Pourquoi certains pays interdisent-ils ou restreignent-ils TikTok, Facebook et de nombreuses autres applications ?
Récemment, de nombreux pays ont imposé des interdictions ou des restrictions à des plateformes de médias sociaux populaires telles que TikTok, Facebook et bien d'autres. Pourquoi ces interdictions sont-elles mises en place ?
L'année 2025 marque une période difficile pour les plateformes de médias sociaux telles que X, Facebook et TikTok, de nombreux pays à travers le monde imposant des interdictions ou des restrictions à ces plateformes en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale.

Par ailleurs, les problèmes de sécurité des données et la propagation d'informations malveillantes sont également les principales raisons qui ont conduit à la fermeture de ces réseaux sociaux dans de nombreux pays du monde.
1. Amérique
En avril 2024, le président américain Joe Biden a promulgué la loi visant à protéger les Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers, obligeant TikTok à rompre ses liens avec sa société mère chinoise ByteDance avant le 19 janvier 2025, sous peine d'une interdiction totale d'opérer aux États-Unis.
TikTok a contesté cette demande, arguant que le désinvestissement était techniquement, commercialement et juridiquement irréalisable, et a saisi la Cour suprême des États-Unis pour bloquer l'interdiction. Cependant, le 17 janvier 2025, la Cour suprême a rejeté la requête de TikTok, confirmant ainsi la validité de la loi.

En réponse, TikTok a annoncé son intention de cesser ses activités aux États-Unis le 19 janvier 2025 et a offert aux utilisateurs la possibilité de télécharger leurs données personnelles avant la fermeture officielle de l'application.
Toutefois, peu après son investiture le 20 janvier, le président Donald Trump a signé un décret prolongeant de 75 jours le délai imparti pour décider du sort de TikTok. Ce décret est censé donner à ByteDance davantage de temps pour vendre les activités américaines de TikTok.
2. Inde
En 2020, le gouvernement indien a officiellement interdit TikTok ainsi que plus de 50 autres applications d'origine chinoise, dont WeChat, UC Browser et CamScanner.
Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, notamment après l'affrontement frontalier dans la vallée de Galwan entre les troupes indiennes et chinoises en juin 2020.
Le gouvernement indien a évoqué des préoccupations relatives à la protection de la vie privée, à la cybersécurité et au risque que ces applications collectent des données d'utilisateurs et les envoient à des serveurs en Chine, ce qui porte atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du pays.
Le ministère indien de l'Électronique et des Technologies de l'information a déclaré que les applications interdites étaient impliquées dans des activités « préjudiciables à la souveraineté, à la sécurité nationale et à l'ordre public ».
L'interdiction était initialement considérée comme temporaire, le temps que le gouvernement mène une enquête. Cependant, en janvier 2021, elle a été déclarée permanente, les entreprises concernées n'ayant pas répondu aux préoccupations du gouvernement indien en matière de sécurité des données.
Cette décision a fait perdre à TikTok l'un de ses plus grands marchés mondiaux, qui comptait alors plus de 200 millions d'utilisateurs en Inde.
3. Australie
Le gouvernement australien a promulgué de nouvelles lois visant à interdire aux enfants de moins de 16 ans l'accès aux réseaux sociaux, notamment TikTok, Snapchat, Instagram, Facebook et X (anciennement Twitter). Cette interdiction, annoncée en 2024, devrait entrer pleinement en vigueur fin 2025.
Cette décision a été prise afin de protéger les enfants des risques potentiels en ligne, notamment le cyberharcèlement, les contenus préjudiciables, le harcèlement et les problèmes de santé mentale causés par une utilisation excessive des médias sociaux.

Le gouvernement australien a souligné que ces plateformes n'ont pas su garantir un environnement sûr pour les mineurs et n'ont pas mis en place de contrôles efficaces pour empêcher la diffusion de contenus inappropriés.
En vertu de la nouvelle réglementation, les entreprises de médias sociaux devront mettre en place des systèmes stricts de vérification de l'âge, pouvant notamment recourir à la reconnaissance faciale ou à la vérification d'identité au moyen de documents officiels. Les plateformes qui ne s'y conformeront pas s'exposeront à de lourdes amendes et à la restriction de leurs activités en Australie.
De plus, le gouvernement travaille également avec des experts en éducation et en psychologie pour lancer des programmes visant à sensibiliser les parents et les écoles à l'impact des médias sociaux sur les enfants, ainsi qu'à proposer des alternatives plus saines aux interactions en ligne.
