Jouer de la mandoline pour célébrer la fête nationale en prison

September 2, 2017 09:10

(Baonghean) - Âgé de 86 ans, 67 ans d'adhésion au Parti, ayant subi l'emprisonnement dans des prisons coloniales et impérialistes, M. Nguyen Duy Nhon n'oubliera jamais le moment où il a célébré la fête de l'indépendance dans la prison de Cam Ranh.

Arrivés au hameau de Kim Hoa, commune de Vo Liet (Thanh Chuong), suivant les indications, nous avons traversé les champs qui commençaient à mûrir, emprunté des chemins sinueux et entendu le son des mandolines s'échapper de la maison de M. Nguyen Duy Nhon (né en 1931). Devant le porche, M. Nhon était absorbé par sa guitare, ses vieux doigts faisant encore preuve d'une dextérité et d'un talent remarquables.

L'invité s'approcha très près, ses doigts quittèrent momentanément la guitare et il lança un regard amical : « Ces derniers temps, j'ai l'impression de vivre dans la nostalgie des années lointaines, quand j'étais adolescent, puis que je me suis engagé dans l'armée, que j'ai été capturé par l'ennemi et que j'ai joyeusement célébré la fête nationale en prison... »

1.Ông Nguyễn Duy Nhơn tìm niềm vui bên cây đàn măng – đô – lin (Ảnh: Công Kiên)
M. Nguyen Duy Nhon trouve de la joie avec sa mandoline. Photo de : Cong Kien

Le père de M. Nhon était originaire de la commune de Dong Van (Thanh Chuong), sa mère de Quang Tri. Né à Quy Nhon, il reçut de ses parents le nom de cette ville. Durant le soulèvement général, le jeune garçon, encore à l'école primaire, suivait avec attention les événements qui se déroulaient à Quy Nhon.

Les deux frères rejoignirent bientôt les rangs révolutionnaires, suivant le mouvement de lutte des masses. Sans comprendre ce qu'était une révolution, l'étudiant Nguyen Duy Nhon se mêla néanmoins à la foule pour participer au combat. En écoutant les discours, il comprit peu à peu que désormais, la vie d'esclavage serait abolie, le pays serait libre, sans oppression ni exploitation.

À l'âge de 19 ans, Nguyen Duy Nhon s'engage dans l'armée et combat avec son unité dans la région montagneuse de Quang Tri occidental. La même année, il est admis au Parti. Début 1952, lors d'un raid dans le district de Phong Dien, en raison de l'infériorité numérique des forces ennemies, son unité subit de lourdes pertes et il tombe aux mains de l'ennemi.

2.Cuốn sổ ghi chép – kỷ vật từ thời bị giam giữ trong nhà tù đế quốc của ông Nguyễn Duy Nhơn. Ảnh: Công Kiên
2. Le carnet – un souvenir de l'époque où Nguyen Duy Nhon était emprisonné dans la prison impériale. Photo : Cong Kien

L'ennemi eut recours à la torture pour lui soutirer des informations, mais il ne révéla pas un mot. Il fut donc transféré successivement à la prison de Hué, puis à Da Nang et enfin à Cam Ranh (Khanh Hoa). En prison, les soldats communistes poursuivirent leur lutte pour obtenir de meilleurs repas, des soins médicaux, une éducation culturelle et des divertissements lors des fêtes traditionnelles.

« De toute ma vie, je n’oublierai jamais la célébration du 8e anniversaire de l’indépendance à la prison de Cam Ranh. Il n’y avait ni festin fastueux, ni slogans, ni haut-parleurs, mais les prisonniers ont passé une journée véritablement joyeuse. Les Français n’ont pu qu’admirer le patriotisme du peuple vietnamien », a confié M. Nhon.

C'était en 1953, au début de l'automne. Les frères discutèrent du plan pour célébrer la fête de l'Indépendance et tromper les gardiens de prison. Ils convinrent d'organiser la Fête de la Pleine Lune et la Fête de Vu Lan sous le nom de « Juillet ». Chacun se chargea d'une tâche : certains fabriquaient des instruments de musique, d'autres installaient le décor, d'autres encore découpaient des lettres, confectionnaient des motifs décoratifs et répétaient des numéros de théâtre. Monsieur Nhon, quant à lui, se consacra à la fabrication de la mandoline.

Le jour convenu, les frères envoyèrent quelqu'un inviter les représentants de la prison à la cérémonie. L'officier français arriva et fut émerveillé par la splendeur du décor, les lettres et motifs colorés qui l'ornaient, ainsi que par la décoration de l'entrée et les instruments de musique artisanaux qui jouaient des mélodies passionnées et majestueuses.

Les frères expliquèrent que le décor était fait de morceaux de toile de récupération ; les lettres et les motifs, de carton ; les couleurs, d’un mélange de pilules écrasées et d’eau. La mandoline, quant à elle, était fabriquée avec des morceaux de bois trouvés dans la cour et du fil de fer près de la clôture ; la flûte, avec des feuilles de fer-blanc roulées et perforées.

En entendant cela, l'officier français ouvrit la bouche de surprise, puis retourna dans sa chambre chercher son appareil photo pour immortaliser les « œuvres » créées par les mains des prisonniers communistes.

3.Đoàn đại biểu các tỉnh, Thành phố: Hà Nội, Nghệ An, Hà Tĩnh, Quảng Bình, Thừa Thiên – Huế, Đà Nẵng, TP. Hồ Chí Minh về Cam Ranh thăm trại giam cũ (ảnh tư liệu)
Des délégations des provinces et villes de Hanoï, Nghệ An, Hộn Tịnh, Quảng Bộnh, Thua Thiện-Huế, Da Nang et Hô Chi Minh-Ville se sont rendues à Cam Ranh pour visiter l'ancienne prison. Photo : Archives

Les frères, alignés face au Nord, la bouche comme en prière, fredonnaient en réalité l'hymne national, animés par la même ferveur envers le drapeau et la même détermination à défendre leur patrie. Les Français, devinant eux aussi le but de la cérémonie, secouèrent la tête. La musique de la guitare, de la flûte et des chants résonna, tous se joignirent au rythme, et l'officier français Hai fit le tour de l'assemblée en serrant la main de chacun.

Près d'un an plus tard, le 25 août 1954, conformément aux dispositions des accords de Genève, M. Nguyen Duy Nhon fut renvoyé par la France à Quy Nhon, sa ville natale. Il suivit ensuite son unité vers le Nord, changea de profession, puis retourna à Thanh Chuong pour travailler dans la production et participer à des actions sociales au niveau communal.

Le seul souvenir que M. Nhon conserve de ses années de prison est un petit carnet d'une centaine de pages, dans lequel ses codétenus ont consigné leurs sentiments. Le carnet est décoloré, la plupart des pages sont illisibles, mais les sentiments que les anciens prisonniers éprouvaient les uns pour les autres restent intacts.

M. Nhon a confié : « Je suis retourné plusieurs fois à Cam Ranh pour visiter l'ancien camp de prisonniers, et à chaque fois, je suis submergé par l'émotion en repensant à mes camarades d'antan. Le souvenir le plus marquant reste la célébration de la fête de l'Indépendance, le 8e anniversaire de la fête nationale du pays, 64 ans après… ».

Cong Kien

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