Médias - Massacre de Paris et 2 000 morts au Nigéria

January 16, 2015 10:10

Alors que le monde se concentre sur le massacre de Paris, qui a fait 12 morts, les attentats qui ont tué plus de 2 000 personnes au Nigeria sont oubliés par les médias internationaux.

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Selon Sputnik, les informations liées à l'attaque contre les bureaux du magazine Charlie Hebdo et un supermarché en France du 7 au 10 janvier semblent avoir complètement éclipsé l'horrible massacre de la ville de Baga, au nord du Nigeria, qui a coûté la vie à plus de 2 000 personnes aux hommes armés du groupe islamiste Boko Haram.

Những sinh viên thiệt mạng sau một vụ tấn công trường đại học nông nghiệp tại Gujba, Nigeria do các tay súng Boko Haram tiến hành.
Des étudiants tués après une attaque contre un collège agricole à Gujba, au Nigeria, par des hommes armés de Boko Haram.

Boko Haram est un groupe militant islamiste fondé et opérant comme organisation terroriste au Nigeria. Forts d'une idéologie anti-occidentale, les rebelles de Boko Haram affichent souvent leur puissance par des enlèvements, des meurtres et des attentats à la bombe contre des écoles et des églises. Boko Haram ambitionne même d'établir un État islamique au Nigeria. Le développement de plus en plus complexe et audacieux de la force islamique de Boko Haram a eu un impact négatif sur le système de sécurité nigérian.

Plus de 2 000 vies oubliées

La « partialité » dans la diffusion des informations sur les attaques terroristes entre les pays a suscité un débat dans les médias sur le « poids » des flux d’informations.

Le premier facteur à prendre en compte est le système de couverture médiatique. Paris est une ville internationale, où des milliers de reporters et des caméras surveillent en permanence les événements, permettant ainsi de transmettre et de mettre à jour facilement toute information en temps réel.

Baga, en revanche, n'est qu'une ville isolée du nord-est du Nigeria. Contrairement à Paris, Baga est une zone instable et dangereuse pour les journalistes. Car les islamistes armés de Boko Haram sont totalement libres d'agir et d'attaquer à tout moment à Baga. Pendant ce temps, l'armée nigériane tente toujours de reprendre le contrôle de la zone.

Même le journal israélien Haaretz a un jour appelé le monde à témoigner davantage de compassion aux victimes des attentats terroristes au Nigeria. Pourtant, en réalité, même la campagne « Ramenez nos filles » lancée par le Nigeria a été un échec total. Cette campagne a été lancée après l'incident survenu dans la nuit du 14 avril 2014, lorsque plus de 270 écolières de l'école de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, ont été enlevées par des hommes armés de Boko Haram.

Chiến dịch
La campagne « Ramenez nos filles » a été lancée au Nigeria après que des hommes armés de Boko Haram ont enlevé plus de 270 écolières.

Malgré l'aide militaire des États-Unis, le gouvernement nigérian n'a pas réussi à résoudre les problèmes liés au groupe terroriste Boko Haram. L'une des raisons de cette incapacité réside dans la corruption et les violations des droits humains qui règnent dans le pays.

Les critiques à l’encontre du gouvernement nigérian ont été soulevées à plusieurs reprises dans les éditoriaux du Guardian, de nombreux Nigérians affirmant que le gouvernement n’a pas été très transparent dans ses reportages sur les massacres.

Le Sydney Morning Herald a également rapporté que le président nigérian a adressé ses condoléances aux victimes de l'attaque contre le journal Charlie Hebdo à Paris, mais n'a pas mentionné les citoyens nigérians morts aux mains de l'organisation terroriste Boko Haram.

Motifs politiques

Il est toutefois injuste de reprocher au gouvernement nigérian de ne pas avoir attiré l'attention de la communauté internationale sur les problèmes auxquels il est confronté. La différence entre le massacre de Paris et le Nigéria tient à un facteur essentiel : la motivation politique.

Người dân Paris tập trung tuần hành sau vụ thảm sát tại tòa soạn tạp chí Charlie Hebdo hôm 7/1.
Les Parisiens se sont rassemblés pour manifester après le massacre du siège du magazine Charlie Hebdo le 7 janvier.

Comme l'a souligné CNN, l'accent mis sur l'attaque contre les bureaux de Charlie Hebdo et la marche exprimant l'esprit d'unité nationale ont permis au président Hollande de retrouver son avantage politique. Avant l'attaque, M. Hollande ne bénéficiait que de 13 % du soutien populaire. De plus, cela a également eu pour effet de « détrôner » l'influence de Marine Le Pen, présidente du Front national (FN), parti d'extrême droite à l'idéologie xénophobe. Le FN s'est focalisé sur l'unité nationale et a oublié les désaccords au sein de la société française. C'est la principale raison pour laquelle des extrémistes armés ont organisé des attaques.

Contrairement à la France, le Nigéria est confronté au problème de la répression du groupe terroriste islamiste Boko Haram. Selon le Wall Street Journal, l'idéologie anti-islamique se développe fortement sous la direction de l'actuel président Goodluck Jonathan, en raison de sa religion chrétienne.

Cependant, la négligence des médias internationaux face à la tragédie du Nigeria et à la menace de Boko Haram demeure condamnable. Après avoir constaté le soutien international et l'unité nationale en France suite à l'attentat terroriste du 7 janvier, l'archevêque Ignatius Kaigama, du diocèse de Jos au Nigeria, a déclaré à BBC World Service : « Nous devons reproduire cette idée d'unité. Elle ne doit pas se limiter aux attentats en Europe, mais pas au Nigeria, au Niger ou au Cameroun. »

L'impact des médias sociaux

Le dernier point à prendre en compte lorsqu'on aborde la question de la partialité des médias est l'omniprésence des réseaux sociaux. Selon CNN, la campagne française « Je suis Charlie » a permis de connecter les gens du monde entier et de leur permettre de suivre facilement les événements sur leurs téléphones portables ou leurs tablettes.

En revanche, les villes reculées du Nigeria n'ont pas accès à internet via les téléphones portables. De ce fait, la campagne « BringBackOurGirls » a été un échec. Les jeunes filles kidnappées n'ont pas été secourues et sont désormais aux mains de Boko Haram.

Chiến dịch
La campagne « Je suis Charlie » a suscité l'intérêt de nombreux citoyens et responsables politiques du monde entier. Photo : AP

En bref, les obstacles à l’accès des journalistes à l’information et l’absence de réseaux sociaux ont fait que le massacre qui a coûté la vie à plus de 2 000 personnes au Nigeria a été complètement éclipsé par l’attaque contre le journal Charlie Hebdo à Paris.

La couverture médiatique massive des attentats de Paris a valu à la France un soutien général et une profonde sympathie internationale, tandis que le gouvernement Hollande, en particulier, a pris l'avantage sur l'opposition dans l'opinion publique nationale. Parallèlement, le manque d'information sur le chaos et la violence au Nigeria a conduit beaucoup à croire qu'il s'agit d'une guerre au service des intérêts du président nigérian.

Selon Infonet

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