Supprimer les goulots d'étranglement dans l'indemnisation des condamnations injustifiées
Le projet de loi sur la responsabilité de l’État en matière d’indemnisation (modifié) attire l’attention du public, en particulier à l’heure où l’indemnisation des condamnations injustifiées reste un sujet brûlant.
Un journaliste a interviewé l'avocat Tran Huu Huynh, président du Centre d'arbitrage international du Vietnam, à propos du projet de loi sur la responsabilité en matière d'indemnisation de l'État (modifié).
![]() |
Tran Huu Huynh, président du Centre d'arbitrage international du Vietnam, s'entretient avec un journaliste de VOV. |
PV:En ce qui concerne la pratique de gestion des indemnisations injustifiées par les autorités, comment percevez-vous cette question ?
L'avocat Tran Huu HuynhLa pratique de l'indemnisation des condamnations injustifiées a progressé. Nous avons recensé 258 condamnations injustifiées, dont plus de 200 ont été résolues. La prévention des condamnations injustifiées dans les procédures pénales est devenue une priorité.
La pratique de l'indemnisation des condamnations injustifiées a initialement instauré la confiance, avec des cas récemment résolus, comme celui de M. Luong Ngoc Phi à Thai Binh, qui a reçu une indemnisation de 23 milliards de VND, celui de M. Huynh Van Nen, plus de 10 milliards de VND, ou celui de M. Nguyen Thanh Chan, 7,2 milliards de VND. Ces chiffres, comparés aux pertes subies, ne reflètent peut-être pas fidèlement la réalité du problème, mais l'attitude et la responsabilité des agences se sont améliorées par rapport à la période précédente.
Cependant, au vu de la situation actuelle, certaines inquiétudes subsistent, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous souhaitons modifier la Loi sur la responsabilité de l'État en matière d'indemnisation. Premièrement, la multiplicité des organismes chargés de l'indemnisation conduit à des esquives et à des fuites de responsabilités, ce qui fait que les droits des personnes injustement condamnées ne sont pas protégés à temps, voire pas du tout. Le montant des dommages n'est pas précisé, ce qui perturbe les organismes chargés de l'indemnisation dans leur demande.
Deuxièmement, l'indemnisation des condamnations injustifiées reste peu professionnelle ; le montant de chaque indemnisation n'a pas été quantifié, ce qui contribue également à la lenteur du processus d'indemnisation, et les négociations se heurtent à de nombreuses difficultés. Les procédures sont incomplètes, strictes et lourdes, et les délais sont trop longs. M. Luong Ngoc Phi a ainsi dû attendre 18 ans pour récupérer son argent ; M. Nen a dû négocier sept fois ; M. Nguyen Thanh Chan a dû modifier ses dossiers quatre fois et une centaine de documents.
Le résultat de cette négociation ne reflète pas nécessairement qu’ils acceptent réellement ce montant, mais comme le processus est si compliqué et prend si longtemps, ils doivent parfois l’accepter.
![]() |
Après plus de 17 ans d'emprisonnement injustifié, M. Huynh Van Nen a reçu une indemnisation de plus de 10 milliards de dôngs. Photo : Tuoi Tre |
PVLors de l'examen du projet de loi, l'une des questions importantes qui suscite de nombreux avis divergents concerne la détermination de la responsabilité en matière d'indemnisation, notamment la preuve du préjudice réel. Monsieur le Président, l'injustice est causée par la personne qui exerce ses fonctions officielles. Pourquoi compliquer la tâche à la personne accusée à tort ?
Avocat Tran Huu Huynh :L'approche de la loi de 2009 relative à l'indemnisation de la responsabilité de l'État et celle du présent projet de loi considèrent également l'indemnisation de tels dommages comme une forme d'indemnisation extracontractuelle. En principe, s'il s'agit d'une indemnisation extracontractuelle, un fondement doit être établi : l'acte à l'origine du dommage doit être illégal et, pour confirmer cette illégalité, un document émanant d'une autorité compétente doit être disponible ; il doit y avoir un dommage ; il doit exister un lien de causalité entre l'acte illégal de la personne exerçant des fonctions officielles et le préjudice subi par la personne injustement condamnée.
