Honorer l'esprit de décision

(Baonghean) - Le 5 novembre, le président russe Vladimir Poutine a été désigné par le prestigieux magazine Forbes comme l'homme le plus puissant du monde. Parmi les raisons de cet honneur figurent la Crimée ou l'accord gazier de 400 milliards de dollars conclu avec la Chine en mai… Bien que ce titre ne soit que symbolique, les conséquences de ses décisions sur le monde entier et les difficultés qu'elles causent aux autres politiciens sont indéniables.

Le président russe Vladimir Poutine. Photo : AP

Après avoir obtenu son diplôme du Département international de la Faculté de droit de l'Université d'État de Saint-Pétersbourg en 1975, Vladimir Poutine fut recruté par le KGB. Il partit ensuite travailler en Allemagne de l'Est, puis, après l'effondrement de la RDA, retourna en Russie pour occuper divers postes au KGB jusqu'en août 1991. Sous la présidence de Boris Eltsine, il fut chef civil du FSB (le successeur du KGB) de juillet 1998 à août 1999, et secrétaire du Comité de sécurité de mars à août 1999. C'est également sous la présidence de Boris Eltsine que Vladimir Poutine se fit connaître du monde entier, lorsqu'il fut nommé par le président cinquième Premier ministre du gouvernement de la Fédération de Russie. À cette époque, nombreux étaient ceux qui doutaient des capacités d'un ancien officier du KGB peu expérimenté en politique.

De plus, la scène politique post-soviétique demeurait instable, voire chaotique, après les politiques intérieures et extérieures floues de Boris Eltsine. Le 31 décembre 1999, sous une pression terrible et craignant de perdre le contrôle de la scène politique, le gouvernement de Boris Eltsine démissionna, conformément à la loi, et Vladimir Poutine, à sa tête, assuma la présidence par intérim. Prenant ses fonctions dans un contexte difficile et complexe, il réussit, grâce à ses décisions justes et décisives, et à l'appui d'une équipe d'assistants compétents et dignes de confiance, à instaurer rapidement la stabilité économique et politique et à gagner la confiance de la majorité de la population de ce plus grand pays d'Europe.

S'il a gagné la confiance du peuple, c'est principalement parce que, contrairement à son prédécesseur qui cherchait constamment à s'entendre avec les communistes, Poutine était convaincu que, quelles que soient les erreurs commises par le Parti communiste de l'Union soviétique, il constituait un élément important de l'histoire russe et avait eu une grande influence sur la formation de la société russe moderne. C'est pourquoi il a restauré les valeurs et symboles abolis sous l'ex-Union soviétique, comme le drapeau rouge de l'Armée rouge, le slogan « Étoile de l'Union soviétique » et l'hymne national soviétique (avec des paroles révisées).

Durant son mandat présidentiel, à la tête d'un grand pays, Vladimir Poutine a su, avec calme et prudence, mais aussi avec détermination et audace, guider la Russie, d'une Russie alors faible et désintégrée vers une Russie unie et puissante. La voix et le point de vue de la Russie exercent désormais une influence considérable sur la scène internationale. Souvenez-vous, en 2013, de l'affaire concernant l'ancien employé de l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) Edward Snowden, qui avait révélé au monde le programme controversé d'écoutes téléphoniques américaines. Malgré de fortes pressions de la part de partenaires puissants concernant son extradition, Snowden, selon les responsables politiques américains, n'est pas seulement un révélateur de secrets d'État, mais un employé ayant commis un crime grave, menaçant la sécurité nationale des États-Unis, et devant être extradé.

Cependant, Vladimir Poutine non seulement refusa l'extradition ou le transit à l'aéroport, mais accorda également l'asile au « lanceur d'alerte ». Cela porta la tension dans les relations russo-américaines à un niveau sans précédent à l'époque. Alors que l'affaire Edward Snowden était encore brûlante, le monde dut une fois de plus saluer l'ingéniosité de Poutine pour « sauver » la Syrie, proche alliée de la Russie au Moyen-Orient, d'une guerre imminente liée à une série de programmes d'armes chimiques. La proposition de Poutine d'échanger des armes chimiques contre la paix fut acceptée à contrecœur par les pays occidentaux et les États-Unis, tant les arguments étaient pertinents et populaires auprès de l'opinion publique. Grâce à son influence sur la situation politique et la sécurité mondiale, il fut élu homme le plus puissant du monde par le magazine Forbes en 2013.

Pour revenir aux enjeux de 2014, l'annexion de la Crimée, terre d'accueil de la puissante flotte de la mer Noire, a constitué une décision décisive dans la stratégie de Poutine. Il savait pourtant d'avance que cela engendrerait des tensions extrêmes, comparables à celles de la Guerre froide entre la Russie et les États-Unis, l'Occident. Or, selon les calculs du chef du Kremlin, en l'absence de mesures décisives à court terme, la Russie risquait de perdre cette position géostratégique cruciale, sans parler de la nécessité de trouver un autre emplacement pour la construction d'une nouvelle base militaire, coûteuse et difficile à contrôler, l'OTAN resserrant son siège autour d'elle.

Toujours sur la question ukrainienne, l'Union européenne et les États-Unis ont récemment tenté de nier la légitimité des élections dans la région du Donbass, qui comprend deux républiques autoproclamées, Donetsk et Lougansk. Pourtant, le message du Kremlin est clair et net : il reconnaît la légitimité et la volonté des peuples de ces deux républiques autonomes. Cette décision est prise malgré la farouche opposition de l'Occident et des États-Unis, et il est probable que l'« opposant » renforce les sanctions économiques et politiques, qui ont causé des dommages considérables aux économies de toutes les parties.

On peut dire que, parmi les hommes politiques du monde actuel, rares sont ceux qui sont aussi décisifs et « incompréhensibles » que Vladimir Poutine. Ses décisions stratégiques, si elles ne suscitent pas l'admiration du monde entier, donnent également du fil à retordre à ses adversaires. Pour la deuxième fois consécutive, surpassant de nombreuses autres personnalités célèbres au sommet du classement des hommes les plus puissants du monde, il a démontré sa supériorité dans les décisions judicieuses visant à influencer le comportement ou les intérêts d'autres composantes politiques.

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