Les hauts et les bas des arbres de la rue Vinh
(Baonghean) - La ville de Vinh est classée zone urbaine de classe I depuis dix ans. Au cours de la dernière décennie, beaucoup de choses ont changé, notamment les rangées d'arbres qui ont marqué de nombreuses générations.
Des immeubles de grande hauteur surgissent, les canaux reverdissent, des gens anciens et nouveaux vont et viennent, des arbres tombent et de nouvelles pousses poussent, créant la forme et l'âme de la rue, avec de nombreux souvenirs accrochés à la mémoire des citoyens.
![]() |
Banyan dans l'ancien immeuble. Photo : Le Thang |
Quiconque réside à Vinh, ou entretient une relation privilégiée avec cette région, doit avoir des souvenirs, plus ou moins profonds, des arbres d'ici. J'en suis convaincu, car contrairement à de nombreuses grandes villes vietnamiennes, Vinh bénéficie d'une densité d'espaces verts urbains assez élevée, figurant depuis de nombreuses années parmi les cinq premières villes du pays selon l'Association vietnamienne des arbres verts.
En 2017, ce chiffre était d'environ 11,5 m²/personne. On estime qu'en moyenne, chaque année, la municipalité alloue 12 milliards de VND (17 milliards de VND pour la seule année 2017) à la plantation, la rénovation et la protection des arbres, des pelouses et des fleurs dans les rues et les espaces publics. Ainsi, dans la rue Vinh, il n'est pas exagéré de dire qu'en ouvrant la porte, en sortant ou en empruntant la route, vous rencontrerez des arbres de toutes formes et de toutes tailles.
![]() |
Kapokiers en fleurs dans la rue Truong Van Linh. Photo de : Trung Ha |
Peu de gens savent que la ville de Vinh abrite des arbres uniques et rares. Combien de personnes, passant chaque jour rue Phong Dinh Cang-Nguyen Van Troi, ont-elles remarqué qu'à l'intersection de ces deux rues se dresse un grand arbre, surnommé « l'arbre national » de Madagascar, une île isolée de l'océan Indien ? Cet arbre s'appelle le baobab. Ses ancêtres viennent de l'Afrique lointaine et certains botanistes estiment que sa durée de vie peut atteindre des milliers d'années.
J'ai tenté à maintes reprises de m'attarder sur cette route, interrogeant avec curiosité les habitants sur le « passé » de cet arbre unique, mais je n'ai trouvé que peu d'informations utiles. Personne en ville ne semblait connaître l'âge de l'arbre, se contentant de spéculer qu'il s'agissait de l'un des six baobabs poussant actuellement au Vietnam. C'est si rare, mais l'agitation de la vie quotidienne efface tout cela très vite. Heureusement, l'image de cet arbre unique persiste encore sur l'enseigne du « Baobab Coffee Shop », lieu de rencontre familier des étudiants de l'Université Vinh. Les employés, l'un après l'autre, semblaient avoir entendu au moins une fois un client demander : « Pourquoi la boutique s'appelle-t-elle Baobab ? » Cette question banale est devenue, de manière inattendue, un fil conducteur pour rappeler et s'accrocher à l'image d'un arbre venu d'Afrique lointaine, afin qu'il puisse à nouveau s'inscrire dans la mémoire des citadins contemporains.
![]() |
Le parc est recouvert de verdure. Photo : Hai Vuong |
La ville de Vinh regorge d'arbres, mais aucune espèce n'est considérée comme une « marque de fabrique ». Si Hanoï regorge de fleurs de lait, Hai Phong de fleurs de phénix rouges, Hué de fleurs de Lagerstroemia violettes… il est alors difficile de nommer une espèce d'arbre ou de fleur pour identifier la ville de Vinh. Les espaces verts de la ville sont fidèles au dicton : « À chaque saison ses fleurs ! »
Qui a déjà emprunté la rue Le Mao sans savoir que, depuis longtemps, elle est célèbre pour ses rangées d'acacias centenaires ? Au fil des décennies, les acacias ont évolué et ont connu des hauts et des bas, devenant ainsi un élément essentiel de ce parcours urbain. Alors que les acacias n'avaient pas encore fermé leur canopée sur le trottoir de l'ancienne rue, la rue Le Mao était fière d'abriter la Maison provinciale de la culture du travail, une construction moderne de première génération, où s'y déroulaient de nombreux événements culturels et artistiques, grandes et petites célébrations.
