Chine et péninsule coréenne : Kim Jong-un détient l’atout maître
(Baonghean.vn) - Dans le contexte de la percée diplomatique surprenante sur la péninsule coréenne, de nombreux changements soudains sont survenus dans les relations de la Chine avec les deux régions de cette péninsule.
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| Le président chinois Xi Jinping (à droite) marche aux côtés du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Dalian. Cette photo a été diffusée par l'agence KCNA le 8 mai. Photo : AFP |
À la même période l'an dernier, la Chine imposait des sanctions économiques à la Corée du Sud et à la Corée du Nord. Sous la pression et les avertissements du président américain Donald Trump, la Chine a durci ses mesures économiques contre la Corée du Nord, malgré les vives critiques de Pyongyang qui accusait Pékin de « franchir une ligne rouge ».
Les relations sino-sud-coréennes ont également atteint leur point le plus bas en 2017 en raison d'un différend concernant la décision de Séoul de déployer le système antimissile américain THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) et les représailles économiques chinoises qui ont suivi. Même après avoir accepté un accord de réconciliation avec Séoul en octobre 2017, la Chine a continué de faire pression sur la Corée du Sud pour qu'elle s'engage clairement à limiter l'utilisation du système radar à longue portée du THAAD.
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| Le système THAAD américain déployé en Corée du Sud a été l'une des sources de préoccupation de la Chine, contribuant à la détérioration des relations Pékin-Séoul en 2017. Photo : asianews |
Toutefois, depuis que les deux Corées ont accepté la tenue d'un sommet et que le président Trump a approuvé la proposition de Pyongyang d'engager des pourparlers directs en mars 2018, la Chine s'est empressée d'améliorer ses relations avec les deux Corées. Le président chinois Xi Jinping a tenu le premier sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un depuis l'arrivée au pouvoir de ce dernier en 2011, au cours duquel Xi a insisté sur le fait que l'amitié entre les deux pays « ne doit pas et ne changera pas ».
La Chine a également cherché à rétablir ses relations avec la Corée du Sud. Peu après le départ de Kim Jong-un de Chine, Pékin a dépêché le conseiller d'État Yang Jiechi en tant qu'envoyé spécial à Séoul afin de lui faire part des discussions entre Xi Jinping et Kim Jong-un. Lors d'une rencontre avec le président sud-coréen Moon Jae-in, Yang Jiechi a publiquement salué les succès diplomatiques de Séoul et promis de lever les dernières sanctions informelles imposées aux entreprises sud-coréennes.
Bien que Pékin ait longtemps encouragé le dialogue intercoréen et souligné la nécessité de pourparlers directs entre Washington et Pyongyang, le pays craint désormais d'être marginalisé dans ce processus.
Ces efforts soulignent la crainte de la Chine d'être mise à l'écart. Si Pékin a longtemps encouragé le dialogue intercoréen et insisté sur la nécessité de pourparlers directs entre Washington et Pyongyang, la Chine craint désormais d'être marginalisée dans ce processus. Si Trump et Kim parviennent à tenir un sommet et à un accord sur la dénucléarisation, des discussions pourraient s'ouvrir sur un mécanisme de paix destiné à remplacer l'armistice de 1953 de la guerre de Corée.
La position fondamentale de la Chine est qu'elle doit participer à ces discussions en tant que signataire originel de l'accord d'armistice. Elle ne souhaite pas être exclue des négociations susceptibles d'aborder des questions cruciales telles que la mise en place d'un mécanisme de paix coréen et l'éventuel retrait ou réduction des moyens militaires (y compris le système THAAD) et des forces américaines stationnées en Corée du Sud.
La réaction de la Chine au sommet intercoréen semble jusqu'à présent indiquer qu'elle a opté pour la prudence, plutôt que d'attiser les tensions et l'instabilité. Si les dirigeants chinois observent le sommet avec des sentiments partagés, la réaction officielle de Pékin à cette rencontre est globalement positive.
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| Séoul, le 11 mai. Des habitants suivent les actualités concernant le président sud-coréen Moon Jae-in, le président américain Donald Trump, le président chinois Xi Jinping et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Photo : AFP |
Certains commentateurs chinois ont exprimé de vives inquiétudes quant à la mise à l'écart de la Chine par la Déclaration de Panmunjom entre les deux Corées. Cette déclaration affirme que la Chine privilégiera des « réunions trilatérales impliquant les deux Corées et les États-Unis, ou des réunions quadrilatérales impliquant les deux Corées, les États-Unis et la Chine » afin d'établir un mécanisme de paix. Le ministère chinois des Affaires étrangères a toutefois évité d'aborder la question, tout en se félicitant des « résultats positifs » de l'accord intercoréen.
Ce qui a apaisé la Chine, c'est que, peu après le sommet intercoréen, Séoul et Pyongyang ont toutes deux indiqué prendre Pékin au sérieux. Lors d'un entretien téléphonique entre Moon et Xi le 4 mai, la Chine a obtenu de Séoul l'engagement de collaborer étroitement avec Pékin pour mettre officiellement fin à la guerre de Corée. Kim a également fait plaisir à Xi en effectuant une nouvelle visite surprise en Chine le 7 mai.
Désormais, les décideurs politiques devront être attentifs à la manière dont la Corée du Nord exploitera la crainte de la Chine d'être mise à l'écart. Si Pyongyang améliore ses relations avec Pékin, le pays n'a pas encore clarifié sa position concernant le rôle précis de la Chine dans le processus de paix et l'avenir des forces américaines en Corée du Sud – deux questions cruciales que Pékin souhaite voir résolues.
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| Kim Jong-un sait qu'il est désormais aux commandes. Photo d'illustration : AFP |
Il est possible que Kim entretienne une ambiguïté stratégique pour exploiter la crainte de la Chine d'être mise à l'écart et exercer ainsi un moyen de pression sur Pékin. Kim a également profité de ses deux sommets avec Xi pour confirmer et démontrer le soutien de la Chine à une approche progressive de la dénucléarisation, ce à quoi les États-Unis s'opposent.
De plus, il peut exploiter les craintes de Pékin pour assouplir les sanctions imposées à la Chine, un élément clé de sa stratégie de « pression et d’engagement maximum » dans la négociation et la mise en œuvre des mécanismes de dénucléarisation et de paix. Kim est pleinement conscient qu’il est désormais en position de force.






