TikTok fait face à des poursuites judiciaires dans de nombreux pays du monde entier.

TikTok subit des pressions de la part de pays du monde entier. En Russie, l'application a été condamnée à une amende pour ne pas avoir supprimé de contenus interdits. En Roumanie, les résultats de l'élection présidentielle ont été annulés, car on craignait que TikTok ne soit utilisé pour diffuser une influence étrangère.

Parallèlement, l'Albanie a interdit TikTok pour un an suite à un incident très médiatisé au cours duquel un adolescent a été poignardé à mort après une dispute en ligne. « Soit TikTok protège les enfants albanais, soit l'Albanie protégera les enfants de TikTok », a déclaré le Premier ministre Edi Rama sur la plateforme de médias sociaux X.

Aux États-Unis, où TikTok compte environ 150 millions d'utilisateurs, l'application et sa société mère chinoise ByteDance ont déposé une requête auprès de la Cour suprême pour faire invalider une loi qui pourrait entraîner une vente forcée ou une interdiction pure et simple de TikTok.

Ces dernières années, TikTok a subi une pression juridique et politique croissante à l'échelle mondiale, l'application étant totalement ou partiellement interdite dans au moins 20 pays, les gouvernements s'inquiétant de ses liens étroits avec la Chine et de son influence grandissante, notamment auprès des jeunes générations.

Malgré les critiques et l'attention médiatique intense dont elle fait l'objet, TikTok a conservé son attrait mondial. L'application compte actuellement plus d'un milliard d'utilisateurs actifs mensuels et est devenue un élément incontournable du quotidien numérique de nombreuses personnes.

De nombreux pays s'inquiètent des risques potentiels que TikTok pourrait engendrer.

Du Montana à la Nouvelle-Zélande, les autorités ont mis en garde contre les risques potentiels que TikTok pourrait engendrer, notamment l'incitation à la violence, la diffusion de fausses informations et un impact négatif sur la santé mentale.

Par ailleurs, des législateurs ont exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité que TikTok partage des données d'utilisateurs, telles que la localisation et l'historique de navigation, avec le gouvernement chinois, soulevant de graves préoccupations en matière de confidentialité et de sécurité.

Le Premier ministre albanais, Edi Rama, a souligné que « les jeunes doivent être protégés des pièges terrifiants des algorithmes » et a exprimé un point de vue clair sur la responsabilité de protéger la jeune génération des effets négatifs potentiels de la plateforme.

TikTok a minimisé les inquiétudes concernant l'application, les jugeant exagérées. Dans un communiqué, l'entreprise a déclaré disposer d'équipes dédiées à la prévention des opérations d'influence indésirables, et ce, en toute transparence. L'algorithme de TikTok est conçu pour « garantir la neutralité du contenu », classant les publications en fonction des centres d'intérêt exprimés par les utilisateurs, et non selon des préjugés.

L'entreprise a également souligné que ByteDance, la société mère de TikTok, est détenue majoritairement par des investisseurs internationaux. Cependant, le gouvernement chinois a déclaré se réserver le droit de s'opposer à tout transfert ou vente de TikTok, ce qui a exacerbé les tensions dans le débat international.

TikTok représente une arme à double tranchant pour les entreprises chinoises dans le paysage commercial mondial. L'application a non seulement prouvé qu'un nouveau modèle de divertissement, né en Chine, pouvait trouver un écho international, mais elle est aussi devenue un objet de controverses.

La controverse s'est également étendue à d'autres applications chinoises importantes comme les plateformes de commerce électronique Temu et Shein, soulevant des questions sur la confidentialité, la sécurité des données et la concurrence sur le marché mondial.

« Il semble qu’aujourd’hui, chaque entrepreneur chinois doive se doter de connaissances en sciences politiques ou en relations internationales pour pouvoir naviguer sur la voie à venir », a déclaré Kevin Xu, fondateur d’Interconnected Capital, un fonds spéculatif basé aux États-Unis qui investit dans la technologie de l’intelligence artificielle (IA).

Par ailleurs, Jianggan Li, PDG de Momentum Works, un cabinet de conseil basé à Singapour, a souligné que d'autres entreprises mondiales de produits Internet, telles que Meta et Google, font également l'objet d'un examen attentif de la part de nombreux pays.

Mais en tant qu'entreprises américaines, elles ne font pas face au même niveau de suspicion que TikTok aux yeux des politiciens et des régulateurs occidentaux, a souligné M. Li.

