Soudan : 36 victimes après des manifestations, l'ONU appelle à la retenue
La police soudanaise a déclaré que 16 personnes ont été tuées et 20 autres blessées lors des manifestations dans la capitale Khartoum les 11 et 12 avril.
Le 12 avril, l'ambassadeur d'Allemagne auprès des Nations Unies, Christoph Heusgen, président en exercice du Conseil de sécurité des Nations Unies, a déclaré que cinq pays européens membres du Conseil ont demandé une réunion pour évaluer la situation au Soudan.
Cette décision intervient après que la situation au Soudan a continué de se compliquer, malgré l'annonce par le ministre de la Défense Ahmed Awad Ibn Auf de sa démission en tant que chef du Conseil militaire de transition.
Le ministre soudanais de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, a annoncé sa démission de la tête du Conseil militaire de transition. Photo : Al Jazeera |
S'adressant aux journalistes après une séance de consultation à huis clos du Conseil de sécurité des Nations Unies, l'ambassadeur Heusgen a déclaré que le Conseil de sécurité des Nations Unies pourrait tenir une réunion sur le Soudan le 15 avril sur la base de la demande de cinq pays : le Royaume-Uni, la France, la Belgique, la Pologne et l'Allemagne si la situation au Soudan devenait grave.
M. Heusgen a également appelé les parties impliquées au Soudan à la retenue : « Nous sommes convaincus qu’une solution pacifique au problème actuel au Soudan sera trouvée. Cependant, ces solutions doivent refléter la volonté et les aspirations du peuple soudanais. La situation au Soudan est très complexe. Nous avons besoin d’un processus politique crédible et global pour parvenir à la transition du pouvoir que nous souhaitons. »
La déclaration de l'ambassadeur Heusgen intervient dans un contexte d'escalade des tensions au Soudan. La police soudanaise a signalé que 16 personnes ont été tuées et 20 autres blessées lors des manifestations qui ont eu lieu dans la capitale Khartoum les 11 et 12 avril.
Par ailleurs, les manifestations et les marches ont également perturbé la circulation et provoqué d'importants embouteillages dans la capitale soudanaise. Les manifestants continuent de descendre dans la rue pour saluer la démission du ministre de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, de la tête du Conseil militaire de transition.
Plus tôt dans la journée, le ministre soudanais de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, avait annoncé sa démission de la tête du Conseil militaire de transition. Lors d'une allocution télévisée, il a déclaré que le lieutenant-général Abdel Fattah Abdelrahman Burhan serait le nouveau chef du Conseil militaire de transition.
Le général Ibn Auf a déclaré : « Moi, chef du Conseil militaire, j'annonce ma démission afin de choisir une personne compétente et compétente en qui j'ai confiance. Je suis convaincu que le chef du Conseil militaire de transition aura les compétences nécessaires pour mener à bien le Soudan. Après mûre réflexion, j'ai décidé de nommer le lieutenant-général Burhan à la présidence du Conseil militaire de transition. »
Pendant ce temps, le général Omar Zain al-Abdin, chef du comité politique du Conseil militaire de transition, a déclaré aux diplomates que la destitution du président Omar el-Béchir n’était pas un « coup d’État militaire ». M. al-Abdin a insisté sur le fait que le transfert du pouvoir serait effectué « dès que possible » et que l’armée ne faisait pas partie du processus politique au Soudan.
Selon M. al-Abdin, les actions de l'armée visent à protéger le pays des troubles et un nouveau gouvernement civil pourrait être établi d'ici un mois s'il est formé. L'armée agira pour répondre aux aspirations du peuple. M. al-Abdin a appelé le peuple soudanais, les organisations de la société civile et l'élite politique du pays à se joindre au dialogue pour trouver des solutions aux problèmes économiques du pays.
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Des manifestants se sont rassemblés devant le ministère de la Défense après l'annonce par l'armée du remplacement du président Omar Hassan el-Béchir par un Conseil militaire de transition. Photo : Reuster |
Cependant, le même jour, l'agence de presse officielle soudanaise (SUNA) a annoncé que le Conseil militaire de transition du Soudan reporterait sa réunion avec les partis et les forces politiques jusqu'à une date indéterminée. Les partis doivent d'abord désigner deux représentants et enregistrer leurs noms avant le 13 avril.
La situation au Soudan est devenue tendue après des manifestations consécutives qui ont débuté le 19 décembre 2018, lorsque les gens ont protesté contre la forte augmentation des prix des denrées alimentaires et étaient mécontents des politiques économiques faibles du gouvernement qui rendaient la vie des gens plus difficile.
Suite à l'arrestation du président Omar el-Béchir, l'armée soudanaise a imposé un couvre-feu nocturne d'un mois à l'échelle nationale, de 22 heures à 4 heures du matin, heure locale. Le principal groupe de protestation soudanais a rejeté l'annonce de l'armée et appelé à la poursuite des manifestations.