Comment le Canada a « échappé aux tirs croisés » dans le conflit entre les États-Unis et la Chine

Hoang Pham DNUM_BGZAHZCACA 07:01

Le Canada n’est pas en mesure de changer le comportement de la Chine ou des États-Unis, mais Ottawa a encore d’autres options, a déclaré Hanlon.

Dans un article paru dans The Conversation, l'auteur Robert J. Hanlon, chargé de cours à l'Université Thompson Rivers, spécialisé dans les relations internationales et la politique asiatique, a déclaré qu'il est clair que la Chine et les États-Unis seront prêts à « manipuler » le système juridique canadien à leurs fins politiques ultimes.

Le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping lors du sommet du G20 à Osaka, au Japon, en juin 2019. Photo : Indian Express

La demande du gouvernement américain d'arrêter et d'extrader la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, suivie de la réponse de la Chine qui a arrêté les citoyens canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, a laissé le gouvernement du Premier ministre canadien Justin Trudeau coincé entre les deux puissances.

Le procès d'extradition de Meng Wanzhou (vers les États-Unis) devrait se poursuivre en août. Dans une déclaration faite fin juin dernier, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé qu'il ne libérerait pas Meng Wanzhou en échange de la libération de deux citoyens canadiens détenus par la Chine.

Avantages de la « puissance moyenne »

Le scénario de l’arrestation de Kovrig et Spavor montre comment les « puissances moyennes » devraient chercher à « gérer » la confrontation entre des pays ayant une plus grande influence qu’eux.

D'un côté, la politique « America First » de l'administration Trump peut fragiliser les alliances traditionnelles, tandis que la Chine peut utiliser ses détentions d'étrangers comme levier politique. De l'autre, les puissances moyennes – ou les pays à l'influence modérée – doivent trouver les moyens de défendre leurs valeurs et leurs intérêts.

Alors que le Canada devient un terrain de jeu pour les rivalités entre grandes puissances, Ottawa doit se préparer à une période de concurrence féroce entre les États-Unis et la Chine. Dans un conflit aux implications régionales et mondiales, le Canada est un pays particulièrement « faible » en raison de sa proximité géographique avec les États-Unis et de sa dépendance économique à l'égard des États-Unis et de la Chine, respectivement ses principaux et deuxièmes partenaires commerciaux.

Situation sans issue

De toute évidence, Huawei est une entreprise politiquement exposée, et la demande d’extradition américaine visant la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, soulève également des risques importants pour les Canadiens.

Comme l'a déclaré David Zweig, professeur émérite à l'Université des sciences et technologies de Hong Kong, si Meng Wanzhou était expulsée, des centaines de milliers de Canadiens en Chine seraient en danger. Le Canada se retrouverait alors dans une situation sans issue.

L'épouse de Michael Kovrig, Vina Nadjibulla, a dit un jour : « Nous ne pouvons pas gagner une course vers le bas avec la Chine, nous ne pouvons pas être plus agressifs, car la confrontation n'est pas une stratégie. »

Le professeur Zweig et Nadjibulla, ainsi que de nombreux politiciens canadiens de haut rang, ont réclamé la libération de Meng en échange de deux citoyens canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor. Cependant, une forte opposition à un tel « échange de prisonniers » s'est également manifestée, appelant à des mesures plus fermes, tandis que les efforts diplomatiques se poursuivent en coulisses.

Un tel échange nuirait en réalité à la réputation du Canada et montrerait au monde et à ses alliés qu'Ottawa accepte la « diplomatie des otages », selon Robert J. Hanlon. À bien des égards, cela compromettrait les relations futures du Canada avec l'Asie.

Le premier ministre Trudeau a également souligné que la libération de Meng Wanzhou ne ferait que « montrer à la Chine que tout ce dont elle a besoin est de détenir arbitrairement des citoyens canadiens pour exercer une pression politique, forçant le gouvernement [canadien] à faire ce qu’elle veut ».

Stratégie de sécurité humaine

Alors que beaucoup spéculent que la Chine et les États-Unis risquent de tomber dans le « piège de Thucydide » – dans lequel la guerre est inévitable lorsqu’une puissance émergente défie une puissance établie – le Canada doit se préparer au pire et trouver des solutions créatives pour faire face à cette rivalité entre superpuissances.

Pour ce faire, les décideurs politiques canadiens doivent également comprendre qu’ils ne sont pas en mesure de changer le comportement de la Chine ou des États-Unis, selon Robert J. Hanlon.

Le Canada dispose toutefois d’autres options, notamment celle de renforcer la sécurité humaine.

Premièrement, le Canada devrait revenir aux principes de l’après-guerre froide et soutenir des principes clairs de sécurité humaine.

Deuxièmement, le Canada devrait tirer les leçons de son expérience de la Guerre froide en tant que puissance moyenne pour gérer la rivalité entre grandes puissances par l’intermédiaire des institutions multilatérales. Le retrait de l’administration Trump des institutions mondiales offre aux alliés occidentaux l’occasion de poursuivre des politiques progressistes clairement axées sur la sécurité humaine.

Troisièmement, le Canada doit promouvoir vigoureusement la sécurité humaine dans les pays qui jouent un rôle clé dans l’initiative « Une ceinture, une route » de la Chine, en soutenant les droits de la personne et l’état de droit.

Le Canada doit également rappeler à ses alliés ce que peut signifier un partenariat économique s’il porte atteinte à la souveraineté légitime d’un pays si ce dernier ne se conforme pas à leurs souhaits.

La Chine n'est pas nécessairement d'accord avec les principes du Canada, et le Canada ne peut pas non plus imposer ses valeurs à la Chine, selon M. Hanlon.

Cependant, le monde doit également savoir comment l'État de droit au Canada est « opprimé » par les États-Unis et la Chine. C'est pourquoi le Canada doit protéger ses valeurs.

Selon vov.vn
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