Le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson va-t-il changer la donne ?
(Baonghean) - Le Parti conservateur a dit « oui » à Boris Johnson, mais la Grande-Bretagne tout entière lui donnera-t-elle sa chance ? C'est la question la plus fréquemment posée depuis la victoire écrasante de Boris Johnson lors du vote du Parti conservateur pour devenir Premier ministre britannique.
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Boris Johnson devient le nouveau propriétaire du 10 Downing Street. Photo : Getty |
Homme politique « célèbre »
Le 24 juillet, Boris Johnson a officiellement pris ses fonctions de Premier ministre britannique, succédant à Theresa May. Cette prise de fonction n'a pas déjoué les attentes des observateurs et du peuple britannique depuis le début de la course au poste de Premier ministre. Boris Johnson s'est fait remarquer non pas parce qu'il était le candidat le plus prometteur, celui qui pouvait aider le Royaume-Uni à sortir de l'impasse provoquée par le Brexit, mais parce qu'il était une personnalité plutôt « célèbre ».
La popularité de Boris Johnson tient à sa façon unique de « colorer » son image personnelle. Les médias internationaux connaissent bien l'image d'un homme politique aux cheveux blonds négligés, le style vestimentaire négligé de M. Johnson, et surtout ses actions et déclarations controversées, qui suscitent de vives discussions parmi les observateurs depuis de nombreuses années.
Lorsqu'il était maire de Londres ou ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson a multiplié les lapsus, affectant même les relations diplomatiques internationales. Il a un jour comparé l'Union européenne (UE) au dirigeant nazi Adolf Hitler, affirmant que l'UE prévoyait d'établir une nation dominante, à l'image des ambitions d'Hitler par le passé. Il a affirmé que le tennis de table était né sur la table britannique, alors qu'il s'agit en réalité d'un sport inventé par les Chinois, ou encore qualifié la candidate à la présidence américaine Hillary Clinton d'« infirmière cruelle dans un hôpital psychiatrique »…
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Boris Johnson et son rival Jeremy Hunt se serrent la main après l'annonce du décompte des voix le 23 juillet. Photo : EPA |
Au Royaume-Uni, M. Johnson est également un homme politique qui se distingue par sa position constante et intransigeante sur le Brexit. Depuis que le mouvement pro-Brexit a pris forme, M. Johnson, alors maire de Londres, a multiplié les déplacements à travers le pays pour rassurer les électeurs sur les avantages du Brexit.
Partisan d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE, M. Johnson a fermement affirmé son intention de quitter l'UE, même sans accord. Cela signifie que si les deux parties ne parviennent toujours pas à un accord économique ou politique contraignant avant la date butoir, le Royaume-Uni quittera l'UE sans accord.
Les partisans du Brexit ont accueilli favorablement la position claire et décisive de M. Johnson, certains le comparant même à l'ancien Premier ministre Winston Churchill, un héros britannique. Cela lui a permis d'obtenir facilement la majorité des voix des membres du Parti conservateur, qui partagent sa position intransigeante sur le Brexit.
En bref, les différences de personnalité, d'actions et de paroles d'un homme politique constituent les atouts de M. Johnson. À certains égards, l'ascension de Boris Johnson ressemble à celle du président américain Donald Trump lors de l'élection de 2016.
L’optimisme va-t-il durer ?
Boris Johnson lui-même, en se lançant dans la course au poste de Premier ministre, était déterminé à apparaître comme un véritable leader capable de changer les règles du jeu, et non comme un « clown » aimable mais peu fiable. Mais la réalité est loin d'être simple pour un dirigeant qui aime « briser les codes ». La preuve en est que, bien qu'il soit devenu le nouveau propriétaire du 10 Downing Street, l'opposition à M. Johnson s'est intensifiée de jour en jour. Une série de ministres et de responsables du gouvernement ont annoncé leur démission dès son accession au poste de Premier ministre, ce qui illustre bien cette opposition.
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Le ministre des Finances, Philip Hammond, a annoncé sa démission en signe de protestation contre la politique de « Brexit dur » du nouveau Premier ministre Boris Johnson. Photo : AP. |
Actuellement, le groupe conservateur opposé à M. Johnson au Parlement britannique compte 42 membres. Ces derniers affichent toujours une attitude très ferme à son égard et sont prêts à déclencher une motion de censure contre son gouvernement s'il ne renonce pas à son intention de parvenir à un Brexit sans accord. S'il ne parvient pas à apaiser ce groupe, M. Johnson ne disposera pas d'une majorité suffisamment forte au Parlement et il lui sera très difficile de diriger le gouvernement.
Le deuxième sujet, que les conservateurs et le Parti travailliste d'opposition suivront de près, concerne la manière dont M. Johnson forme son cabinet et les nominations aux postes ministériels clés. Ce point est particulièrement intéressant, non seulement en raison de son importance, mais aussi en raison de la personnalité de M. Johnson, ses adversaires, notamment le Parti travailliste d'opposition, l'attaquant depuis longtemps pour son style de leadership.
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L'acte « bizarre » de Boris Johnson : se suspendre à une tyrolienne pour encourager les Jeux olympiques de Londres de 2012. Photo : Barcroft Media |
De plus, le principal défi de M. Johnson, lorsqu'il occupera le poste de Premier ministre, ne sera autre que la résolution du Brexit. Comment faire la différence, sortir de l'impasse et résoudre le Brexit en douceur restent des questions ouvertes. Bien qu'il ait toujours affiché une attitude très ferme sur le Brexit, cette attitude de M. Boris Johnson ne s'est jusqu'à présent accompagnée d'aucun plan clair et précis, si ce n'est le slogan « Brexit ou mourir ». On ne sait pas encore si M. Johnson décidera de poursuivre les négociations avec l'UE sur le Brexit, de convaincre le Parlement d'adopter un ancien accord ou d'abandonner et d'attendre le 31 octobre pour « partir », mais chaque choix comporte des risques.
Si les prévisions de M. Johnson ne se concrétisent pas, si la confrontation et l'impasse politique entre le gouvernement britannique et la Chambre des communes sur le Brexit persistent et si l'UE ne fait aucune concession, le nouveau Premier ministre sera contraint d'organiser des élections anticipées. Difficile alors de prédire si le Royaume-Uni lui offrira la même opportunité que le Parti conservateur vient de le faire.
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Des centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre-ville de Glasgow le soir du 23 juillet pour protester contre la victoire de Boris Johnson. Photo : The National |
En d'autres termes, l'élection d'un nouveau dirigeant pour le Royaume-Uni est terminée, mais ce n'est pas une solution miracle qui puisse immédiatement aider le pays à sortir de la situation politique la plus compliquée depuis la Seconde Guerre mondiale. Une nouvelle phase de son histoire vient de s'ouvrir. Cependant, compte tenu de la personnalité et du style controversés de Boris Johnson, ainsi que de ses opinions quelque peu extrêmes et ambiguës sur le Brexit, la scène politique britannique des prochains jours sera plus conflictuelle qu'auparavant, d'autant plus que le Brexit a atteint un stade où il est difficile de le retarder davantage et où toutes les parties doivent prendre une décision décisive.
Et bien sûr, il n’y aura pas de « lune de miel » politique pour M. Johnson, mais au contraire, un « champ de bataille » épineux.