La Chine interdit les importations d'ivoire sculpté pendant un an

(Baonghean) - En réponse aux vives critiques sur la « perte de contrôle » du commerce de l'ivoire en Chine, le gouvernement de Pékin a récemment décrété une interdiction d'un an sur l'importation d'ivoire sculpté pour apaiser l'opinion publique internationale.

Bien que signataire de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), la Chine demeure le premier consommateur mondial d'ivoire de contrebande. Cependant, la vente d'ivoire sculpté y est toujours considérée comme légale. En effet, la sculpture sur ivoire est un art ancien en Chine. Les sculptures complexes en ivoire sont très prisées des collectionneurs et constituent donc un investissement précieux pour les commerçants.

Sculptures en ivoire illégales exposées lors d'une conférence à New York. Photo : Reuters

Cependant, la demande croissante de sculptures en ivoire entraîne chaque année le massacre de dizaines de milliers d'éléphants en Afrique. En décembre 2014, un rapport de l'ONG Save the Elephant et de la Fondation Aspinall estimait que plus de 100 000 éléphants avaient été tués entre 2010 et 2012. Les organisations affirmaient que la principale cause de cette situation était la forte demande d'ivoire en Chine. Ainsi, le prix de l'ivoire « brut » en Chine est passé de 550 euros le kg en 2010 à 1 540 euros en 2014.

En réaction à l'interdiction chinoise, Douglas-Hamilton, fondatrice de Save the Elephants, s'est montrée plutôt optimiste quant à cette décision. Selon Douglas, l'interdiction constitue « une avancée importante et reflète la prise de conscience croissante en Chine de son rôle dans la consommation d'ivoire ». Contrairement à l'optimisme de Douglas, Sammi Li, porte-parole du Wildlife Trade Monitoring Network, est moins confiant quant à l'interdiction chinoise. Sammi Li a déclaré que si l'interdiction constitue « une reconnaissance du rôle de la Chine dans le commerce illégal de l'ivoire », alors la décision est « plus symbolique qu'efficace ».

Selon un journal chinois, 800 à 900 cas de contrebande d'ivoire sont découverts chaque année en Chine. Pékin a également fermé au moins dix usines illégales de traitement de l'ivoire et emprisonné des centaines de contrebandiers. Cependant, les ONG affirment que ces chiffres ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. En mai 2013, on comptait 37 entreprises spécialisées dans la sculpture de l'ivoire et 145 entreprises commercialisant ce type de produit. Il n'est donc pas surprenant que de nombreuses ONG doutent de la récente interdiction chinoise.

Chu Thanh

(Selon LeMonde)