L'attention n'a pas été portée sur le président Xi Jinping lors de sa visite aux États-Unis, la population locale et les médias étant occupés à suivre chaque mouvement du pape.

Le président chinois Xi Jinping écoute le président américain Barack Obama lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, le 25 septembre. Photo : Reuters

Selon Reuters, le président chinois Xi Jinping a été accueilli solennellement lors de sa première visite d'Etat aux Etats-Unis le matin du 25 septembre, par une salve de 21 coups de canon alors qu'il se tenait aux côtés de M. Obama devant la Maison Blanche.

Pour la plupart des Américains, cependant, l’événement n’était pas digne d’intérêt, car tous les réseaux d’information étaient concentrés sur la visite historique du pape François aux États-Unis.

Au moins en termes de couverture médiatique américaine, le voyage de Xi a été éclipsé par l’appel du pape, soulevant des questions sur le timing, ainsi que sur le contraste frappant entre la couverture médiatique américaine et chinoise.

Tout au long de la visite, les médias d'État chinois ont fourni des mises à jour horaires, soulignant le faste, la cérémonie et le respect que Xi a reçus, de Seattle à Washington DC.

Dans le contexte des marchés instables et de la faiblesse de l'économie chinoise, une couverture médiatique nationale forte et positive est importante pour M. Xi, d'autant plus qu'il cherche à consolider son pouvoir avant l'important congrès du Parti communiste chinois en 2017.

Lors d'une visite dans un lycée de Tacoma, près de Seattle, où Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan ont été accueillis par la chorale de l'établissement, la télévision d'État chinoise a diffusé des gros plans d'enfants chantant en hommage au couple. La veille, Xi Jinping avait cité Martin Luther King, ainsi que quelques éléments de la culture américaine contemporaine, dans un discours prononcé devant des dirigeants du secteur technologique.

La Chine a également souligné les liens personnels de Xi avec les États-Unis, l'agence de presse officielle Xinhua ayant publié une vidéo sur sa page Facebook montrant Xi amical avec les Américains.

« De visiteur de l'Iowa à invité de la Maison Blanche », peut-on lire dans la vidéo en anglais, faisant référence au voyage de Xi Jinping dans l'Iowa en 1985, alors qu'il était encore responsable de l'élevage dans la province du Hebei.

En revanche, la visite du pape aux États-Unis n'a pratiquement pas été relayée par les médias chinois. Le Vatican n'entretient plus de relations diplomatiques officielles avec Pékin depuis 1949.

Éclipsé

Pendant ce temps, le pape François, considéré comme le pape le plus public, a attiré des foules immenses et a reçu un accueil de célébrité à son arrivée aux États-Unis. Les chaînes de télévision américaines ont retransmis en direct presque tous ses discours et activités.

Selon les données de MediaMiser, une société qui suit l'actualité en ligne, à la télévision et à la radio aux États-Unis, l'attention portée à la visite de M. Xi a « coulé » au milieu des discussions et des nouvelles sur le pape.

Du 26 août au 25 septembre, le nombre de tweets concernant le pape François aux États-Unis a dépassé 765 000, contre 107 000 pour Xi Jinping. Du 20 au 24 septembre, les articles en ligne mentionnaient le pape quatre fois plus que Xi Jinping. À la télévision, le temps consacré au pape était également 25 fois supérieur.

La rencontre de Xi Jinping avec les dirigeants américains du secteur technologique contraste également avec un événement similaire pour le Premier ministre indien Narendra Modi, qui a eu un échange émotionnel le 27 septembre lors d'un forum auquel participait le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, sa voix se brisant alors qu'il parlait de ses humbles origines.

Alors que les relations entre les entreprises technologiques américaines et la Chine sont devenues plus tendues en raison des cyberattaques et des difficultés d'accès au marché, la visite de Modi a mis en évidence l'énorme potentiel que l'industrie technologique voit en Inde.

Les relations entre les États-Unis et la Chine sont au plus bas, en raison des tensions liées au piratage informatique et des actions agressives de la Chine dans les eaux contestées de la région Asie-Pacifique.

« Être éclipsé par quelqu'un qui n'a ni puissance militaire ni puissance économique, c'est difficile à croire. Je ne pense pas que les Chinois perçoivent ce contraste dans le message », a déclaré Jorge Guajardo, ancien ambassadeur du Mexique en Chine qui vit désormais à Washington.

Les responsables chinois ont rejeté toute suggestion selon laquelle le voyage de Xi Jinping aurait été éclipsé par celui du pape François. « Concernant la visite du pape, nous constatons qu'il est très bien accueilli par le public. Cependant, la visite du pape et celle du président Xi ont chacune leur importance », a déclaré Lu Kang, porte-parole de la délégation chinoise.

La nouvelle de la visite de Xi Jinping a de nouveau été minimisée le 25 septembre, lorsque le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a annoncé sa démission. Les principales chaînes de télévision américaines ont rapidement interrompu les propos de Xi Jinping lors d'une conférence de presse avec le président Obama pour couvrir la conférence de presse de Boehner.

De plus, les autorités chinoises ont maintenu une sécurité renforcée tout au long de la visite de Xi Jinping, rendant peu probable toute déclaration ou action imprévue, et il n'interagira guère avec le public. Xi Jinping a laissé ce rôle à son épouse, Peng Liyuan, qui a accompagné la Première dame des États-Unis, Michelle Obama, pour baptiser un bébé panda au zoo national du Smithsonian à Washington.

Les responsables de Tacoma ont également déclaré que les préparatifs de sécurité étaient intenses. « Nous avons rencontré les équipes de préparation six à huit fois au cours de l'été », a déclaré la maire de Tacoma, Marilyn Strickland, à propos de la visite de Xi Jinping au lycée.

Selon VnExpress