La stratégie de Renault pour dominer le marché des voitures low cost
(Baonghean.vn) - 2015 a été une année fructueuse pour le quatrième constructeur automobile mondial, Renault SA, avec des ventes les plus élevées jamais enregistrées et des bénéfices atteignant 2,96 milliards d'euros, en hausse de près de 50% par rapport à 2014. La stratégie d'expansion vers de nouveaux marchés en Asie, en Afrique et de rattrapage de la reprise du marché européen semble mettre le constructeur automobile français sur la bonne voie.
M. Eric Champarnaud - Directeur adjoint de l'Office d'Information et de Prévision Economiques a donné une interview analysant et évaluant le succès exceptionnel de Renault en 2015.
PV : Que pensez-vous des résultats commerciaux impressionnants de Renault l’année dernière ?
En 2015, Renault a pleinement profité du marché européen, qui montre des signes de reprise progressive. Le taux de croissance du marché européen par rapport à 2014 a atteint 9,3 % et devrait se maintenir à ce niveau cette année.
Il est intéressant de noter que la reprise du marché automobile européen s'est produite de manière tout à fait naturelle, sans recours à des mesures de relance artificielles. La raison en est simplement le vieillissement des véhicules utilisés par les consommateurs, qui a entraîné un phénomène naturel de « transfusion sanguine » sur le marché. Ce phénomène compense également le retard causé par l'instabilité des marchés russe et brésilien.
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Renault a réalisé une année 2015 impressionnante et a démontré de nombreux atouts concurrentiels sur le marché des voitures à bas prix. Photo : AFP |
PV : Par rapport à d’autres concurrents, quelles mesures intelligentes Renault a-t-elle prises pour profiter de ce marché commun favorable ?
Lancer un bon produit au bon moment. C'est exactement ce que Renault a fait avec ses derniers produits. Par exemple, la gamme Entry, composée de modèles tels que Logan, Duster, Sandero, etc., rencontre un succès considérable sur le marché en exploitant la préférence des consommateurs pour des voitures plus petites et plus économiques.
Cette mentalité de consommation n'est pas nouvelle, mais presque personne ne pense qu'une telle stratégie low-cost puisse générer des profits significatifs. La réalité a prouvé le contraire : Renault a réussi avec ses voitures low-cost parce qu'elle a lancé cette stratégie au bon moment, alors que le marché commençait tout juste à redémarrer.
PV : Mais pour faire du profit avec des voitures bon marché, il faut que les ventes soient extrêmement élevées...
Renault a relevé le défi avec succès. Un faible coût de revient implique toujours une baisse des profits produits. Cependant, les profits générés par les produits à bas prix de Renault compensent largement les coûts de production. En effet, Renault sait collecter et valoriser les pièces et composants des voitures d'ancienne génération, optimiser les processus opérationnels, promouvoir le minimalisme dans le design…
Certains craignaient que cette stratégie ne « détruise » la marque Renault. Mais cela n'a pas eu lieu. Au contraire, Renault se construit une position extrêmement solide sur le segment milieu de gamme.
PV : Qu’en est-il des marchés étrangers ?
Nous n'avons pas encore beaucoup parlé de l'Afrique, mais Renault y est bien implanté. Le constructeur possède une filiale au Maroc et représente actuellement 38 % du marché local. Cette région gagnera en importance économique dans un avenir proche, et Renault y aura alors déjà implanté de solides « pièces d'échecs ».
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Carlos Ghosn, PDG de Renault, et une voiture low cost destinée au marché indien. Photo : AFP |
En Inde, la Kwid de Renault a également enregistré de bons résultats (100 000 commandes depuis son lancement en septembre 2015). Le constructeur a soigneusement étudié le marché qu'il cible. Les Indiens recherchent une voiture abordable mais de qualité, et Renault propose à ce vaste marché une voiture à seulement 3 500 euros, minimaliste mais d'un excellent rapport qualité-prix.
Certes, posséder une voiture sans navigation ni vitres automatiques est un peu contraignant, mais même sans ces équipements, elle répond aux exigences d'un moyen de transport. Mieux encore, le risque de panne est extrêmement faible. C'est la stratégie de Renault.
PV : Et maintenant, parlons de la Chine. Renault vient d'installer une usine à Wuhan, le pays le plus peuplé de la planète, pour produire le modèle Kadjar…
La présence de Renault en Chine est peut-être tardive par rapport à ses concurrents, mais ses conditions de développement sont plutôt favorables. Les marques françaises sont actuellement bien accueillies sur le marché chinois.
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Chaîne d'assemblage du modèle Kadjar de Renault dans son usine de Wuhan, en Chine. Photo : AFP |
Par ailleurs, l'enquête montre que le marché automobile chinois est sur le point d'entrer dans une période de « changement de sang » et que les consommateurs achèteront massivement des voitures. Cependant, il s'agit d'une catégorie de consommateurs plus expérimentés et pragmatiques que friands de luxe. Plutôt que des berlines, ils auront tendance à se tourner vers d'autres types de véhicules, comme les SUV, un segment de marché où Renault possède un avantage.
Les véhicules électriques constituent une autre opportunité pour Renault en Chine. Les embouteillages et la pollution constituent des problèmes majeurs en Chine, où l'immatriculation des véhicules est limitée à sept villes. Les véhicules électriques, cependant, sont exemptés des mêmes contrôles stricts que les véhicules à carburant fossile.
Bien que les infrastructures de transport nécessaires à l'accueil des véhicules électriques (bornes de recharge) ne soient pas encore en place, l'idée semble mûrir progressivement dans l'esprit des stratèges chinois. D'ici là, Renault, célèbre pour ses véhicules électriques, occupera une position dominante sur le marché automobile de nouvelle génération en Chine.
Thuc Anh
(D'après Libération)
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