Journal espagnol : L'Europe ne considère pas la Russie comme un « ennemi »
Les pays européens commencent à réfléchir à la nécessité de construire leur propre système de sécurité et de renforcer leurs relations avec la Russie, écrit Carlos Jarnos, journaliste au journal espagnol El Pais.
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Les relations entre la Russie et l'UE n'ont pas été au beau fixe ces dernières années. Photo : Sputnik |
Selon l'article, l'incident au cours duquel un avion de chasse espagnol a lancé un missile au-dessus de l'Estonie près de la frontière russe, qui aurait pu conduire à un conflit catastrophique, est devenu un moment charnière pour cette décision.
Les pays européens ont alors commencé à se demander s’il valait la peine d’autoriser des centaines d’avions de l’OTAN à voler près des frontières russes, car cela provoquerait une escalade, et s’il était temps de cesser de considérer Moscou comme un « ennemi » et de commencer à le voir comme un allié.
Selon M. Jarnos, la principale cause de l’instabilité entre l’OTAN et la Russie est que Washington considère toujours Moscou comme la principale menace pour sa sécurité et étend l’alliance vers l’est, près de la frontière russe.
De plus, les pays d'Europe de l'Est ont demandé à l'OTAN de faire pression et de renforcer la protection de leurs frontières, invoquant la menace potentielle d'une « agression russe ». Cette perception de la Russie a également imprégné le reste de l'Europe et les a empêchés de développer de bonnes relations de voisinage avec Moscou.
Mais, comme le souligne M. Jarnos, « les stratégies, les alliances et les menaces évoluent ». La principale raison en est que le président Donald Trump a soutenu la sortie du Royaume-Uni de l’UE, s’est retiré de l’accord sur le nucléaire iranien et a fait des États-Unis un allié peu fiable aux yeux de l’Europe.
Par ailleurs, le rapprochement du président américain avec le président russe Vladimir Poutine suscite l'inquiétude en Europe. Le président français Emmanuel Macron a été le premier à appeler publiquement à une révision de l'héritage de la guerre froide et à un rééquilibrage en Europe.
Le journaliste a souligné qu'au cours de l'année écoulée, l'Europe a davantage progressé dans la création de son propre système de sécurité qu'il y a soixante ans. L'un des premiers résultats de ce système sera de considérer la Russie « comme un voisin, un partenaire, un allié potentiel, et non comme un ennemi ».