Corée du Nord : la « carte stratégique » de Trump dans la course à la réélection à la Maison Blanche ?
(Baonghean) - Négocier avec la Corée du Nord est la voie choisie par le président Donald Trump pour promouvoir le processus de dénucléarisation complète de la péninsule. Après deux sommets sans accord, le dirigeant américain semble avoir échoué. Cependant, la Corée du Nord pourrait désormais être l'atout stratégique du président Trump pour relancer sa campagne de réélection à la Maison Blanche.
Troisième sommet Trump-Kim ?
Selon les récents sondages, la crise du président Trump est devenue un « cadeau » pour son adversaire Joe Biden. Les résultats du New York Times montrent que Joe Biden devance Donald Trump de 14 % à l'échelle nationale, avec notamment une avance de 22 points auprès des électrices et de 33 points auprès des indépendants. Le président sortant est critiqué pour son incapacité à contrôler la Covid-19, l'économie dévastée et son manque d'empathie envers le public.
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Le président Donald Trump et le dirigeant Kim Jong-un lors du sommet de Hanoï en février 2019. Photo : Reuters |
Dans ce contexte, la reprise des négociations sur le désarmement nucléaire avec la Corée du Nord est considérée comme une avancée diplomatique, contribuant à restaurer la confiance des électeurs envers Trump. Cette idée est appelée « surprise d'octobre ». Il s'agit d'une stratégie courante des candidats à l'élection présidentielle américaine, visant à obtenir le soutien des électeurs juste avant le vote du 3 novembre. Cette initiative du président Trump a été évoquée par John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale, dans ses mémoires.
« Si le président estime qu’il est en trop grande difficulté, un autre sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un pourrait à nouveau renverser la situation. »
Dans ses tweets, le président Trump a évoqué à plusieurs reprises la prochaine rencontre avec le dirigeant nord-coréen et exprimé son souhait de « se revoir bientôt ». Ironiquement, la Corée du Nord ne semble pas intéressée par le jeu politique américain. Le gouvernement de Pyongyang ne ressent aucune nécessité d'affronter Washington, car il ne considère le dialogue bilatéral que comme « un outil pour gérer la crise politique intérieure ».
La Corée du Nord a clairement indiqué qu'elle adopterait une « nouvelle approche » face aux sanctions, à moins que les États-Unis ne proposent une « méthode de calcul différente » acceptable pour Pyongyang. Malgré les revers économiques causés par les sanctions internationales et l'impact de la pandémie, la Corée du Nord continue d'étendre et de perfectionner son arsenal stratégique.
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Les négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord sont dans l'impasse, les deux parties conservant une position intransigeante sur la question nucléaire. Photo : Reuters |
Bien que la Corée du Nord ait maintenu une position ferme selon laquelle un nouveau sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord serait « inutile pour Pyongyang », les experts affirment que le dirigeant Kim Jong-un favoriserait Trump plutôt que Joe Biden. La politique nord-coréenne de Biden semble se concentrer sur le renforcement des sanctions et de l'alliance militaire entre les États-Unis et la Corée du Sud. Un second mandat du président Trump pourrait donc être un avantage pour la Corée du Nord. Pour la Corée du Nord, s'il était réélu, le président Trump serait disposé à conclure un accord.
Une quatrième rencontre entre Trump et Kim n'est pas impossible. Traditionnellement, un président américain ne s'engage pas dans de telles négociations internationales avant une élection. Mais Trump semble déterminé à aller au-delà du scénario prévu.
Le rôle de la relation « triangulaire »
De nombreux experts estiment que les problèmes liés à la Corée du Nord ne peuvent être durables et significatifs sans le rôle important de la Chine, le plus grand partenaire commercial et allié de Pyongyang, en particulier lorsque la Corée du Nord subit une forte pression des sanctions de l'ONU.
La Corée du Nord, d’un côté, ne veut pas nuire à ses relations avec son puissant voisin la Chine, mais de l’autre, elle veut améliorer ses relations avec les États-Unis dans l’espoir d’échapper aux sanctions internationales qui étranglent son économie.
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Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un rencontre le président américain Donald Trump dans la zone démilitarisée coréenne en juin 2019. Photo : New York Times |
La Chine partage une frontière de 1 400 kilomètres avec la Corée du Nord et est le seul pays à avoir conclu un traité d'aide et de coopération juridiquement contraignant avec Pyongyang. Cette relation confère à la Chine plus d'influence sur la Corée du Nord que tout autre pays, a déclaré Ma Sang-yoon, professeur de relations internationales à l'Université catholique de Corée à Séoul.
La Chine s'est montrée réticente à se joindre aux sanctions internationales contre la Corée du Nord. Mais si la confrontation entre les États-Unis et la Chine continue de s'intensifier, Pékin pourrait utiliser la Corée du Nord comme monnaie d'échange contre les États-Unis et leurs alliés. Certains experts estiment également que l'accent mis par l'administration Trump sur la maîtrise de la Chine pourrait permettre à Pyongyang de faire pression sur Washington pour obtenir des concessions et un allègement des sanctions, ce qu'il n'a pas réussi à obtenir lors des précédents sommets.
La Corée du Nord, qui dépend fortement de la Chine pour ses échanges commerciaux vitaux, est parfaitement consciente de son importance croissante pour la Chine, ce qui signifie qu’elle traitera la Chine comme une superpuissance nucléaire.
De plus, la Corée du Nord représente une zone tampon précieuse pour la Chine. Pyongyang s'attachera donc à exploiter cet avantage, notamment dans un contexte de concurrence de plus en plus féroce entre les États-Unis et la Chine. Autrement dit, l'hostilité entre les deux pays renforcera la position de la Corée du Nord, rendant difficile pour les États-Unis et leurs alliés de faire pression sur Pyongyang pour obtenir des concessions.
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Le président Trump a fait campagne à Tulsa. Photo : Politico |
Alors que le président Trump est aux prises avec une série de défaites dans les sondages américains, la Corée du Nord va inévitablement réévaluer ses plans, y compris un retour possible à des actions toujours plus provocatrices, une tactique classique de Pyongyang qu'elle utilise comme levier pour dissuader les pays de la région et les alliés des États-Unis.
« Le dirigeant Kim Jong-un pourrait réserver au président Trump une « surprise d’octobre », mais d’une manière différente : une série de tests de missiles. »
On peut dire que la « surprise d’octobre » avec le troisième sommet États-Unis-Corée du Nord ne pourra pas avoir lieu si la Corée du Nord n’est pas prête à faire des compromis, ce dont le président Donald Trump a urgemment besoin dans ses efforts pour remporter un second mandat.