Obtenir un document d'une autorité compétente constatant l'illégalité de l'acte et son préjudice n'est pas chose aisée. L'intervention de plusieurs organismes est fréquente, et certains fonctionnaires et agents publics sont souvent sincères. L'obtention d'un tel document exige donc une grande persévérance de la part de la victime ou de son avocat.
La deuxième difficulté est de prouver l'existence d'un préjudice, mais ce n'est pas chose aisée. Dans notre approche actuelle, la personne lésée doit toujours convaincre l'organisme d'indemnisation. Si je suis d'accord, vous accepterez alors le montant de l'indemnisation.
Nous souhaitons aborder la question différemment : lorsque la personne lésée a fait de son mieux pour prouver son innocence, si l'on veut réfuter cette opinion, il faut prouver le contraire. C'est une approche que le droit n'a pas adoptée depuis longtemps.
PV:Les pertes subies par les personnes accusées à tort sont incalculables. Mais lorsqu'elles sont disculpées, l'attente d'une indemnisation est tout aussi ardue. Selon vous, quels changements devraient être apportés à la réglementation relative aux procédures d'indemnisation ?
L'avocat Tran Huu HuynhPour résoudre ce problème, il faut d'abord l'aborder sous l'angle législatif. Les condamnations injustifiées sont le fait des fonctionnaires, qui doivent donc en être tenus responsables..Du côté du gouvernement, ces personnes le représentent pour accomplir des tâches publiques. Si ces personnes ont tort, alors le gouvernement a également tort et doit faire preuve de la plus grande transparence dans la protection des droits des personnes lésées.
Pour ce faire, les procédures devraient être simplifiées et les organismes chargés de l'indemnisation des erreurs judiciaires devraient être rationalisés, afin de permettre aux personnes condamnées à tort d'exercer leurs droits plus facilement. Nous espérons qu'un organisme spécialisé dans l'indemnisation des erreurs judiciaires sera créé afin de résoudre ce problème de la manière la plus rapide et la plus concise possible.
Le délai de règlement n'est plus de 30 à 40 jours comme auparavant, mais peut être réduit à 2, 3 ou 5 jours. L'indemnisation doit être complète et rigoureuse. En l'absence de factures ou de documents, il est nécessaire d'être transparent et clair afin que la personne lésée sache qu'en cas de perte des factures ou des documents, d'oubli ou de non-récupération, un chiffre précis, c'est-à-dire quantifié, doit lui être communiqué à l'avance afin qu'elle connaisse le montant de l'indemnisation. La présentation d'excuses publiques doit également se faire avec respect.
PVJusqu'à présent, le montant total des indemnisations versées par l'État depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la responsabilité de l'État en matière d'indemnisation s'élève à plus de 111 milliards de dongs. L'opinion publique a soulevé le problème suivant : les sommes versées par les contribuables ne sont pas destinées à des indemnisations, mais à la personne exerçant des fonctions officielles et ayant causé les dommages. À votre avis, comment une réglementation raisonnable devrait-elle être mise en place ?
L'avocat Tran Huu HuynhPayer des impôts, c'est servir à la santé publique, à l'éducation, aux transports… du pays. Si payer des impôts ne sert qu'à indemniser des condamnations injustifiées, l'État aura beaucoup de mal à se développer.
En examinant le projet de loi, nous constatons qu'il est divisé en deux catégories. La première est celle où une personne exerçant des fonctions publiques commet intentionnellement une infraction et est condamnée, et doit alors réparer l'intégralité du préjudice causé par l'État. La seconde est celle où une infraction est intentionnelle, mais sans donner lieu à des poursuites pénales. Selon le projet de loi, l'indemnité est de 30 à 50 mois de salaire, soit moins de 50 % du montant de l'indemnisation versée par l'État. Le type de préjudice involontaire est de 3 à 5 mois de salaire, et il existe également des cas d'exemption en raison des circonstances.
PV:Merci monsieur./.
Selon VOV