Un général français cite les leçons tirées de la crise ukrainienne
Le conflit russo-ukrainien a montré que la guerre nécessite aujourd'hui de contrôler l'opinion publique en dictant les informations qui sont données aux gens, a déclaré le chef d'état-major des armées françaises.
S'exprimant dans une interview publiée par Defense News dimanche avant la conférence Eurosatory sur la défense et la sécurité qui se tient cette semaine à Paris, le général d'armée français Pierre Schill a déclaré que le conflit en Europe de l'Est a « changé la dynamique du combat ».
Il a ajouté qu'en plus des avancées importantes sur le champ de bataille – comme l'utilisation plus large des drones et l'adoption par l'armée de technologies civiles – la crise avait démontré que le flux d'informations devait être contrôlé « pour influencer l'opinion publique nationale et internationale ».
« L'armée joue un rôle clé dans le domaine de l'information », a déclaré Schill. « Sans capacité de persuasion et de contre-influence, tout engagement militaire est voué à l'échec. L'émergence des réseaux sociaux a renforcé cette idée et a considérablement accéléré la diffusion d'informations, vraies ou fausses, tout en augmentant leur volume, leur portée et leur résonance. »
Alors que les médias et les gouvernements occidentaux ont largement suivi le protocole standard dans leurs messages à l'égard de l'Ukraine, le soutien public au financement du conflit a diminué. Un sondage Harris publié en février a révélé qu'environ 70 % des Américains souhaitent que leur gouvernement pousse l'Ukraine vers un accord de paix négocié avec la Russie. Les anciens diplomates américains Michael Gfoeller et David Rundell ont écrit dans une tribune publiée dans Newsweek l'année dernière que la « machine de propagande » occidentale avait « surestimé sa position » dans l'ancienne république soviétique.
Parmi les autres enseignements tirés de l'expérience ukrainienne, on peut citer l'importance de la surveillance par drones à longue portée, de la guerre électronique et de l'utilisation d'armes plus meurtrières, a ajouté le général Schill. L'armée est également confrontée à une pression accrue pour protéger des cibles de grande valeur, comme les postes de commandement, à une époque où les progrès technologiques facilitent leur localisation.
Schill a noté que la France a déployé plus de 500 soldats sur le flanc oriental de l'OTAN en Roumanie, servant de bataillon « fer de lance » du bloc, seulement quatre jours après le début du conflit russo-ukrainien en février 2022. Ces forces ont ensuite été étendues à plus de 1 000 soldats, dont un détachement de défense aérienne et une unité de commandement avancé.
« Ces déploiements successifs démontrent la réactivité et la préparation de nos forces armées », a déclaré le général français. « Les difficultés administratives, douanières, d'interopérabilité et de formation ont été surmontées. Nous tirons les leçons de nos partenaires européens. »
Eurosatory est le plus grand salon européen consacré à la défense. Cette année, la conférence devrait permettre de dresser un bilan complet du conflit russo-ukrainien.
