Le sauvetage désastreux de l'armée de l'air britannique en 1944

Duy Son March 11, 2018 09:20

L'armée de l'air britannique a attaqué la prison allemande nazie d'Amiens pour sauver des prisonniers, mais a causé de nombreux morts.

Avion Mosquito participant à des frappes aériennes (à gauche) et prison d'Amiens. Photo :Histoire de la guerre.

Le 18 février 1944, l'armée de l'air britannique lança l'opération Jéricho, attaquant la prison allemande nazie d'Amiens, en France, dans le but de libérer les prisonniers qui y étaient détenus. Cependant, l'opération tourna rapidement au désastre sanglant, entraînant la mort de plus de 100 prisonniers, selon les chiffres.Histoire de la guerre.

La prison d'Amiens, sous haute surveillance, abritait 717 prisonniers, dont des résistants et des hommes politiques français arrêtés pour avoir soutenu la Résistance contre l'Allemagne nazie. Les services de renseignements britanniques pensaient que les Allemands avaient commencé à exécuter des prisonniers et s'apprêtaient à en tuer 100 le 19 février 1944.

L'opération Jéricho devait débuter le 10 février sous le commandement du vice-maréchal de l'air Basil Embry, mais celui-ci dut abandonner sa mission pour participer au plan allié de reconquête de l'Europe. Il fut remplacé par le capitaine Percy Charles Pickard, pilote expérimenté mais rarement impliqué dans des missions de bombardement à basse altitude.

Selon le plan, l'escadron de chasseurs-bombardiers légers DH 98 Mosquito devait approcher Amiens à basse altitude et attaquer la prison d'Amiens. Ce type d'appareil était considéré comme adapté à la mission, car il pouvait attaquer avec précision et faire s'effondrer les murs pour permettre aux prisonniers de s'évader, sans causer de dommages collatéraux comme les bombardiers lourds. Les pilotes reçurent également l'ordre de bombarder la cafétéria pendant la pause déjeuner afin de causer un maximum de pertes aux gardiens.

La mission fut lancée le 18 février. Les conditions météorologiques étaient mauvaises, avec de fortes chutes de neige sur l'Europe, mais la mission devait avoir lieu car les prisonniers devaient être exécutés le lendemain. La RAF estimait que la frappe aérienne tuerait certains prisonniers. Cependant, elle attaqua quand même, car nombre d'entre eux avaient été condamnés à mort, ce qui rendait cette journée moins significative.

Avion Mosquito de l'armée de l'air britannique. Photo :RAF.

L'escadron principal était composé de 18 chasseurs Mosquito et d'un avion équipé d'une caméra pour filmer l'intégralité du raid. L'opération Jericho fut ainsi l'une des rares à avoir été filmée. Le commandant de l'escadron était le capitaine Pickard, qui mena la deuxième attaque et évalua les dégâts ennemis. Le 18 février à 8 heures, l'escadron fut informé de la cible et de la mission.

Le décollage par mauvais temps a causé une série de problèmes avant que les avions britanniques n'atteignent leur cible. Quatre Mosquito ont été perdus de vue et ont perdu le contact, tandis qu'un autre a subi une panne moteur. Ces appareils ont dû rentrer à la base, réduisant la vague d'attaque initiale à quatre appareils au lieu des neuf prévus. La mission de sauvetage s'est avérée plus risquée que prévu, car la RAF a dû concentrer son attaque en une seule vague plutôt que de la diviser en deux.

Le raid débuta à midi. Trois Mosquitos ciblèrent les murs, utilisant des bombes programmées pour exploser au bout de 11 secondes. Ils percèrent le mur extérieur lors de la première attaque, mais durent faire demi-tour pour une attaque de suivi. Deux autres bombardèrent la gare, empêchant l'arrivée des renforts ennemis et offrant aux prisonniers une chance de s'échapper.

À 12h06, le mur est de la prison n'avait pas encore été percé. Les Mosquitos, volant à seulement 15 mètres du sol, continuaient leurs bombardements. Lors de la deuxième vague, deux avions larguèrent des bombes de 230 kg sur le quartier central de détention, tuant de nombreux gardiens et prisonniers. À ce moment-là, les prisonniers commencèrent à s'évader.

Le capitaine Pickard jugea la mission réussie et ordonna le retour à la base. En chemin, l'escadrille britannique rencontra une série de chasseurs allemands. L'avion de Pickard fut touché et s'écrasa, tuant ses deux membres d'équipage.

Sur les 717 prisonniers, 102 sont morts lors du raid, la plupart abattus par des gardes alors qu'ils tentaient de s'évader. Quelque 255 personnes se sont évadées, dont 79 résistants, mais 182 ont été reprises dans les 48 heures qui ont suivi.

Prison d'Amiens endommagée par un raid aérien. Photo :Histoire de la guerre.

L'historien français Jean-Pierre Ducellier, qui a consacré des années à l'étude du raid sur la prison d'Amiens, affirme qu'il s'agissait d'un effort inutile et que la raison invoquée par l'armée britannique n'était pas la véritable. La Résistance française n'a pas demandé de bombardement pour sauver des prisonniers, ni transmis d'informations sur la prison avant que Londres ne le demande. En réalité, aucune exécution n'a eu lieu ni avant ni après le raid.

L'identité du commanditaire de l'opération Jéricho demeure un mystère. Le chef du Special Operations Executive (SOE) en France, Maurice Buckmaster, a nié que son agence soit à l'origine de l'attaque. Buckmaster a affirmé que le Service de renseignement secret britannique (MI6) en était responsable, mais cette affirmation n'a jamais été vérifiée.

Selon vnexpress.net
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