International

Les moments forts de la tournée asiatique du président Trump

Hoang Bach October 25, 2025 6:00

Le président américain Donald Trump s'apprête à entreprendre un voyage important dans trois pays asiatiques : la Malaisie, le Japon et la Corée du Sud, afin d'assister au sommet de l'ASEAN et au forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Ce déplacement du chef de la Maison-Blanche se déroule dans un contexte géopolitique complexe, avec un agenda chargé, et le point d'orgue des discussions est le sommet entre M. Trump et le président chinois Xi Jinping.

« Les plus chauds » : Sommet États-Unis-Chine

Screenshot 2025-10-24 105040
Le président américain Donald Trump participe à une rencontre bilatérale avec le président chinois Xi Jinping en marge du sommet du G20 à Osaka, au Japon, le 29 juin 2019. Photo : REUTERS

Après de nombreuses spéculations, la Maison Blanche a officiellement confirmé : le président Trump rencontrera le président chinois Xi Jinping le matin du 30 octobre à Busan, en Corée du Sud. Cette rencontre se tiendra juste avant l'ouverture officielle du sommet de l'APEC. Il s'agit de la première rencontre en face à face entre les deux dirigeants depuis le sommet du G20 à Osaka, au Japon, en 2019. Le contexte de cette rencontre est radicalement différent de celui d'il y a six ans. Au lieu de rechercher un accord de trêve comme à Osaka, qui a abouti à l'accord de phase 1 en 2020, les deux parties se sont rencontrées cette fois-ci dans un climat de profonde méfiance, après une série de mesures de rétorsion acerbes. La fragilité de la relation est manifeste : il y a à peine un mois, après le cycle de négociations de Madrid et un entretien téléphonique avec M. Xi Jinping, le président Trump saluait encore les « progrès » accomplis sur plusieurs dossiers. Mais cette lueur d'espoir s'est rapidement dissipée début octobre.

Les tensions commerciales latentes se sont ravivées suite au renforcement drastique par Pékin de son contrôle sur les exportations de terres rares, perçu comme une riposte directe à l'augmentation par les États-Unis du nombre d'entreprises chinoises interdites d'achat de leur technologie. Capable de produire plus de 90 % de la production mondiale de terres rares transformées, Pékin a non seulement renforcé son contrôle sur ces minéraux essentiels à l'intérieur de ses frontières, mais aussi au-delà. Les experts estiment qu'il s'agit d'un élargissement de son instrument de règlement des différends commerciaux, soulignant la volonté de Pékin d'utiliser sa position dominante sur la chaîne d'approvisionnement comme une arme. Selon Reuters, l'administration Trump a été surprise par l'ampleur et la portée de cette mesure. Une source proche de l'administration américaine a révélé que les ministres du cabinet Trump l'ont considérée comme un acte de « guerre économique à grande échelle ». « Le risque d'escalade est très sérieux », a ajouté la source. « Une nouvelle suspension de 90 jours ne serait pas une solution miracle. »

En réponse, M. Trump a menacé d'annuler la rencontre et a réitéré sa menace d'imposer des droits de douane de 100 % sur les exportations chinoises. Il est à noter que ces nouveaux droits de douane (s'ils étaient appliqués) entreraient en vigueur seulement deux jours après la rencontre prévue entre les deux dirigeants. Désormais, les deux plus grandes économies mondiales luttent pour sauver ce sommet. Afin de faciliter la tenue de la rencontre et de trouver une solution de dernière minute, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, et le vice-Premier ministre chinois, He Lifeng, se sont rencontrés en Malaisie quelques jours auparavant.

Screenshot 2025-10-24 at 14.26.46
Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, tient une conférence de presse au siège du gouvernement à Rosenbad, à Stockholm (Suède), le 29 juillet 2025, à l'issue des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Photo : TT News Agency/REUTERS

À Washington, les analystes mettent en garde contre des attentes trop élevées. Le principal défi, selon Michael Hart, président de la Chambre de commerce américaine en Chine (AmCham China), interrogé par Reuters, réside dans le fait que les deux parties semblent se croire en position de force. « Lors de nos discussions avec les responsables chinois, ces derniers se disent confiants quant à la santé de leur économie et estiment que l'économie et le système politique américains sont en pleine tourmente. Ils se sentent donc en position de force pour négocier », a déclaré M. Hart. « De leur côté, les responsables américains sont également confiants quant à la santé de leur économie et pensent que l'économie chinoise est en déclin. »

