Traitement à la méthadone : efficacité et préoccupations
(Baonghean) - Le programme de traitement de la toxicomanie à la méthadone est mis en œuvre dans notre province depuis septembre 2012. Après près de trois ans, il a eu de nombreux effets positifs, notamment : aider les toxicomanes à se sevrer progressivement de la drogue, améliorer leur qualité de vie, réduire les risques de criminalité, contribuer au maintien de l'ordre et de la sécurité sociale, tout en limitant les risques d'infection par le VIH et les maladies transmissibles par le sang (hépatite B, hépatite C, etc.). Cependant, des questions restent à débattre concernant le traitement à la méthadone.
Expansion des installations de traitement
Le premier centre de traitement à la méthadone de notre province se trouve au Centre de prévention du VIH/sida de la ville de Vinh. À ce jour, quatre autres centres ont été créés et mis en service dans les districts de Que Phong, Quy Chau, Tuong Duong et le Centre d'éducation professionnelle n° 1. Au 30 juin 2015, 936 patients avaient été traités, soit 27,53 % de l'objectif fixé par le gouvernement.
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Les patients prennent de la méthadone au Centre provincial de prévention du VIH/SIDA. |
Au fil du temps, le traitement à la méthadone s'est avéré très efficace. De nombreux patients persévérants, bien obéissants au traitement et sous méthadone ont progressivement recouvré la santé, stabilisé leur état psychologique et sont capables de travailler normalement, échappant ainsi à leur dépendance. Le programme de méthadone a notamment allégé le fardeau économique des familles de toxicomanes, limité l'augmentation de la criminalité, du trafic et de la consommation de drogue, et contribué à la stabilisation de l'ordre social et de la sécurité.
Un exemple typique est le cas de M. D., du hameau 13, commune de Dien An, district de Dien Chau. Après plus de deux ans de traitement à la méthadone (depuis juin 2013), M. D. a une vie plus confortable, plus heureuse et plus saine. « Avant, à chaque crise, sans médicaments, j'étais toujours fatigué, en difficulté et mal à l'aise. Maintenant, grâce à la prise quotidienne de méthadone, je n'ai plus besoin de drogues et je peux manger et dormir », a déclaré M. D.. De nombreux proches, amis et voisins étaient également très heureux car, après une période de traitement à la méthadone, D. avait changé d'humeur, menait une vie paisible et frugale, se concentrait sur ses revenus et ne dépensait plus d'argent en drogues comme lorsqu'il était dépendant.
Selon les médecins, l'utilisation de la méthadone par voie orale, et non par injection, réduit le taux d'infection par le VIH. Ce traitement présente également des avantages économiques, car son coût est très faible, une prise quotidienne étant nécessaire. En revanche, la consommation de drogues entraîne des dépenses importantes, parfois des millions de dongs, car elle est répétée plusieurs fois par jour. Le traitement à la méthadone est non seulement bénéfique pour les toxicomanes, mais il allège également le fardeau des familles et de la société, tout en limitant l'infection par le VIH/sida et les actes illicites liés à la drogue. Selon le plan, d'ici fin 2015, de nouveaux centres de traitement seront déployés à Thanh Chuong, dans les districts de Dien Chau, dans la ville de Thai Hoa, à Quy Hop, Ky Son, Con Cuong et Do Luong.
Le Dr Nguyen Van Dinh, directeur du Centre de prévention du VIH/sida, a déclaré : « L'atout majeur du programme ces dernières années réside dans l'attention et la direction ferme qu'il a reçues de la province et des secteurs concernés. Dans la décision n° 3401 du 22 juillet 2014 portant approbation du plan d'adaptation de la mise en œuvre du programme de traitement de la dépendance aux opioïdes par la méthadone à Nghe An pour la période 2014-2020, le Comité populaire provincial a augmenté les investissements dans le programme. Ainsi, si en 2014, le budget local alloué au programme s'élevait à 1 milliard 530 millions de VND, il est passé à 5 milliards 641 millions de VND en 2015. Par ailleurs, lors de la récente réunion du Conseil populaire provincial, le projet de financement du fonctionnement des centres de traitement à la méthadone a également été approuvé. Enfin, afin de préparer les projets du gouvernement central visant à réduire le nombre de drogues, le ministère de la Santé a également soumis au Comité populaire provincial un projet de loi visant à réduire le nombre de drogues. Pour l'approbation du plan, mettre en œuvre un modèle de traitement socialisé à la méthadone, selon lequel, au lieu d'être pris en charge à 100 % des coûts de traitement comme c'est le cas actuellement, les patients contribueront à hauteur de 7 000 à 10 000 VND par dose.
