Enseignement supplémentaire, apprentissage supplémentaire, interdit ou non ?
L’enseignement et l’apprentissage supplémentaires sont un sujet maintes fois abordé dans la presse, et même à l’Assemblée nationale. Mais à ce jour, aucune solution fondamentalement tranchée n’a été trouvée.
Cette situation révèle une certaine confusion quant à la résolution du problème. Elle résulte de divergences d'opinions sur les différentes formes de soutien scolaire et d'apprentissage extrascolaire, ainsi que d'une opinion publique partagée. Certains considèrent ces pratiques comme extrêmement négatives, voire néfastes, et préconisent leur éradication. À mon avis, ces opinions sont partiales et s'expliquent par deux raisons possibles : premièrement, le juge n'a pas encore appréhendé le problème dans son ensemble, sous tous ses aspects ; deuxièmement, il a tendance à ne voir que le côté négatif du problème, manquant ainsi de bienveillance, de générosité et d'humanité. Bien entendu, cette vision s'explique par le fait que le secteur de l'éducation est depuis longtemps confronté à de nombreuses sources d'inquiétude, dont le soutien scolaire et l'apprentissage extrascolaire.

Personnellement, je pense qu'il n'y a aucune raison d'interdire les cours de soutien scolaire, car il s'agit d'un besoin et d'un droit. Ces cours répondent avant tout au souhait des parents et des élèves. Sans demande, comment peut-il y avoir une offre ? Personne ne peut envisager d'ouvrir des cours sans tenir compte des besoins des élèves, ni d'obliger ensuite les élèves à y assister. Preuve en est que, malgré l'interdiction des cours de soutien scolaire dans les établissements, les élèves continuent d'affluer vers les centres de préparation aux examens. Je parle ici du début du problème. Et bien sûr, il ne faut jamais nier l'importance des cours de soutien scolaire dans le processus de formation et de perfectionnement des connaissances, des compétences et des qualités des élèves.
De nos jours, les cours de soutien scolaire ont poussé comme des champignons, certaines classes accueillant parfois des centaines d'élèves. Ces cours ont joué un rôle crucial en ouvrant les portes de l'université à de nombreuses personnes. Même ceux qui protestent aujourd'hui contre le tutorat et les cours particuliers ont très probablement accédé à l'université grâce à ces cours. Nous l'avons accepté et même salué, alors pourquoi ne pas continuer ainsi ?
Certains ouvrent des classes, d'autres donnent des cours particuliers, avant tout pour répondre aux besoins des élèves. Et l'enseignant, aussi pragmatique que cela puisse paraître, dispose ainsi d'un revenu supplémentaire pour couvrir des centaines de dépenses. C'est normal, et même très positif lorsque le salaire ne suffit pas à assurer un minimum vital. D'un point de vue plus positif et humain, je pense que ces cours particuliers créent aussi des opportunités et incitent les enseignants à se former en permanence et à perfectionner leurs compétences. C'est bénéfique pour les enseignants, les élèves et le secteur de l'éducation. Si les cours particuliers et les formations complémentaires étaient interdits, les enseignants pourraient certes améliorer leurs revenus en exerçant d'autres activités. Mais je ne peux vraiment pas supporter l'idée que nos enseignants soient contraints de travailler comme livreurs, vendeurs en ligne, vendeurs d'assurances-vie, adeptes du marketing de réseau, chauffeurs de VTC… Je connais beaucoup d'enseignants dans cette situation.

De plus, les activités d'enseignement et d'apprentissage complémentaires créent un canal de communication entre les écoles, les enseignants et les parents, permettant un meilleur encadrement des enfants et évitant les comportements incontrôlés qui peuvent nuire à leurs études, voire engendrer des problèmes sociaux. Une autre question se pose : comment expliquer que, tout en interdisant aux écoles d'organiser des activités d'enseignement et d'apprentissage complémentaires, nous accordions des autorisations à des centres extérieurs ? Cela pourrait facilement laisser croire à une perte de confiance dans les institutions éducatives et dans le corps enseignant. Par ailleurs, l'enseignement est une profession « noble » : pourquoi les professionnels de la santé (médecins, infirmiers, aides-soignants, etc.) peuvent-ils effectuer des heures supplémentaires, alors que les enseignants ne le peuvent pas ? Pourquoi les établissements de santé publique peuvent-ils proposer des consultations et des traitements médicaux sur demande, alors que le secteur de l'éducation ne peut pas ouvrir de cours de soutien ? Nous avons évoqué les besoins ; parlons maintenant des droits. Il convient de souligner que la restriction des activités d'enseignement et d'apprentissage complémentaires dans les établissements publics ne garantit pas seulement le droit à l'éducation des enseignants, mais aussi celui des élèves. De plus, le droit des enseignants à la formation continue et au perfectionnement professionnel s'en trouve restreint.
Je n'oserais pas généraliser, mais si l'on considère les centres de soutien scolaire agréés, qui peut garantir qu'ils respectent tous les critères de qualité, du moins par rapport aux établissements scolaires publics ? La réalité est que, dans de nombreux centres aujourd'hui, beaucoup d'enseignants sont de jeunes diplômés ou ont quitté l'école depuis plusieurs années sans trouver de poste. Ces centres apprécient manifestement de recruter ces « enseignants », car leurs prétentions salariales sont loin d'être élevées. Leurs connaissances, leurs compétences et leur expérience, notamment l'expérience, sont forcément inférieures à celles du personnel enseignant des écoles établies. Interdire le soutien scolaire dans les établissements d'enseignement formels revient à placer les élèves dans des lieux où la qualité de l'enseignement n'est pas nécessairement optimale.
Bien sûr, il est important de noter ceci : les opinions opposées aux cours de soutien scolaire ont, pour la plupart, des raisons. Elles s’interrogent sur l’éthique et la conscience des enseignants face à ces cours. L’opinion publique a souvent dénoncé le recours par certains enseignants à des méthodes inhumaines pour contraindre les élèves à suivre des cours supplémentaires. Ces agissements sont absolument condamnables. Mais pourquoi ne pas envisager une stratégie pour éviter de tels problèmes ? Pourquoi ne pas garantir aux enseignants qu’ils placent toujours l’éthique professionnelle et l’amour du devoir envers leurs élèves au-dessus de tout ? Certes, cela n’est pas chose aisée dans un contexte de valeurs chaotiques. Par ailleurs, assurons aux enseignants une vie décente et un salaire à la hauteur de leurs compétences.


