Le jeu « risqué » aide les enfants à explorer leurs limites

Thuy Linh March 22, 2018 11:09

Lorsque les parents surprotègent leurs enfants, ils n’ont pas l’occasion d’explorer leurs limites et d’apprendre à gérer les risques.

Mariana Brussoni, professeure agrégée à l'Université de la Colombie-Britannique (Canada), partage sur The Conversation les avantages de laisser les enfants prendre des risques lorsqu'ils jouent.

« Soyez prudent ! », « Ne montez pas trop haut ! », « Arrêtez-vous tout de suite ! »

Les parents inquiets font souvent preuve d'un zèle excessif pour assurer la sécurité de leurs enfants lorsqu'ils jouent. Des recherches récentes suggèrent qu'il s'agit d'une forme de surprotection qui décourage les enfants de prendre des risques en extérieur. Lorsqu'ils prennent des risques, les enfants sont à la fois nerveux et excités, et ils testent leurs limites.

Grimper aux arbres, se promener dans le quartier avec des amis… il est prouvé que cela augmente l’activité physique, les compétences sociales, les compétences en gestion des risques, l’entraînement à la souplesse et la confiance en soi.

Les parents doivent surveiller leurs enfants, sans toutefois les empêcher, d'explorer leurs propres limites. Photo :Maman effrayante

Il est important que les parents et les professionnels n'aient pas à déterminer le jeu risqué que chaque enfant devrait pratiquer. Il est plutôt important de laisser aux enfants l'espace physique et mental nécessaire pour découvrir par eux-mêmes le niveau de risque approprié : suffisamment pour susciter l'enthousiasme, mais sans que l'expérience devienne trop effrayante.

Mes années de recherche en prévention des blessures m'ont permis de comprendre les problèmes potentiels et les moyens de les prévenir. Mais, titulaire d'un doctorat en psychologie du développement, je crains aussi que nous ne protégions trop nos enfants.

Empêcher les enfants d’explorer l’incertitude peut avoir des conséquences indésirables sur leur santé et leur développement, telles que l’inertie, l’anxiété et les phobies.

Les craintes des parents

De nombreux parents que j'ai interrogés dans le cadre de mes recherches reconnaissent l'importance des jeux à risque, mais peuvent être submergés par la crainte que leur enfant soit gravement blessé ou kidnappé. Ils craignent également d'être dénoncés aux autorités pour avoir exposé leur enfant à des risques. Ces inquiétudes peuvent les conduire à une surprotection.

Dernièrement, j'ai remarqué une tendance inverse : les parents craignent que leurs enfants soient trop timides et ne prennent pas assez de risques. Ils veulent savoir comment leur apprendre à prendre des risques par le jeu. Cela m'inquiète autant que la surprotection.

Ces deux approches peuvent accroître le risque de blessures et de préjudices pour les enfants, car les parents ignorent leurs capacités et leurs centres d'intérêt. Comment un enfant peut-il se découvrir et apprendre le fonctionnement du monde si les adultes lui disent constamment quoi faire et comment le faire ?

Au Canada, la sécurité des enfants n'a jamais été aussi grande. Le risque de mourir d'une blessure est de 0,0059 %. Les accidents de voiture et les suicides sont les principales causes de décès, et non le jeu. En fait, les enfants sont plus susceptibles d'avoir besoin de soins médicaux pour des blessures liées à des sports organisés que pour des jeux libres.

De même, la probabilité d'enlèvement par un inconnu est si faible qu'aucune statistique n'est recueillie. Pour trouver un juste équilibre, les experts en prévention des blessures privilégient une approche visant à assurer la sécurité maximale des enfants, et non la sécurité maximale.

Les enfants ont une capacité innée à gérer le risque.

Les jeux risqués constituent une part importante des activités de plein air dans de nombreuses écoles et garderies canadiennes. Dans les écoles forestières de nombreux autres pays, les enfants creusent librement des trous, grimpent aux arbres et utilisent des outils pour faire du feu sous une surveillance attentive.

Un directeur d'école néo-zélandais a décidé que ses élèves n'avaient besoin d'aucune règle. Ils grimpaient aux arbres, faisaient du vélo, faisaient ce qu'ils voulaient. Son école a participé à une étude plus vaste qui a révélé que les élèves autorisés à prendre des risques étaient plus heureux et moins harcelés que leurs camarades d'autres écoles.

Lorsqu'on leur en donne l'occasion, même les jeunes enfants démontrent leur capacité à gérer les risques. Photo :Flickr ouvert

Voir des enfants s'adonner à des jeux risqués nous fait prendre conscience qu'ils sont capables de bien plus que nous le pensons. Lorsqu'on leur en donne l'occasion, même les jeunes enfants sont capables de gérer le risque et de trouver leurs propres limites. Il suffit d'ouvrir les yeux et d'être prêts à voir ce qui se présente à nous. Prenons du recul et laissons-les expérimenter, car leur potentiel d'apprentissage est immense.

Imposer des limites inutiles aux jeux des enfants ou les pousser trop loin est une erreur. Notre rôle en tant qu'éducateurs est de leur permettre d'explorer et de jouer librement, tout en les aidant à gérer les dangers majeurs susceptibles de causer de graves dommages.

Selon les capacités, les centres d'intérêt et le stade de développement de l'enfant, cette approche doit être appliquée avec souplesse. Un enfant d'âge préscolaire peut se cacher dans les buissons et se prendre pour un explorateur de la jungle. Les parents observent tout en lui laissant un sentiment d'indépendance.

Les enfants plus âgés peuvent explorer le quartier avec leurs amis. Les parents doivent les aider à acquérir progressivement des compétences essentielles, comme observer la circulation et traverser la rue en toute sécurité.

Selon vnexpress.net
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