils ne peuvent pas toujours prendre les précautions nécessaires ni garantir leur sécurité. Par ailleurs, il révèle la perversité morale de l'auteur de cet acte, qui porte atteinte à l'honneur et à la dignité de nombreuses victimes.
Cette situation exige des mesures strictes pour protéger la vie privée de chaque individu et empêcher que de tels actes ne se reproduisent à l'avenir, afin de ne pas permettre que des actes incivils et contraires à l'éthique portent atteinte à l'honneur, à la dignité, voire ruinent la carrière et les biens de personnes honnêtes.
Selon la loi en vigueur, la découverte d'un enregistrement clandestin (non encore publié en ligne, non diffusé et s'il s'agit d'une première infraction) n'entraîne que des amendes administratives. En revanche, si l'enregistrement clandestin est suivi de chantage ou de diffusion, et qu'il provoque des conséquences graves, des poursuites pénales sont engagées. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles les vidéos filmées clandestinement sont encore si nombreuses sur Internet. Sans compter que beaucoup de victimes préfèrent régler le problème à l'amiable, craignant de s'adresser aux autorités et de voir leurs enregistrements divulgués.
Même après la révélation de l'affaire Chau Bui, la quantité d'informations diffusées par la presse et les médias traditionnels pour la protéger reste inférieure à celle des réseaux sociaux, où se mêlent curiosité, demandes innocentes (comme celle de visionner la vidéo) et commentaires insultants. Ce terreau fertile favorise la diffusion de vidéos clandestines qui circulent encore aujourd'hui, causant des dégâts considérables. Sans parler des influenceurs qui, à des fins lucratives, publient et partagent ces vidéos pour accroître leur audience.
Tant que la société n'aura pas exprimé une indignation suffisamment forte et n'aura pas créé de forums pour s'opposer fermement et condamner le fait de filmer secrètement autrui, il est difficile de croire que nous pourrons mettre fin à ce comportement dépravé et inculte.
Il ne s'agit pas seulement de dénoncer les agissements des personnes filmées en secret, mais aussi d'exprimer notre indignation afin que le public ait honte de demander publiquement à visionner des vidéos filmées à leur insu. Pour soutenir les victimes et leur faire prendre conscience de leur responsabilité envers la communauté, il est impératif de traduire en justice les auteurs de ces agissements. Ainsi, personne ne pourra plus jamais devenir la prochaine victime de ces personnes qui auraient pardonné.
Car la prochaine victime, qui sait, sera peut-être un jour vos propres enfants et proches. Si les actes laids et incultes d'aujourd'hui ne sont pas dénoncés, ni punis, mais simplement tus, ils ne disparaîtront pas d'eux-mêmes, mais se reproduiront la prochaine fois sous une forme plus laide et plus dangereuse encore.


