Mais l'étang du village de Linh
(Baonghean.vn) - Ce petit village niché au pied du mont Hon Nghien, à l'image de nombreux villages vietnamiens, offre une apparence modeste et paisible. Si l'on n'y habite pas, on y prête rarement attention. Mais c'est grâce au récit enthousiaste d'un camarade étudiant sur un projet de restauration mené à bien grâce à la générosité de centaines d'enfants du village que je suis venue à But Linh.
Mais Linh s'appelait autrefois But Luyen, dans la commune d'An Hoa, district de Quynh Luu. Les villageois racontent qu'il y a des décennies, depuis l'entrée du village, on pouvait apercevoir au loin une chaîne de falaises calcaires, avec deux piliers de pierre dressés comme des plumes et une mare rocheuse ressemblant à une pierre à encre. C'est ainsi qu'on l'appela Hon But, Hon Nghien. Le nom de ce village, le nom de cette terre, sonnait solennel, comme la réputation d'un village de lettrés.
« Pas vraiment, le village est purement agricole, on y pratique le tissage traditionnel et, depuis une trentaine d'années, on s'est reconverti dans la maçonnerie. La vie y est globalement confortable, les enfants reçoivent une bonne éducation, mais le village n'a pas encore atteint le niveau requis pour être considéré comme un centre d'apprentissage. Peut-être est-ce le destin qui explique que Hon But et Hon Nghien soient quelque peu attirés par Quynh Doi ? », ont confié les villageois.
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Mais l'étang du village de Linh exhale le parfum enivrant du lotus. Photo : Huong Thao |
Mais le village de Linh possède un charme unique. L'étang du village, raison même de ma venue à Linh, est une source inépuisable d'anecdotes que je pourrais raconter sans retenue. Hoe, mon camarade de classe, enfant du village, a un jour partagé avec enthousiasme sur son profil Facebook que le projet d'aménagement de l'étang avait pris forme : d'un étang aux eaux stagnantes et jonché d'ordures, il était devenu un lieu magnifique, avec ses berges pavées et le parfum enivrant des lotus qui embaume chaque jour.
L'étang est la vitalité, l'âme du village. Il est son poumon vert. Il est aussi un symbole de feng shui. Dans les souvenirs des anciens, l'étang du village de But Linh était autrefois plein et limpide ; on pouvait en apercevoir le fond depuis la rive. À midi, en revenant des champs, les villageois s'arrêtaient à l'étang pour puiser de l'eau, se laver le visage, se recoiffer et se regarder dans le miroir. Autour du pont, on lavait les pommes de terre, on nettoyait les moules, et les rires et les voix des femmes résonnaient. À cette époque, chaque saison sèche, les villageois allaient chercher de l'eau à l'étang pour remplir leurs jarres et leurs pots ; pendant la saison des crues, chacun s'appelait avec son panier, son filet, son épuisette, etc., pour pêcher des crevettes et des poissons. La rive fraîche et venteuse de l'étang est aussi un lieu de rendez-vous privilégié pour de nombreux couples… L'étang est si familier et si intimement lié à la vie du village que, consciemment ou non, les villageois le prononcent avec un « o », comme une jeune fille du village. Les habitants du village, partis en voyage, utilisent l'étang comme point de repère pour retrouver leur foyer.
Le village et l'étang semblaient encore exister, mais jour après jour, année après année, le village se transformait sous l'effet du tourbillon de la vie marchande. La vie devenait plus prospère, mais l'étang du village s'asséchait. Le rythme de vie s'accélérait, et combien de personnes venaient encore se reposer à l'étang, chargées de leurs fardeaux ? Chaque maison avait un puits et un robinet pour l'approvisionnement en eau, mais combien de personnes demandaient encore de l'eau de l'étang pour la conserver dans des jarres et des pots ?
Il semble que chacun soit occupé à gagner sa vie, si bien que les villageois se font de plus en plus rares à s'asseoir au bord de l'étang pour bavarder tranquillement. Résultat : l'étang tombe dans l'oubli… En passant près de ses berges, les gens jettent leurs ordures n'importe comment ; les eaux usées de chaque maison se déversent les unes après les autres. Peu à peu, l'étang du village – reflet de la ville – devient une mare stagnante, une décharge sauvage. Les visiteurs ont bien du mal à imaginer que cet endroit était autrefois un étang ! On lui tourne le dos, on l'évite comme la peste !