Un ancien haut responsable américain a déclaré au South China Morning Post (SCMP) que la situation actuelle est « extrêmement dangereuse », les deux camps étant convaincus de pouvoir « l'emporter dans une escalade ». La fermeté de la Chine est également soulignée par des experts. M. Wu Xinbo, directeur du Centre d'études américaines de l'université Fudan, a affirmé : « La Chine estime que les négociations ne suffisent pas et que des contre-mesures efficaces sont nécessaires pour empêcher les États-Unis d'exercer des pressions. »

Bien que la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, n'ait pas précisé le contenu de la réunion, les récentes déclarations de Trump et de diverses sources ont révélé un ordre du jour épineux. Le président Trump a indiqué qu'il aborderait la question du fentanyl en premier lieu. Sur le plan commercial, Trump souhaite obtenir des concessions de Pékin, notamment la reprise des achats de soja américain et la levée des restrictions sur les exportations de terres rares. La question de Taïwan devrait également être abordée plus en profondeur. Par ailleurs, Trump a déclaré qu'il comptait s'attaquer aux achats de pétrole russe par la Chine et a exprimé l'espoir que Xi Jinping « souhaite désormais voir la fin de la guerre en Ukraine ».
Selon Peter Harrell, ancien responsable économique international, le scénario le plus optimiste serait « des mesures de confiance et davantage de directives pour négocier un accord » après l’accord de phase 1 de 2020.

Programme des arrêts

Screenshot 2025-10-24 at 14.23.29
Les drapeaux américain et chinois flottent sur la table de négociation lors d'une réunion bilatérale entre les États-Unis et la Chine à Genève, en Suisse, le 10 mai 2025. Photo : EDA/REUTERS

Outre sa rencontre avec Xi Jinping, le voyage de Trump comprendra d'autres étapes importantes avec des alliés et partenaires de la région. Il débutera son périple à Kuala Lumpur, en Malaisie, pour assister au sommet de l'ASEAN. C'est la première fois qu'il participe à cet événement majeur depuis 2017, une initiative perçue comme un réengagement envers la région. Cette visite intervient à un moment crucial, alors que les États-Unis sont la première destination des exportations du bloc (atteignant 312 milliards de dollars l'an dernier, contre 142 milliards en 2017). Cependant, la politique « L'Amérique d'abord » de Trump, assortie de droits de douane réciproques de 10 % à 40 %, inquiète les dirigeants de l'ASEAN. Ces derniers ont publié une déclaration commune exprimant leur préoccupation face à ce « protectionnisme », qui « fait peser des risques importants sur le système commercial multilatéral ».

Après la Malaisie, M. Trump se rendra au Japon pour rencontrer la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi. Cette rencontre est cruciale pour renforcer l'alliance bilatérale dans un contexte de nombreux bouleversements régionaux. En Corée du Sud, outre le sommet de l'APEC et sa rencontre avec M. Xi Jinping, M. Trump s'entretiendra en tête-à-tête avec le président sud-coréen Lee Jae-myung. Cette alliance a récemment été mise à rude épreuve par le raid mené par les services de l'immigration et des douanes américains (ICE) contre une usine de batteries sud-coréenne en construction en Géorgie. Cet incident, qui a conduit à l'arrestation d'environ 300 citoyens sud-coréens pour travail illégal présumé, a provoqué une vive indignation à Séoul.

Selon les observateurs, Séoul pourrait exploiter cet incident pour faire avancer des dossiers économiques urgents. Les deux parties tentent de finaliser un accord d'investissement sud-coréen de 350 milliards de dollars aux États-Unis, actuellement au point mort en raison de désaccords. En contrepartie, Séoul souhaite que Washington abaisse les droits de douane sur les voitures sud-coréennes de 25 % à 15 % (un taux comparable à celui appliqué aux voitures japonaises et à celles de l'Union européenne).

Une question demeure en suspens concernant le voyage de Trump en Asie : rencontrera-t-il à nouveau le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un par surprise ? Bien que CNN ait rapporté que des responsables américains aient « discuté » de cette possibilité, les observateurs estiment que le moment est mal choisi pour une rencontre entre Trump et le dirigeant nord-coréen. Ce voyage sera donc axé sur les grandes puissances économiques et les enjeux commerciaux complexes, et culminera, comme annoncé, par une rencontre en face à face avec le président chinois Xi Jinping.

Journal Nghe An en vedette

Dernier

x
Les moments forts de la tournée asiatique du président Trump
ALIMENTÉ PARUNCMS- UN PRODUIT DENEKO