Visite des tombes au printemps
(Baonghean.vn) - Quand j'avais à peine dix ans, le 27e jour du Têt, mon père a choisi la couche de chaux la plus blanche et la plus lisse et l'a mise dans un...
(Baonghean.vn) - J'avais à peine dix ans, le 27 du Têt. Mon père a choisi la couche de chaux la plus blanche et la plus lisse et l'a mise dans un seau rouge. Ma mère est allée au marché acheter des chrysanthèmes jaunes et un gros bouquet d'encens, tandis que mon père était à la maison en train de réparer le vélo et de l'équiper d'une selle confortable pour m'emmener visiter les tombes. Je tenais à la main un bouquet de chrysanthèmes jaune vif, dont les racines étaient encore intactes, et j'ai demandé à mon père :
- Pourquoi devons-nous visiter les tombes pendant le Têt ?
Papa sourit et dit :
- Parce que selon la tradition spirituelle vietnamienne, lorsque la nouvelle année arrive, tout doit être préparé et rénové, y compris le lieu de repos du défunt.
Mon père m'a aussi dit que la visite des tombes était un devoir filial des enfants et des petits-enfants, témoignant du respect envers leurs parents et leurs ancêtres. Étant un fils, j'ai dû m'habituer à ce travail dès mon plus jeune âge afin que, lorsque mon père serait vieux, je puisse le remplacer pour préserver la piété filiale. À cette époque, j'étais trop jeune pour comprendre tout ce que mon père m'avait appris. Mais rien qu'en observant la manière dont mon père étalait soigneusement et délicatement chaque couche de chaux blanche sur la tombe, arrachait les herbes folles et s'inclinait respectueusement pour brûler de l'encens devant ses ancêtres, j'ai compris qu'il s'agissait d'une coutume hautement sacrée.
Comme toujours, après avoir blanchi et réparé les tombes de mes ancêtres, mon père m'a emmené au cimetière des martyrs de la commune. J'y ai rencontré de nombreux adultes, et même des enfants comme moi, venus réparer les tombes. Parmi eux se trouvaient de nombreux martyrs anonymes, mais je savais qu'ils n'étaient pas du tout froids, mais réchauffés par l'affection humaine et les bâtonnets d'encens parfumés. Mon père m'a appris à planter des arbustes à fleurs jaunes et m'a aidé à lui apprendre à blanchir uniformément et sans à-coups. Il m'a aussi appris à brûler de l'encens et à parler avec les martyrs. Je lui ai dit :
- Mais je ne sais pas de quoi parler, papa ?
Papa m'a tapoté la tête, a souri doucement et a dit :
Raconte-moi des histoires sur les cours et l'école. Puis promets-moi d'être sage et de bien étudier.
Peu à peu, chaque année, malgré mon emploi du temps chargé et la distance à laquelle je travaille toute l'année, je pense à revenir avant le 27 Têt pour planter de magnifiques massifs de fleurs et raconter à mes grands-parents et à mes ancêtres ce qui s'est passé cette année pour ma famille et mon clan. Pour les inviter sincèrement à se préparer à revenir célébrer le Têt en famille.
L'image des gens se serrant la main et se saluant lors des visites funéraires me manque terriblement. Dans la joie de se retrouver après une longue année de travail intense, ils se remémorent des souvenirs d'une époque de pauvreté, de difficultés et de souffrances partagées. Et puis, au moment de partir, au fond d'eux-mêmes, leurs yeux sont emplis d'une joie et d'une tristesse mêlées. Ils prennent rendez-vous pour visiter à nouveau les tombes l'année prochaine…
Il y a bien longtemps, quand j'étais enfant, mon père m'emmenait visiter les tombes sur son vélo branlant, et nous étions tous les deux très heureux. Aujourd'hui, après presque vingt ans, mon père a beaucoup vieilli, ses cheveux sont devenus gris, son dos a commencé à se courber, mais chaque 27 du Têt, je l'y emmène. Je n'oublierai jamais cette émotion sacrée !
Ta Duc An