Puis, lorsque la route fut prolongée jusqu'au nouveau quartier de Vinh Tan, des rangées d'appartements, de maisons et de boutiques surgirent comme des champignons, la rangée d'acacias témoigna des hauts et des bas de la nouvelle rue. Le soleil se leva, la pluie tomba, les feuilles miroitaient d'un jaune onirique de colombes ou se teintaient de la couleur du ciel brumeux. La rangée d'acacias se dressa toujours là, silencieuse, enregistrant tout dans sa mémoire verte.
![]() |
Le rouge du flamboyant royal au début de l'été, dans l'immeuble Quang Trung. Photo de Thanh Cuong |
Comment nommer tous les arbres de la ville de Vinh ? Banyan, flamboyant royal, lagerstroemia à fleurs violettes, laurier indien, noix d'arec, et même manguier, mûrier, palmier, étoile noire, oranger et parasol… Depuis la mi-mars, en me promenant dans les rues, je suis ému par l'image des lauriers indiens au temps des feuilles changeantes. Le changement de saison, entre les couches de feuilles vertes, passant du jaune orangé au rouge foncé, crée une scène romantique et poétique difficile à décrire. Les lauriers indiens ne sont pas plantés en rangées, ni en allées, ni en densité dans une rue particulière, mais seulement dispersés dans quelques rues comme Le Loi, l'avenue Lénine, Ho Goong…
Cette rareté devient un moment fort et mémorable pour les citadins habitués. Un jour, au changement de saison, ils s'arrêtent brusquement et sont surpris de constater la beauté des cimes des arbres qu'ils croisent chaque jour ! La saison des changements de couleur du Barringtonia acutangula est brève, environ une semaine, mais l'impression de cette « forêt » aux feuilles rouges évoque une ville de Vinh bien différente.
![]() |
Fleurs de Lagerstroemia violet au coin d'une rue. Photo : Trung Ha |
Il existe aussi de nombreuses histoires, aussi bien heureuses que tristes, autour de la couleur verte de la ville de Vinh. Il y a quelques années, lors d'une conversation informelle avec le responsable de l'unité chargée de la plantation et de l'entretien des arbres de la ville, celui-ci se lamentait : les arbres procurent de l'ombre, ils créent des paysages, mais tout le monde n'aime pas les arbres, ne les aime pas et ne respecte pas les efforts de ceux qui en prennent soin ! Ils sont peu nombreux, mais certains ménages abattent systématiquement la canopée, taillent les branches et les feuilles… parce qu'ils pensent que les grands arbres vont couvrir et « obscurcir » leur maison, ou parce que le propriétaire estime que l'arbre ne convient pas à ce type d'arbre et trouve le moyen de le « détruire ».
C'est une plaisanterie que des gens apportent chaque nuit de l'huile, des déchets sales à la décharge, ou enfoncent des clous dans les racines des arbres pour les empêcher de pousser. Comment peut-on traiter ainsi les arbres, ces proches compagnons de la ville, sans lesquels cette zone urbaine ne serait que des blocs de béton sans âme, sans souvenirs immenses !
On peut dire sans exagérer que les rangées d'arbres font désormais partie intégrante de l'âme de cette ville. Imaginez des rues comme Ngu Hai, Dinh Cong Trang, Le Mao, Le Hoan, Duy Tan, Le Hong Phong, Nguyen Van Cu, Phan Dinh Phung, Phan Boi Chau… sans l'ombre d'un seul arbre, où serait la beauté des rues du centre-ville ? Qu'est-ce qui permettrait aux gens de loin de s'en souvenir ? Les rues continuent de grandir tranquillement de jour en jour. Aujourd'hui, de nombreux bâtiments sont plus hauts que tous les arbres du monde. Mais surtout, qu'est-ce qui pourrait remplacer la beauté de ces couches vertes magiques ?