Au cours des dernières décennies, l'étang a été empiété et fortement pollué. De temps à autre, lors de moments de détente autour d'un verre, les villageois évoquaient l'étang avec regret, en disant : « Si seulement… ».
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Mais les villageois de Linh ont fait don de bancs en pierre pour les installer autour de l'étang du village. Photo : Huong Thao |
Cela dit, le dragage, la rénovation et l'embellissement de l'étang du village devaient attendre qu'on prenne l'initiative. Dans ce village, outre les discussions informelles autour d'un thé vert, des milliers de personnes, proches ou lointaines, se sont connectées via la page Facebook « Village de But Luyen ». Sur cette page, l'information la plus courante concerne l'étang, dont les travaux, entamés en 2019, ont été perturbés par plusieurs épidémies, avant d'être enfin achevés. Hoe, la « trésorière malgré elle » du projet de rénovation, publie régulièrement des détails et rend public le montant des contributions. Le calcul exact s'élève à 350 832 000 dongs, entièrement financés par la générosité des villageois de But Luyen, y compris leurs enfants, frères et sœurs et beaux-frères et belles-sœurs, proches ou lointains.
Le « trésorier » Hoe m'a montré le carnet qu'il conservait précieusement depuis des années, par pure méticulosité, mais aussi parce qu'il était prisonnier de son village et qu'il devait se soucier de tout. Il m'a dit : « Il y a toutes sortes de gens, mais au final, ce que j'apprécie le plus, c'est l'amour des villageois ! Si vous regardez cette liste, vous verrez des commerçants prospères qui donnent des dizaines de millions, des marchands qui vendent leurs produits et donnent cinquante ou cent, des enfants loin de chez eux qui envoient cinq cents, un million… L'argent est peu, mais le cœur est grand. Ce sont autant de bonnes actions pour le village, pour la terre natale ! »
À But Linh, l'histoire de la restauration de l'étang du village est profondément émouvante. Existe-t-il un endroit où l'amour de la campagne est aussi palpable ? Ici, les femmes et les mères des petits commerçants du marché se réunissent pour collecter la monnaie, la lisser et la remettre au trésorier. Les hommes du village plantent des bauhinias aux couleurs chatoyantes autour de l'étang et prennent le temps chaque matin et chaque soir de les tailler et d'entretenir leurs racines. Les belles-familles financent le système d'éclairage solaire, contribuant ainsi à faire scintiller les berges de l'étang et à leur donner une beauté resplendissante.
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Les habitants du village de But Linh plantent des arbres le long de l'étang, à l'occasion du premier festival de plantation d'arbres de 2021. Photo : Huong Thao |
L'étang, autrefois stagnant, a retrouvé sa vitalité. Les villageois y ont planté des lotus roses parfumés, créant ainsi un lieu idéal pour les activités communautaires matin et après-midi. En flânant sur ses berges, désormais pavées de belles briques rouges, on entend les voix, les rires des enfants, la musique d'exercice diffusée par la radio, les villageois qui parlent des récoltes abondantes de cette année, des enfants qui viennent de réussir leur examen d'entrée à l'université, des histoires de famille, des récits du quartier et même des histoires venues du monde entier. On se sent heureux au village de But Linh !
Mais des inquiétudes persistent ! L'inquiétude est grande car le projet doit encore plus de cent millions à l'entrepreneur et nécessite toujours le soutien de la population, aussi bien locale que nationale. L'inquiétude est également grande car, malgré la rénovation de l'étang, sa propreté et sa beauté dépendent de la vigilance de chacun et de la responsabilité des autorités locales. Enfin, l'espoir demeure : qu'après le succès du projet d'aménagement de l'étang du village, tous s'accordent à restaurer des sites sacrés de la région. À l'instar de l'étang, les anciennes maisons communales et les temples restent gravés dans la mémoire des villageois, qui continuent d'évoquer ce sentiment de respect et de sacralité auprès de leurs enfants et petits-enfants. La restauration n'est pas seulement motivée par des convictions spirituelles, mais vise surtout à raviver et à transmettre aux générations futures l'amour du patrimoine vietnamien.





