Visite du président français en Chine : évitez d’être un perdant !
(Baonghean) - Alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ne s'est pas calmée, le président français Emmanuel Macron cherche une direction différente dans ses relations avec Pékin.
Le deuxième voyage de M. Macron en Chine, à partir du 4 novembre, est considéré comme un déplacement chargé de lourdes responsabilités, non seulement pour protéger les intérêts de la France, mais aussi de l'Europe. Outre la recherche d'accords de coopération commerciale bilatéraux, le président Macron souhaite également obtenir l'assurance que l'Europe ne sera pas perdante et ne subira pas de lourdes pertes dans la guerre commerciale sino-américaine.
Transformez les défis en opportunités
Durant la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, la France, comme les dirigeants européens, craignent que ce bloc ne soit le plus durement touché. Face à un président Donald Trump prônant « l'Amérique d'abord », l'Europe comprend que, même avec des alliés, Trump n'a pas peur. Surtout si un accord commercial est conclu prochainement entre les États-Unis et la Chine, accord qui ne tiendrait pas compte des intérêts européens.
Ainsi, au lieu de s'inquiéter, les pays européens ont secrètement transformé les tensions sino-américaines en opportunités de coopération accrue avec la Chine. La France, l'un des principaux pays européens, met activement en œuvre cette stratégie. La visite du président français Macron en Chine a également permis d'aborder les objectifs et les motivations de la coopération économique et commerciale. La délégation qui accompagne le président Macron compte cette fois 30 entreprises de divers secteurs.
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Le président Macron s'exprime à Xi'an le 8 janvier. Photo : Reuters |
Parmi les destinations phares, le président Macron participera à l'Exposition internationale d'importation de Chine à Shanghai. Ce salon attire 63 pays et plus de 3 000 entreprises venues d'environ 150 pays et régions. Ce sera l'occasion pour les entreprises françaises de rechercher des contrats avec des partenaires de qualité.
En outre, il est prévu que la France et la Chine signent également environ 30 à 40 accords de coopération sur une série de questions, allant de l'économie et du commerce à l'agriculture, au tourisme, à l'énergie, à l'aviation, à la santé, etc. Actuellement, la Chine est le 7ème marché d'exportation et le 2ème marché d'importation de la France.
Les deux parties sont également optimistes quant à la conclusion d'un accord d'investissement Chine-UE par voie de négociation. Comme chacun s'en souvient, le président Macron a joué un rôle clé dans l'élaboration de la nouvelle stratégie de l'Union européenne à l'égard de la Chine. M. Macron a également prononcé un discours remarquable à Xi'an en 2018, dans lequel il a affirmé que l'approche de Pékin envers le marché européen, à travers l'initiative « Ceinture et Route », ne pouvait être à sens unique.
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Le 21e sommet entre la Chine et l’Union européenne (UE) a eu lieu en avril 2019 à Bruxelles (Belgique). |
C'est pourquoi, lors du 21e sommet Chine-UE qui s'est tenu à Bruxelles (Belgique) en avril dernier, les deux parties ont publié une déclaration commune dans laquelle elles s'engagent à réaliser les progrès décisifs nécessaires pour parvenir à un accord d'investissement Chine-UE de plus haut niveau d'ici 2020. Quant au président français, M. Macron était autrefois considéré comme menant une politique étrangère pragmatique dans les relations sino-européennes. Bien qu'alliée des États-Unis, la France souhaite renforcer ses relations avec Pékin, créant ainsi des conditions de concurrence plus équitables pour les entreprises européennes en Chine. En témoigne le fait que, ces derniers temps, la France a appelé à plusieurs reprises Pékin à ouvrir davantage son marché, en mettant l'accent sur la transparence et en mettant fin aux subventions déloyales pour les entreprises nationales.
La France est-elle naïve ?
Tandis que la France cherche à conclure des accords de coopération bilatéraux, à renforcer sa position politique et à affirmer une Europe unie dans le chaos de la guerre commerciale sino-américaine, Pékin poursuit également ses propres objectifs stratégiques. La réception solennelle, le dîner privé et l'entretien entre le président français et le président Xi Jinping lors de cette visite témoignent de l'importance accordée par Pékin à Paris. De toute évidence, la diversification des relations de coopération est la voie privilégiée par la Chine pour minimiser les dommages causés par la guerre commerciale avec les États-Unis. Pékin souhaite également utiliser la France pour honorer son engagement en faveur du multilatéralisme et faire passer un message à la politique « America First » du président Donald Trump.
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Le président français Emmanuel Macron et le président chinois Xi Jinping. Photo : Reuters |
Cependant, le président Macron doit également reconnaître la réalité selon laquelle, jusqu’à présent, de nombreuses industries de haute technologie liées au secteur de la défense français ont encore été limitées dans leur coopération en raison de l’embargo sur les armes imposé par l’UE à la Chine depuis 1989.
De plus, de nombreuses entreprises françaises et européennes ont été contraintes de se retirer de cet important marché asiatique en raison de la situation difficile en Chine. De plus, les experts affirment que la France se méfie également d'une « attaque technologique » de la Chine visant à ravir la position de leader technologique détenue par les États-Unis. Selon de nombreuses sources, les services de renseignement français ont découvert ces dernières années de nombreux cas d'espionnage et de piratage informatique au sein de grandes entreprises françaises, originaires ou liées à la Chine.
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Bien qu'il ait affirmé qu'il ne boycotterait pas Huawei, il est clair que les pirates informatiques constituent l'un des problèmes auxquels le président français Macron doit prêter attention dans ses relations avec la Chine. Photo : Bloomberg |
Compte tenu de ces réalités et de ces obstacles, les experts estiment qu'outre les questions essentielles de coopération commerciale et économique ou quelques autres accords mineurs, l'opinion publique ne devrait pas attendre trop de résultats de la visite du président français Macron en Chine cette fois-ci. Car, en raison de leurs préoccupations économiques et commerciales communes, les deux parties éviteront certainement une série de sujets tels que les droits de l'homme, l'armée ou le piratage informatique.
Cependant, d'autres opinions circulent, estimant que la France et l'Europe semblent trop « naïves » pour croire que la Chine peut coopérer pleinement pour lutter contre les États-Unis. Le président Macron a pourtant affirmé dans un communiqué que la France et l'Europe savent comment gérer leurs relations avec la Chine et ne sont pas « naïves » comme certains le pensent.
Mais il est clair que les intérêts nationaux et la politique étrangère pragmatique de la France auront besoin de temps pour porter leurs fruits. Au moins jusqu'à ce que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine prenne progressivement fin !