Le combat difficile du Premier ministre turc

March 7, 2014 14:25

(Baonghean) – En mars prochain, la Turquie organisera des élections locales, une étape cruciale avant l'élection présidentielle d'août et les élections législatives de l'année suivante. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé être prêt à démissionner si son parti, le Parti de la justice et du développement (AKP), échoue lors de ces élections locales. Ces déclarations témoignent de la pression croissante qui pèse sur M. Erdogan et sur son parti face à la vague de colère qui déferle sur le pays. Les analystes estiment que les campagnes anti-Erdogan, qui durent depuis l'année dernière, ne sont que le début d'une période difficile pour ce dirigeant.

Thủ tướng Erdogan.
Premier ministre Erdogan.

Le Premier ministre Erdogan fait face à une vague de manifestations réclamant sa démission après la diffusion sur Internet d'un enregistrement d'une conversation entre lui et son fils concernant un plan visant à dissimuler d'importantes sommes d'argent. Cette conversation a eu lieu alors que la police menait des perquisitions dans plusieurs lieux dans le cadre d'une vaste enquête anticorruption visant des personnalités considérées comme des proches du Premier ministre. La pression sur M. Erdogan pour qu'il démissionne s'est accrue après la promulgation, le 26 février, par le président Abdullah Gül, d'une loi renforçant le contrôle de l'État sur le pouvoir judiciaire, un texte perçu comme une réponse à l'enquête anticorruption.

D'après de récents sondages, la popularité du Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdoğan a chuté à 36,5 %, contre 50 % lors des élections législatives de 2011. Depuis son arrivée au pouvoir il y a douze ans, il s'agit du plus grand défi auquel Erdoğan ait été confronté à l'approche des élections locales. Cette baisse de popularité s'explique par le vaste scandale de corruption révélé l'an dernier, impliquant les enfants de hauts fonctionnaires, la Banque d'État et même le fils du Premier ministre. La récente révélation de l'enregistrement audio serait la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ravivant la frustration et la colère dans les rues de Turquie, où l'on croit qu'Erdoğan cherche à étouffer les accusations de corruption. Ces nouveaux scandales risquent d'affaiblir le soutien au KDP lors des élections locales et de compromettre les chances de M. Erdoğan d'être élu président au suffrage universel direct plus tard cette année.

Il est indéniable que M. Erdogan est le dirigeant turc le plus en vue de ces dernières décennies. Mais aujourd'hui, il fait face à de nombreux défis. Bien qu'il ait retiré certaines dispositions importantes des projets de loi controversés de réforme judiciaire, une mesure perçue comme une tentative de désescalade face aux revendications des manifestants, la vague de protestations exigeant sa démission dans plusieurs grandes villes turques ces derniers jours ne s'est pas apaisée, nuisant à l'image et à la stabilité du pays. Tant que la crise perdurera, les électeurs ne l'éliront certainement pas président, même s'ils ont voté à trois reprises pour le Parti de la justice et du développement (AKP) afin de le maintenir au poste de Premier ministre depuis 2002. Cette instabilité politique a engendré une autre difficulté pour M. Erdogan : le déclin de l'économie, la livre turque ayant chuté à son plus bas niveau historique et la bourse d'Istanbul poursuivant sa chute.

Il est toutefois prématuré, à ce stade, de porter un jugement sur le déclin politique de ce Premier ministre de 60 ans, notamment en raison de l'absence actuelle de figure politique prometteuse en Turquie. Néanmoins, l'avenir politique de M. Erdogan est plus précaire et dangereux que jamais, et sa capacité à gérer la crise face à la campagne qu'il qualifie de complot visant à discréditer le gouvernement sera déterminante dans sa capacité à s'en sortir.

Thuy Ngoc

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