La Chine répond aux tarifs douaniers américains en lançant une enquête antitrust sur Google
La Chine a officiellement lancé une enquête antitrust sur Google et imposé des droits de douane en réponse à la décision américaine d'imposer un droit de douane de 10 % sur les marchandises importées du pays.
Dans une brève annonce publiée sur son site officiel le 4 février, le régulateur du marché chinois a déclaré avoir ouvert une enquête anti-monopole sur le géant américain de la recherche sur Internet.
Cette décision marque une escalade des tensions commerciales entre les deux plus grandes économies du monde, alors que Pékin cible non seulement le secteur technologique mais utilise également la politique fiscale comme un outil puissant pour répondre à la pression de Washington.
Google, qui a retiré son moteur de recherche de Chine continentale en 2010, est désormais soupçonné d'avoir violé les lois sur la concurrence du pays, une décision qui souligne le contrôle de plus en plus strict exercé par la Chine sur les entreprises technologiques étrangères et reflète les tensions croissantes dans le secteur technologique entre les États-Unis et la Chine.

En plus de lancer une enquête antitrust sur Google, la Chine a également décidé d'imposer une taxe supplémentaire de 15 % sur le charbon et le gaz naturel liquéfié (GNL) importés des États-Unis.
La Chine a également imposé un tarif supplémentaire de 10 % sur des produits clés tels que le pétrole brut, les machines agricoles et les camionnettes, une mesure qui reflète non seulement l’escalade des tensions commerciales entre les deux puissances, mais montre également que Pékin utilise à la fois les tarifs douaniers et les mesures juridiques pour contrer la pression de Washington.
Et ce n'est pas tout : le 4 février, dernier jour des vacances du Nouvel An lunaire, le ministère chinois du Commerce a annoncé de manière inattendue de nouveaux contrôles à l'exportation sur plusieurs métaux clés, dont le tungstène, le tellure, le bismuth, le molybdène et l'indium. Ces matériaux jouent un rôle essentiel dans de nombreuses industries de haute technologie, de la fabrication de semi-conducteurs à la défense.
Pékin a également accru la pression sur les entreprises étrangères en ajoutant PVH, le groupe propriétaire de la marque de mode Calvin Klein, et la société de biotechnologie américaine Illumina à sa liste d'entités non fiables.
Ainsi, la Chine n’utilise pas seulement les contrôles à l’exportation pour renforcer sa position dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, mais adopte également une stratégie plus dure envers les entreprises étrangères dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
L'Administration d'État pour la régulation du marché n'a pas précisé les violations spécifiques reprochées à Google. Bien que la plupart des services de Google, dont son moteur de recherche, Gmail et Google Maps, soient bloqués en Chine continentale, le géant technologique américain maintient une présence sur le marché, notamment dans la publicité en ligne.
Google continue de fournir des services de publicité numérique aux entreprises chinoises souhaitant atteindre une clientèle internationale, générant ainsi des revenus importants malgré ses activités limitées dans ce pays. Cependant, suite à l'enquête antitrust, le rôle de Google en Chine pourrait se heurter à de nouveaux défis réglementaires.
L'autorité chinoise de surveillance antitrust accroît la pression sur les entreprises américaines alors que les tensions technologiques et commerciales entre les deux plus grandes économies du monde continuent de s'intensifier.
Pékin a non seulement utilisé les tarifs douaniers et les contrôles à l’exportation, mais a également utilisé les réglementations antitrust comme un outil stratégique pour contrer la pression de Washington.
En décembre, l'agence a ouvert une enquête sur Nvidia, le géant américain des semi-conducteurs, en lien avec son acquisition de Mellanox Technologies, un fournisseur israélien de solutions de connectivité, finalisée en 2019.

Cette décision est perçue comme un avertissement adressé à Nvidia, leader dans la conception d’unités de traitement graphique (GPU) pour l’intelligence artificielle, qui a été contraint par le gouvernement américain de restreindre l’accès de la Chine à ses puces les plus avancées en raison d’embargos à l’exportation.
L'enquête de Pékin est toujours en cours, ce qui rend les perspectives d'exploitation de Nvidia sur le marché chinois plus incertaines que jamais.
L'enquête antitrust sur Google est considérée comme une démarche inhabituelle, car le géant technologique américain n'a qu'une présence très limitée sur le marché intérieur des services Internet en Chine.
Bien que Google ne divulgue pas de revenus spécifiques en provenance de Chine, The Information a rapporté en 2019 que la société avait gagné plus de 3 milliards de dollars grâce aux ventes aux annonceurs chinois en 2018, soit une augmentation de 60 % par rapport à l'année précédente.
Les enquêtes antitrust menées par l'Administration d'État chinoise pour la régulation du marché aboutissent souvent à de lourdes amendes. En 2013, la Commission nationale chinoise pour le développement et la réforme, chargée des enquêtes antitrust, a ciblé Qualcomm, l'un des principaux concepteurs de puces mobiles aux États-Unis. Après 14 mois d'enquête, Qualcomm a été contraint de payer une amende pouvant atteindre 975 millions de dollars pour régler l'affaire.
Comparées aux enquêtes de sécurité nationale, les enquêtes antitrust sont considérées comme une voie de droit plus souple. Cependant, leur impact peut néanmoins causer des dommages importants aux entreprises.
Par exemple, en mai 2023, l’Administration du cyberespace de Chine a ouvert une enquête de cybersécurité sur Micron Technology, un fabricant américain de puces mémoire, invoquant des problèmes de sécurité nationale.
En conséquence, les produits de mémoire de Micron ont été interdits d'utilisation dans l'infrastructure d'information critique de la Chine, ce qui a coûté à l'entreprise environ 4 milliards de dollars de revenus.