À l'approche des élections générales, l'Italie met en garde contre « l'ingérence russe »
L'Italie se prépare aux élections générales qui auront lieu le 4 mars. Les États-Unis ont mis en garde leur allié « chéri » contre l'ingérence russe dans les élections et ont tenté d'utiliser l'Italie dans ses conflits politiques internes.
Joe Biden a mis en garde contre une « ingérence russe ». Il a été cité par les médias italiens, mais les services de renseignement ont démenti cette information. Par ailleurs, l'ambassadeur des États-Unis à Rome, John R. Phillips, a tenté d'influencer l'issue du référendum sur la réforme constitutionnelle en Italie. Il convient également de noter que les sanctions contre la Russie, que l'Italie a été contrainte de signer, ont causé d'énormes dommages économiques en Italie, mais les Italiens ont néanmoins obéi aux ordres américains.
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Photo : Spoutnik |
Sputnik Italia a demandé à Bruno Ballardini, expert en communication stratégique, de commenter la situation :
Spoutnik:À l'approche des élections législatives italiennes, les États-Unis accusent la Russie d'avoir l'intention d'interférer dans le processus électoral. Que pensez-vous de ces accusations ?
Bruno Ballardini :J'ai une idée assez précise de la situation. Aux États-Unis, une lutte acharnée oppose actuellement les Républicains et les Démocrates, ou plus précisément, les Démocrates qui veulent destituer M. Trump et M. Trump lui-même. Les Démocrates ont lancé une campagne de propagande, principalement menée par la CIA.
Les États-Unis cherchent à transformer un conflit interne en conflit international impliquant leurs alliés. Ils utilisent cette méthode pour influencer d'autres pays, y compris européens, et diffuser de fausses informations sur l'intervention russe, ce qui est absurde ! Il est nécessaire d'instaurer un « Tribunal de Nuremberg » pour juger ces fous, car ils veulent propager la guerre à travers le monde dans le seul but de maintenir une influence et un contrôle maximaux sur le monde. À commencer par le président Nixon, puis les présidents suivants, sous l'influence du lobbying financier, ont cherché à atteindre cet objectif. Nous ne tolérerons pas que cela continue.
Spoutnik:Comment les États-Unis peuvent-ils parler d'ingérence russe alors qu'ils ont eux-mêmes tenté d'interférer dans le référendum constitutionnel en Italie (où la majorité des électeurs – 60 % – ont voté contre les amendements constitutionnels, NDLR). Les États-Unis ont demandé aux Italiens de voter pour les amendements. C'est de l'ingérence électorale, n'est-ce pas ?
Bruno Ballardini :Tout ce que les Américains disent sur l'ingérence russe est absurde. En Italie, nous subissons l'ingérence américaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis tentent d'influencer nos partis politiques depuis les années 1960. Et je ne comprends pas comment les médias russes peuvent influencer les partis politiques et les élections. Si quelqu'un tient de telles déclarations, des preuves doivent être fournies, même si, comme nous le savons, les Américains peuvent fabriquer des preuves. Seuls les imbéciles peuvent y croire.
Prenons l'exemple des pirates informatiques. Ces derniers avaient-ils la capacité de pénétrer et de manipuler des bases de données ? C'est un mensonge. Mais en Italie, certains y ont cru et ont voté selon les instructions des États-Unis. Il est probable que les États-Unis se soient entendus avec un membre du gouvernement pour qu'après la victoire du référendum, cette personne représente les intérêts américains en Italie. Le Premier ministre Matteo Renzi a probablement agi selon ce schéma sous l'administration Obama. Il existe des groupes d'influence dans les médias italiens, et ce sont des groupes d'intérêt américains, et non russes.
Spoutnik:Commentant ces accusations, Vladimir Poutine a déclaré qu'il s'agissait de tentatives visant à nuire aux relations entre la Russie et l'Italie. À votre avis, quel est le but de ces accusations contre la Russie ?
Bruno Ballardini :À mon avis, M. Poutine a fait preuve de politesse. Si les politiciens italiens croient à de telles accusations, c'est une terrible erreur. Cela signifie qu'ils croient tout ce qui est publié dans la presse américaine, et les États-Unis deviennent notre maître. Le maître le dit, c'est ainsi. C'est une maladie mentale.
Nous constatons également l'influence des États-Unis dans le contexte des sanctions contre la Russie. Ces sanctions nuisent certes à la Russie, mais elles ont également un impact négatif sur l'économie italienne. Dans le nord de l'Italie, de nombreuses entreprises et usines coopèrent étroitement avec la Russie. Les Américains ont décidé d'imposer des sanctions et espéraient que tous les autres pays suivraient leur exemple. Il ne fait aucun doute que l'influence des États-Unis sur l'Italie a porté préjudice à l'économie. Cette situation ne doit pas perdurer. Nous avons besoin d'un homme politique capable de dire « non », mais, à l'heure actuelle, l'Europe est encore politiquement faible. Personnellement, je crois que l'Europe ne peut se renforcer qu'en améliorant ses relations avec la Russie. L'Europe ne peut se développer sans la Russie.