Outre l'expansion des structures de traitement, l'optimisation de l'efficacité et le maintien du nombre de patients, le secteur de la santé a également demandé aux structures de traitement de se préparer aux procédures administratives d'accueil des patients, conformément à la circulaire 12/2015/TT-BYT du 28 mai 2015 du ministère de la Santé. Cette circulaire détaille la mise en œuvre de plusieurs articles du décret 96/2016/ND-CP réglementant le traitement de la dépendance aux opioïdes par des médicaments de substitution, en vigueur depuis le 1er août, afin de garantir l'accès aux patients, de respecter les normes de traitement et de réduire les délais d'inscription. Auparavant, pour être admis dans un centre de traitement à la méthadone, les patients devaient déposer une demande et obtenir une confirmation des autorités locales (arrondissement, commune, ville). Cette réglementation a engendré un problème concret : certaines autorités locales, faute de connaissances sur le traitement à la méthadone, considèrent les toxicomanes comme des criminels, ce qui complique leur venue et leur demande de confirmation. Toutefois, conformément à la circulaire 12, il suffira prochainement aux personnes s'inscrivant à un traitement de remplir un formulaire de demande conformément au formulaire prescrit, et l'établissement de traitement se chargera de sélectionner les participants. Grâce à cette réglementation, les inscriptions à un traitement à la méthadone seront traitées rapidement et efficacement, et le traitement pourra commencer en une semaine environ.
Préoccupations
En juin 2015, la province de Nghe An comptait 7 293 toxicomanes sous contrôle judiciaire. Étant l'une des provinces comptant le plus grand nombre de toxicomanes du pays, le traitement de la toxicomanie (obligatoire et volontaire) dans les centres de traitement de la toxicomanie de la province rencontre de nombreuses difficultés.
Au cours des six premiers mois de 2015 seulement, ces centres n'ont pris en charge et organisé la réhabilitation de 1 069 étudiants ; ils ont créé les conditions de réinsertion sociale de 287 étudiants et en prennent actuellement en charge 782. Ainsi, le nombre de 933 personnes suivant un traitement à la méthadone représente un pourcentage très faible par rapport au nombre de toxicomanes dans la société.
Par ailleurs, le taux d'abandon du traitement à la méthadone dans la province demeure élevé. Fin juin 2015, sur 933 patients traités à la méthadone, seuls 690 poursuivaient leur traitement, soit environ 74 %. Plus de 240 patients ont abandonné leur traitement pour les raisons suivantes : décès ou autres maladies les empêchant de suivre un traitement, départ pour un travail éloigné, arrestation et incarcération, demande volontaire d'arrêt du traitement, et surtout abandon du traitement pour des raisons inconnues. Selon le Dr Nguyen Van Dinh, bien qu'il n'existe pas de chiffres officiels, on estime que plus de 100 patients ont volontairement demandé l'arrêt ou l'abandon du traitement.
Cette situation s'explique notamment par l'immensité de notre province, dont le relief est souvent complexe. Or, on ne compte que cinq centres de traitement à la méthadone (dont deux à Vinh), ce qui complique les déplacements de nombreux patients. Par ailleurs, de nombreux patients ont encore des perceptions erronées et manquent de détermination dans leur traitement. Cependant, selon le Dr Nguyen Xuan Hong, directeur adjoint du Département de la Santé, des problèmes subsistent concernant les centres de traitement, notamment l'insuffisance des conseils prodigués aux patients ; le manque de collaboration entre médecins traitants et conseillers ; l'absence d'enquêtes et d'analyses claires sur les raisons de l'abandon du traitement ; et l'absence de recherche active des patients abandonnant leur traitement pour les encourager à reprendre le traitement. Le programme de traitement à la méthadone rencontre également des difficultés, car, dans certains districts, la coordination entre la police, les services du travail, les invalides de guerre, les services sociaux et les services de santé est insuffisante pour l'accueil et le transfert des patients.
La décision n° 3401 portant approbation du plan d'adaptation de la mise en œuvre du programme de traitement de la dépendance aux opioïdes par la méthadone à Nghe An pour la période 2014-2020 fixe l'objectif à atteindre d'ici 2020 : plus de 40 % des toxicomanes sous contrôle dans 100 % des districts, villes et communes de la province participeront au programme de méthadone. Pour atteindre cet objectif, les comités, autorités, départements, sections et organisations du Parti doivent s'engager dans des actions de sensibilisation et de mobilisation afin que les toxicomanes soient informés de l'efficacité du traitement de la dépendance à la méthadone et qu'ils participent volontairement et adhèrent strictement au programme.
Durant le traitement, en plus de leur travail professionnel, les médecins doivent établir une relation étroite avec les patients par le biais d'entretiens de conseil afin de leur apporter un soutien opportun et de les encourager à poursuivre leur traitement. Lors de ces consultations, les médecins et les conseillers doivent aider les patients et leurs familles à comprendre que le traitement à la méthadone doit être suivi sur le long terme, voire à vie, afin d'éviter qu'après une période de traitement, ils ne ressentent plus le besoin d'héroïne. Certains patients, comme leurs familles, pensent avoir réussi à arrêter, mais interrompent leur traitement pour réduire les coûts et les déplacements, ignorant que le traitement à la méthadone doit être suivi sur le long terme, voire à vie. De plus, les autorités devront étudier prochainement la possibilité d'associer les programmes de traitement à la formation professionnelle, aux aides financières et à la création d'emplois adaptés et durables pour les patients, afin de les aider à stabiliser leur état d'esprit et à prévenir les rechutes. Ainsi, le nouveau programme de traitement à la méthadone pourra être plus efficace et durable.
Minh Quan