Le général Cuong prédit l'avenir de l'Europe
(Baonghean.vn) - Fin mars, l'Union européenne (UE) célébrera son 60e anniversaire (1957-2017). L'opinion publique européenne et internationale estime qu'après 60 ans de formation et de développement, l'UE traverse une crise très grave. Quelle est donc la voie à suivre pour cette puissante Union ?
A ce propos, le journal Nghe An a interviewé le professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong, ancien directeur de l'Institut de stratégie et de science du ministère de la Sécurité publique.
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Professeur associé, Dr., Major-général Le Van Cuong au studio du journal Nghe An le 16 mars 2017. Photo de Nhat Minh. |
PV : Major général, pouvez-vous fournir aux lecteurs plus d’informations sur la crise à laquelle l’Union européenne est confrontée ?
Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong :Les premières années du XXIe siècle (2000-2005) ont été la période la plus brillante du développement de l'UE. En septembre 2008, la crise économique aux États-Unis a entraîné une récession de l'économie mondiale. L'Europe n'a pas pu échapper à cette crise financière. À ce jour, l'Union européenne est plongée dans une crise majeure dans tous les domaines.
Sur le plan économique, l'UE est confrontée à des difficultés croissantes : l'euro est instable, la dette publique est élevée. Le système bancaire est extrêmement « malade ». Le chômage augmente, l'écart entre riches et pauvres se creuse. Les difficultés économiques ont entraîné une crise de confiance. Plus de 600 millions d'Européens ne font plus confiance à leurs dirigeants.
Politiquement et socialement, l'Europe n'a jamais été aussi profondément divisée qu'aujourd'hui. De violents conflits existent entre les pays. Le 23 juin 2015, lorsque plus de 51,9 % des électeurs britanniques ont voté pour quitter l'Union européenne, a fait déborder le vase et a déclenché une nouvelle crise politique.
Par ailleurs, l’Europe doit également faire face à la crise de l’immigration et aux activités antiterroristes.
PV : Une crise de confiance sévit actuellement au sein de l’UE. Quelle en est la cause profonde, Major Général ?
Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong :Comme nous le savons, la mondialisation économique est une tendance de développement inévitable. D'un côté, elle rapproche les pays et favorise leur coopération. De l'autre, elle exacerbe les conflits entre eux. Par exemple, les quatre principaux piliers économiques de l'UE – l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne – souhaitent maintenir ensemble une économie mondialisée durable. Mais les pays à faible développement, comme ceux d'Europe de l'Est et des pays baltes, s'y opposent fermement. Car, au final, la mondialisation ne profite qu'aux multinationales, tandis que 78 % de la majorité de l'Europe n'en bénéficie absolument pas. Le fossé entre riches et pauvres se creuse de plus en plus entre les pays.
De là est né le populisme altermondialiste, avec le slogan « suprématie nationale, résolument opposé à l'intégration internationale ». Ce mouvement a profondément marqué l'Europe. Le populisme est la cause de la désintégration de l'Union européenne.
PV : Récemment, le président de la Commission européenne a publié un « livre blanc » présentant cinq scénarios pour l’UE jusqu’en 2025. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce contenu, Général de Division ?
Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong :Le 6 mars, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a publié un « livre blanc » présentant cinq scénarios d'avenir pour l'Europe dans les dix prochaines années.
Scénario 1 : l’Union européenne conserve 27 États membres (sans la Grande-Bretagne) et introduit de vastes réformes économiques, politiques et sécuritaires.
Dans le deuxième scénario, l'Union européenne est une union purement économique. Autrement dit, les 27 États membres forment un marché économique commun, sans liens politiques ni sociaux.