4. Brésil
En août 2024, la Cour suprême brésilienne a officiellement confirmé l'interdiction de la plateforme de médias sociaux X (anciennement Twitter), après des mois de controverse sur des questions juridiques et de gestion de contenu.
Cette décision fait suite au refus de X de se conformer à la demande du gouvernement brésilien de nommer un représentant légal officiel dans le pays, une obligation pour les entreprises technologiques opérant au Brésil.
Outre les problèmes juridiques, l'interdiction découle également de sérieuses inquiétudes quant à l'incapacité de la plateforme à contrôler efficacement la diffusion de fausses informations, de contenus haineux et de discours incitant à la violence.
Les autorités brésiliennes ont mis en garde à plusieurs reprises X contre la montée en puissance des campagnes de manipulation de l'opinion publique, des fausses informations et des contenus susceptibles de provoquer des troubles sociaux, notamment dans le contexte d'élections importantes et de bouleversements politiques dans le pays.
Avant que l'interdiction n'entre officiellement en vigueur, les autorités brésiliennes ont demandé à X de mettre en œuvre une série d'améliorations, notamment une modération de contenu plus stricte, une coopération avec le gouvernement pour prévenir la désinformation et la nomination d'un représentant légal chargé de traiter les plaintes.
Toutefois, comme X n'a pas respecté ces exigences dans les délais impartis, la Cour suprême a confirmé l'interdiction, empêchant ainsi la plateforme de poursuivre ses activités au Brésil.
Cette interdiction est perçue comme une mesure forte prise par le gouvernement brésilien pour contrôler les plateformes de médias sociaux et protéger l'espace informationnel des risques potentiels. Parallèlement, elle soulève des débats sur la liberté d'expression et le rôle de l'État dans la régulation des contenus en ligne.
5. Iran
Depuis 2009, le gouvernement iranien impose des contrôles stricts sur l'accès aux plateformes de médias sociaux comme X et Facebook.
Les plateformes de médias sociaux, notamment X et Facebook, ont joué un rôle important dans l'organisation, la coordination et la transmission d'informations sur les manifestations, aidant ainsi la population du pays et la communauté internationale à suivre l'évolution du « Mouvement vert ».
Face à cette situation, le gouvernement iranien a rapidement ordonné le blocage de l'accès à ces deux plateformes, invoquant la nécessité de protéger la sécurité nationale, de prévenir les troubles et de limiter l'influence des médias occidentaux sur l'opinion publique nationale.
Outre l'objectif de contrôler l'information, la restriction de X et de Facebook s'inscrit également dans la stratégie plus large de l'Iran visant à contrôler le cyberespace et à réduire la diffusion des idées dissidentes.
Le gouvernement du pays a mis en place un système strict de censure d'Internet, connu sous le nom de « pare-feu iranien », qui bloque l'accès à de nombreux sites web et réseaux sociaux étrangers considérés comme une menace pour le gouvernement.
Malgré l'interdiction, de nombreux Iraniens ont trouvé des moyens d'accéder à X et Facebook grâce à des réseaux privés virtuels (VPN) et autres outils de contournement. Ces dernières années, certains responsables du gouvernement iranien, dont le Guide suprême Ali Khamenei et l'ancien président Hassan Rouhani, ont conservé des comptes sur ces plateformes pour promouvoir leurs politiques et s'adresser à un public international, suscitant la controverse quant à la cohérence de la politique de censure iranienne.
6. Chine
En 2009, le gouvernement chinois a officiellement interdit les plateformes de médias sociaux X et Facebook après que les autorités ont constaté que ces deux plateformes jouaient un rôle clé dans l'organisation, la coordination et la diffusion d'informations relatives aux manifestations violentes dans la région autonome du Xinjiang.
Le gouvernement chinois a accusé des groupes séparatistes et des organisations étrangères d'utiliser X et Facebook pour diffuser de la désinformation, inciter à la violence et organiser des manifestations antigouvernementales.
Outre les raisons de sécurité, cette interdiction s'inscrit dans une stratégie plus large de contrôle de l'information menée par la Chine, qui a déjà imposé des restrictions à de nombreux sites web et plateformes étrangers afin d'empêcher l'influence des médias occidentaux.