Ces commentaires mettent en lumière les défis uniques auxquels sont confrontés TikTok et d'autres entreprises technologiques chinoises dans le cadre de leur expansion mondiale, au sein de relations internationales de plus en plus complexes.

Inde et NépalInterdire complètement TikTok

Une interdiction aux États-Unis pourrait priver TikTok de l'un de ses marchés les plus importants. Mais TikTok a déjà subi des pertes bien plus graves par le passé, en perdant sa plus grande base d'utilisateurs. En 2020, le gouvernement indien a interdit TikTok après que les tensions géopolitiques latentes entre l'Inde et la Chine ont dégénéré en conflit militaire à leur frontière commune.

Suite à l'interdiction, TikTok a été retiré des plateformes de téléchargement et son site web officiel a été bloqué, contraignant les créateurs qui dépendaient de l'application pour vivre à se tourner vers d'autres plateformes afin de reconstituer leur audience. Si quelques alternatives locales ont émergé, les principaux bénéficiaires ont été les géants technologiques américains. YouTube et Instagram comptent désormais deux fois plus d'utilisateurs en Inde qu'aux États-Unis.

Au Népal voisin, TikTok a également été interdit pendant près d'un an car l'application refusait de restreindre ce que le gouvernement considérait comme des « discours de haine » portant atteinte à « l'harmonie sociale ». L'interdiction a finalement été levée en août 2024, après que le Premier ministre KP Sharma Oli a pris ses fonctions pour la quatrième fois et s'est emparé des rênes du gouvernement.

La Russie et l'IndonésieAmendes et coopération forcéeavec des entreprises locales

Le gouvernement russe a infligé à plusieurs reprises des amendes à TikTok pour avoir autorisé la diffusion de contenus enfreignant la stricte censure du pays, notamment sur des sujets sensibles comme le sexe, le genre et le féminisme. Les deux amendes les plus récentes, prononcées par les tribunaux russes au cours des six derniers mois, s'élèvent à environ 90 000 dollars.

Parallèlement, en Indonésie, le plus grand pays d'Asie du Sud-Est, TikTok a lancé un service d'achat en ligne, espérant ainsi générer de nouveaux revenus. L'Indonésie compte un nombre d'utilisateurs de TikTok comparable à celui des États-Unis, ce qui témoigne de l'immense potentiel de ce marché. Cependant, en 2023, le gouvernement indonésien a adopté une loi contraignant TikTok à cesser ses activités d'achat en ligne sous quelques jours.

Pour survivre, TikTok a été contraint de fusionner sa division de vente en ligne avec Tokopedia, la plus grande entreprise de commerce électronique d'Indonésie. Cette décision a plongé de nombreux propriétaires de boutiques TikTok dans la difficulté de reconstituer leur clientèle.

Pour TikTok, ce défi présente toutefois un avantage considérable : l’accès au solide réseau logistique de Tokopedia, comprenant une flotte de chauffeurs-livreurs et des services d’expédition optimisés pour livrer des marchandises à travers les 17 000 îles indonésiennes.

Taïwan, le Royaume-Uni, le Canada et d'autres paysTikTok bloqué sur les appareils gouvernementaux

Certains gouvernements tentent de concilier les préoccupations sécuritaires liées à TikTok et la protection de la liberté d'expression.

À Taïwan, l'application est interdite sur les appareils gouvernementaux depuis 2019. Cependant, les autorités affirment n'avoir aucun projet d'interdiction générale, car cela pourrait nuire à la culture particulière du débat public dans le pays.

De même, des pays comme le Royaume-Uni, l'Australie, la France, ainsi que l'exécutif de l'Union européenne et le Parlement néo-zélandais, ont également imposé des restrictions modérées.

Au Canada, TikTok a été interdit sur les appareils mobiles fournis par le gouvernement, en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale dues à ses liens avec ByteDance. En novembre dernier, le gouvernement canadien a également ordonné à TikTok de fermer ses bureaux au pays.

Dans un document déposé le mois dernier devant un tribunal canadien pour contester les interdictions, TikTok a déclaré que le gouvernement avait demandé à l'entreprise de retarder la finalisation des procédures juridiques pertinentes, dans l'attente d'une décision finale des États-Unis sur la manière de procéder avec l'entreprise.

Ces mesures témoignent des efforts déployés par les pays pour trouver un équilibre entre la protection de la sécurité nationale et le respect des valeurs de la liberté d'expression, tout en relevant les défis posés par TikTok dans un contexte politique international de plus en plus complexe.