Le troisième scénario proposé par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande vise à construire une « Europe à plusieurs niveaux ». L'UE serait divisée en deux groupes : un groupe de pays hautement développés comme l'Allemagne, l'Italie, la France et l'Espagne, et un groupe de pays moins développés comme l'Europe de l'Est et les pays baltes. Ce modèle a immédiatement rencontré une vive opposition. En effet, selon le discours du Premier ministre polonais lors du sommet de l'Union européenne, ce scénario créerait une différence de niveau de développement entre les pays et exacerberait encore les conflits.
Le quatrième scénario est celui d'une coopération européenne uniquement en matière de sécurité. Cela impliquerait la création d'une force de police commune, l'échange quotidien de renseignements et une collaboration pour lutter contre le terrorisme et la criminalité.
Le cinquième scénario envisage la construction d'une Europe fédérale, incluant de nombreux États indépendants. Je pense que c'est un scénario trop ambitieux.
À mon avis, parmi les cinq scénarios évoqués ci-dessus, l'Europe ne devrait construire que le deuxième, qui consiste simplement en une zone de marché économique commun. Les autres scénarios sont peu réalisables.
PV : L’Union européenne entretient deux relations majeures : UE-États-Unis et UE-Russie. Sous la présidence américaine de Donald Trump, quelles seront les nouveautés dans ces deux relations, Major Général ?
Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong :En matière de politique étrangère, l'Europe est largement dépendante des États-Unis. Sous la présidence de Donald Trump, l'opinion publique internationale espérait une nouvelle évolution des relations américano-russes, mais à mon avis, cela ne s'est pas produit. L'UE ne pourrait jamais s'opposer aux États-Unis dans ses relations avec la Russie. Par conséquent, tant que les États-Unis n'amélioreront pas leurs relations avec la Russie, les relations UE-Russie resteront tendues.
Le président Trump a déclaré que l'OTAN était obsolète. L'opinion publique estime qu'il pourrait en réduire le rôle. Or, cela n'arrivera pas, car l'OTAN est le principal outil dont disposent les États-Unis pour protéger leurs intérêts en Europe en particulier et dans le monde en général. Ainsi, les relations UE-États-Unis restent globalement stables.
PV : Pouvez-vous nous donner un aperçu du paysage européen en 2017 ?
Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong :2017 a été l’année la plus marquée par la crise en Europe, pour les raisons suivantes :
La Première ministre britannique Theresa May a décidé d'activer l'article 50 du Traité de Lisbonne. Le 31 mars, le Royaume-Uni a entamé des négociations avec les 27 États membres restants de l'UE afin de mettre en œuvre le Brexit sans risque pour le Royaume-Uni. Le contenu des négociations s'articulera autour de l'enjeu principal : l'UE ouvrira ses portes aux produits britanniques, à condition que le Royaume-Uni ouvre ses portes aux citoyens européens souhaitant travailler en Grande-Bretagne. Chaque année, le Royaume-Uni exporte 400 milliards de livres de marchandises vers l'Europe. Si les deux parties ne parviennent pas à un accord, l'économie britannique s'effondrera à coup sûr.
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L’échec de M. Geert Wilders est aussi l’échec de l’idéologie anti-immigration islamique et de l’Union européenne (UE). |
L'année 2017 verra trois élections majeures : aux Pays-Bas (15 mars), en France (23 avril) et en Allemagne (septembre). Ces élections bouleverseront l'Europe.
On peut dire que 2017 a été une année sombre pour l'Europe. Un climat de désintégration, de division et de perte de confiance régnait au sein même de l'Europe. Jamais auparavant l'Europe n'avait connu une crise aussi grave.
PV : Après le Brexit, y aura-t-il un scénario de Nexit, Major Général ?
Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong :Le 15 mars, le parti d'extrême droite a perdu les élections législatives néerlandaises. Je pense donc qu'il n'y aura pas de Nexit. Mais sans Nexit, l'Europe ne sera pas unie. De fait, une vague de partisans d'une sortie de l'Europe persiste. C'est une fracture profonde au cœur de l'Europe qui sera difficile à combler.
Merci, Général !
L'Amérique et la Russie(effectuer)
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