Après avoir interdit X et Facebook, la Chine a encouragé le développement de plateformes de médias sociaux nationales telles que Weibo (similaire à X), WeChat et Renren (similaire à Facebook).
Ces plateformes fonctionnent sous étroite supervision gouvernementale, contribuant à contrôler la circulation de l'information et à restreindre les contenus jugés sensibles ou menaçants pour la stabilité sociale.
Malgré l'interdiction, certains utilisateurs en Chine parviennent encore à accéder à X et Facebook grâce à des VPN ou d'autres outils de contournement des pare-feu. Cependant, le gouvernement chinois a continué de renforcer les contrôles sur ces outils et a promulgué des lois strictes à l'encontre des individus et des organisations qui enfreignent les réglementations en matière de cybersécurité.
Quelles sont les raisons pour lesquelles les pays interdisent ou restreignent les réseaux sociaux comme TikTok, Facebook et X ?
Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des raisons importantes qui motivent les décisions des pays d'interdire ou de restreindre les activités des plateformes de médias sociaux.
1. Risque de diffusion de fausses informations
Les plateformes de médias sociaux comme X et Facebook peuvent menacer la sécurité nationale et la stabilité sociale. La diffusion d'informations fausses ou nuisibles engendre non seulement la confusion au sein du public, mais aussi des tensions et des conflits internes. En particulier, les contenus politiquement et culturellement inappropriés peuvent nuire à la cohésion sociale.

Certains individus ou organisations réactionnaires peuvent même tirer profit de ces plateformes pour manipuler l'opinion publique, ce qui a un impact négatif sur la société.
2. Risques liés à l'accès aux données gouvernementales
Plusieurs pays ont décidé d'interdire les réseaux sociaux, craignant que les employés du gouvernement qui les utilisent ne partagent par inadvertance des informations confidentielles ou des données internes, créant ainsi des opportunités d'exploitation par des personnes malveillantes et augmentant le risque de fuites de données.
Les cybercriminels peuvent utiliser les réseaux sociaux pour diffuser de faux liens, incitant ainsi des employés du gouvernement à saisir leurs identifiants et à infiltrer des systèmes informatiques critiques. Ceci nuit non seulement aux intérêts nationaux, mais constitue également une menace potentielle pour la sécurité et l'ordre public.
Si des données classifiées tombent entre les mains d'opposants, elles peuvent être exploitées à des fins de manipulation, provoquer une instabilité intérieure et porter gravement atteinte à la paix nationale.
3. Atteinte à la sécurité nationale
De nombreux pays craignent que l'utilisation des réseaux sociaux n'entraîne des fuites d'informations sensibles. Par conséquent, des représentants gouvernementaux, des militaires ou des organisations importantes pourraient diffuser accidentellement des informations confidentielles sur les réseaux sociaux.
En particulier, les pirates informatiques ou les espions peuvent suivre les publications, les photos et les géolocalisations pour collecter des données importantes. De plus, les groupes cybercriminels ou les États rivaux peuvent exploiter les données des réseaux sociaux pour identifier les failles de sécurité.
Les réseaux sociaux sont un outil puissant, mais ils présentent également de nombreux risques pour la sécurité nationale. C'est pourquoi de nombreux gouvernements ont renforcé leur contrôle, mis en place une surveillance étroite et promulgué des politiques de sécurité afin de limiter ces risques.
4. Augmentation de la cybercriminalité
Facebook et TikTok ont contribué à l'essor de la cybercriminalité à l'ère numérique. Des personnes non autorisées peuvent facilement accéder à des comptes personnels, engendrant de graves risques pour la sécurité.
L'infrastructure de ces plateformes est truffée de vulnérabilités, ce qui les rend vulnérables aux cyberattaques. De plus, les réseaux sociaux ne garantissent pas toujours la confidentialité des données comme promis initialement, créant ainsi un terreau fertile pour la cybercriminalité et augmentant le risque de vol de comptes personnels.
5. Facteurs de risque chez les enfants
En 2025, de nombreux pays continueront d'imposer des restrictions à TikTok, X et Facebook. Les gouvernements s'inquiètent particulièrement des jeunes utilisateurs, plus susceptibles d'être exposés à la désinformation ou à des contenus non vérifiés.
Ces plateformes de médias sociaux peuvent avoir un impact négatif sur le développement cérébral des enfants et des adolescents, entraînant des conséquences à long terme sur leur cognition et leur comportement.


