Chemise Dien Bien
(Baonghean) - Dien Bien, ces deux mots me sont si chers et familiers. Depuis l'école, « Dien Bien Song » résonne dans mon esprit comme une épopée. L'image d'un soldat de Dien Bien portant une chemise de garde sculptée est un symbole simple et inhabituel.
Parfois, je l'imagine comme un bloc explosif carré, et le cœur du soldat comme un bourgeon au pouvoir destructeur plus grand que la poudre à canon. C'est la force spirituelle, la volonté, la foi, ces choses simples et familières comme les bancs de bambou et les rizières. Une image de la relation entre l'armée et le peuple me hante à jamais : le visage jeune et rond d'un soldat, si innocent, aux côtés de sa mère qui raccommode sa chemise de garnison. Le fil ténu qui unit la mère et l'enfant est fort, loyal et éternel, raccourcissant la distance entre le champ de bataille et l'arrière. Les paroles de la chanson résonnent en moi : « Cette chemise, je l'ai si longtemps portée… » Oui, mère, cette simple chemise que le jeune soldat de Dien Bien porte les nuits d'attaque du fort, les jours de marche sous la pluie battante, avec des boulettes de riz. Le fil de l'amour a tissé la chaleur de l'arrière jusqu'aux tranchées, me permettant d'imaginer les chemins du village, de la campagne, s'entrecroisant sur la chemise de garnison aux 36 coutures. Ces coutures profondes étaient les tranchées du champ de bataille de Dien Bien Phu, encerclant et resserrant la base ennemie. Cette chemise avait la silhouette d'une mère-enfant, soignée et robuste, avec de simples boutons qui serraient plus fort que n'importe quelle armure…
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l Défilé pour célébrer la victoire de Dien Bien Phu. Photo de : PV |
La chemise de la garnison de Dien Bien, avec ses routes forestières accidentées et ses cols escarpés, et le chant « Ho do ta nao… », la corde d'artillerie est encore tendue et indestructible face aux nombreuses épreuves du quotidien, alors que des abîmes invisibles subsistent et que les soldats se préparent encore à l'attaque. La chemise de la garnison de Dien Bien est aujourd'hui conservée dans une vitrine de musée, les vieux impacts de balles nous regardent encore avec douleur. Les années passent, le fil de couture peut se défaire comme des morceaux de temps, mais la chaîne de coutures de la chemise reste profondément soudée, créant des carrés, des losanges, telle une identité historique. Les plis du passé épousent pleinement la silhouette, la posture et l'attitude des soldats de Dien Bien, ce qui est difficile à graver sur un monument. Car c'est la forme, l'âme, l'origine, le soutien, le tremplin de la foi. Car derrière ces coutures aussi denses que des tranchées se cache le cœur du soldat.
J'ai été ému en tenant dans mes mains les reliques de mon héros local, le martyr Phan Dinh Giot, qui comblaient les failles. Il s'agissait du pistolet-mitrailleur, de la gourde et surtout de sa chemise de garde, oubliée dans son sac à dos. Ses camarades l'avaient donnée à sa maison commémorative dans sa ville natale, un village pauvre de la région centrale, où soufflent le vent laotien et le sable brûlant. La chemise était intacte, même si son corps était noirci par les impacts de balles lorsqu'il est tombé et s'est servi de son corps pour combler les failles de l'ennemi, pour les champs de Muong Thanh, pour les champs de Cam Quan, sa ville natale, où aujourd'hui les rizières poussent vertes et luxuriantes, et où les routes bétonnées sont si ouvertes, représentant un nouveau visage de la campagne. C'est cette chemise de garde, d'un vert chaleureux, tissée des exploits d'un passé glorieux.
La chemise de Dien Bien n'est qu'un vert profond parmi les nombreuses couleurs du brocart, un vert dominant avec les forêts verdoyantes infinies fleuries de bauhinias blancs. Et scintillant dans ce vert infini, je reconnais le rouge sinueux des tranchées d'autrefois, un rouge inébranlable qui épingle des médailles sur les collines robustes de Him Lam, Hong Cum, Muong Thanh… comme le cœur de la patrie bien-aimée. Dien Bien est à nouveau jeune et Dien Bien est éternellement jeune avec vous, les soldats portant la chemise de garnison, brandissant sans cesse le drapeau de la victoire !
Nguyen Ngoc Phu