Message de la Corée du Nord !
(Baonghean) - La première « fusillade » depuis de nombreuses années dans la zone militaire intercoréenne, au moment même où le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un « réapparaissait » après trois semaines d'absence, semble être un message caché de Pyongyang.
Accidentel ou intentionnel ?
Bien que le monde entier lutte encore contre la pandémie de Covid-19, tout changement sur la péninsule coréenne continue de susciter une vive attention. Les coups de feu entendus dimanche matin 3 mai dans la zone démilitarisée entre les deux pays ont immédiatement attiré l'attention des médias internationaux et, bien sûr, des États-Unis et de leurs alliés dans la région.
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La zone démilitarisée à la frontière intercoréenne est la plus surveillée au monde. Photo : AP |
Selon l'annonce de la Corée du Sud, tôt le 3 mai, plusieurs coups de feu tirés depuis la Corée du Nord ont touché un poste de garde sud-coréen dans la zone démilitarisée, obligeant les forces sud-coréennes à émettre une alerte radio et à riposter à deux reprises. La Corée du Sud a déclaré que les actions de Pyongyang violaient un accord militaire de 2018, qui prévoit un moratoire sur les actes hostiles susceptibles d'aggraver les tensions et les conflits entre les deux parties.
Dans le contexte des relations intercoréennes, bien que nettement améliorées, toujours en état de guerre faute d'accord de paix depuis la guerre de 1950-1953, le premier tir nord-coréen a suscité de nombreux doutes. La question la plus fréquemment posée est de savoir si cette action était intentionnelle ou simplement accidentelle.
Compte tenu du moment choisi, la fusillade a eu lieu par mauvais temps et avec un épais brouillard ; on pourrait donc la considérer comme accidentelle. Cependant, les experts militaires soulignent que, normalement, les incidents accidentels dans la zone démilitarisée sont immédiatement traités et expliqués par la partie nord-coréenne.
Cependant, cette fusillade est différente, Pyongyang n'ayant pas encore confirmé s'il s'agissait d'un acte « accidentel ». Il est donc possible que les récentes actions de la Corée du Nord aient été calculées ou qu'elle ait profité de cet « incident » pour véhiculer un message caché.
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Les médias d'État nord-coréens ont publié des images du dirigeant Kim Jong-un coupant le ruban pour inaugurer une usine d'engrais dans la ville de Sunchon le 1er mai. Photo : Reuters |
Cette estimation n'est pas sans fondement, car la fusillade à la frontière intercoréenne a eu lieu juste après l'annonce de la « réapparition » du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un après 21 jours d'absence, suscitant de nombreuses spéculations sur son état de santé.
Des images publiées par KCNA montrent M. Kim, vêtu de la chemise typique des dirigeants de Pyongyang, tenant des ciseaux pour couper un ruban rouge lors de la cérémonie d'inauguration de l'usine d'engrais Sunchon à Sunchon City, à environ 50 km au nord de la capitale Pyongyang. À ses côtés se trouvent de hauts responsables nord-coréens et sa sœur Kim Yo-jong. La couverture médiatique nord-coréenne des activités du dirigeant Kim Jong-un a quelque peu dissipé les rumeurs précédentes. De plus, la fusillade à la frontière devrait « orienter » l'attention de l'opinion publique internationale dans une autre direction, dissipant ainsi complètement les spéculations concernant le dirigeant nord-coréen.
Pas d’escalade des tensions
Bien qu'il n'y ait eu ni victimes ni dégâts, les responsables militaires sud-coréens ont confirmé que la fusillade à la frontière nord-coréenne suscitait des inquiétudes et créait de nouvelles tensions susceptibles de compromettre les efforts de reprise des négociations nucléaires sur la péninsule coréenne. Cependant, compte tenu de l'ampleur et de la nature de l'incident, cette récente fusillade n'aggravera pas les tensions entre la Corée du Sud et la Corée du Nord et ne conduira pas à de nouvelles actions militaires. En réalité, susciter des tensions avec la Corée du Sud en ce moment est totalement désavantageux pour Pyongyang.
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Kim Jong-un est apparu pour la première fois après plus de vingt jours d'absence. Photo : AFP |
Bien que la Corée du Nord privilégie toujours le dialogue direct avec les États-Unis, les négociations n'ont pas encore progressé. Actuellement, les États-Unis se concentrent sur les élections de fin d'année et, que le président Donald Trump soit réélu ou non, la question nord-coréenne risque d'être suspendue par Washington jusqu'à la fin des élections. Par conséquent, pendant cette période, la Corée du Nord doit absolument coopérer avec la Corée du Sud pour promouvoir son développement économique. Par ailleurs, le maintien des relations avec Séoul permet également d'attendre le moment opportun pour reprendre le dialogue entre les États-Unis et la Corée du Nord.
De plus, du côté coréen, depuis son entrée en fonction, le président Moon Jae-in a toujours prôné une résolution pacifique des relations intercoréennes, fondée sur le dialogue et non sur la confrontation. La victoire écrasante du parti au pouvoir du président sud-coréen Moon Jae-in aux élections de mi-avril garantit également que la Corée du Sud maintiendra une attitude conciliante envers la Corée du Nord dans les temps à venir. Par conséquent, les deux parties ne laisseront certainement pas des incidents mineurs influencer les décisions majeures.
Selon certains observateurs, l'absence du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, son retour soudain et les tirs à la frontière pourraient n'être que des manœuvres visant à attirer l'attention de l'opinion publique internationale, et notamment des États-Unis. La Corée du Nord a jusqu'ici fait preuve de retenue, cherchant à créer un climat de dialogue avec les États-Unis au sujet de son programme nucléaire. L'objectif de Pyongyang est d'exhorter Washington à lever les sanctions qui entravent l'économie du pays.
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Le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un se rencontrent à Panmunjom en avril 2018. Photo : Reuters |
Cependant, comme elle doit se concentrer sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 et sur les questions intérieures avant la course à la Maison Blanche plus tard cette année, il semble que l'administration du président Donald Trump ne donne plus la priorité au dialogue avec Pyongyang à l'heure actuelle, bien que Washington ait jusqu'à présent affirmé son objectif de dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Il n'est donc pas surprenant que la Corée du Nord soit de plus en plus impatiente, car plus les négociations stagnent, plus elles seront désavantageuses. Elle doit donc constamment « envoyer » des messages pressants aux États-Unis, avec ses précédents tirs de missiles ou ses récentes actions accrocheuses.