Le PDG de Huawei risque 30 ans de prison
Meng Wanzhou est soupçonnée d'avoir menti à une banque américaine pour dissimuler des violations des sanctions contre l'Iran.
Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei. Photo :AFP. |
La Cour suprême de la Colombie-Britannique (Canada) a déclaré hier que Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, était accusée de « complot en vue de frauder plusieurs institutions financières » et encourait plus de 30 ans de prison si elle était reconnue coupable et extradée vers les États-Unis. Mme Meng sera détenue jusqu'au 10 décembre, date à laquelle son audience de mise en liberté sous caution reprendra.Reutersrapport
L'avocat du gouvernement canadien, John Gibb-Carsley, a demandé au tribunal de rejeter la demande de mise en liberté sous caution, affirmant que Mme Meng avait évité à plusieurs reprises de se rendre aux États-Unis depuis qu'elle avait eu connaissance de l'enquête sur des transactions contournant l'embargo. « Le directeur financier de Huawei n'a aucun parent au Canada, a de nombreuses relations politiques et possède un patrimoine considérable, ce qui crée un risque très élevé de fuite », a ajouté l'avocat.
Meng Wanzhou est soupçonnée d'avoir menti à une banque américaine pour utiliser sa filiale SkyCom afin de vendre du matériel informatique à l'Iran entre 2009 et 2014, violant ainsi les sanctions de Washington contre Téhéran.
Mme Meng nie tout lien direct entre Huawei et SkyCom. Son avocat affirme qu'un cadre de Huawei siégeait au conseil d'administration de SkyCom il y a dix ans, mais que l'entreprise n'appartient plus au géant chinois des télécommunications. Par ailleurs, des responsables américains affirment que Huawei contrôle toujours SkyCom.
Les autorités américaines se méfient de Huawei depuis 2016, année où Washington a enquêté sur le groupe technologique ZTE pour violation des sanctions contre la Corée du Nord. Le ministère américain du Commerce a ensuite publié des documents internes de ZTE, montrant que le groupe chinois enquêtait sur les pratiques commerciales frauduleuses de son concurrent, identifié comme « F7 », présumé être Huawei.
Huawei a nié toutes les allégations et affirmé se conformer aux sanctions imposées par les Nations Unies, les États-Unis et l'Union européenne. L'entreprise s'est opposée à l'arrestation de Mme Meng Wanzhou par le Canada, affirmant n'avoir eu connaissance d'aucune violation de sa part et avoir respecté toutes les lois applicables.
Mme Meng, 46 ans, a rejoint Huawei en 1993 et a occupé divers postes au sein de ses divisions avant de devenir directrice financière et vice-présidente du conseil d'administration. Elle est considérée par certains médias chinois comme une candidate de choix pour reprendre l'entreprise de son père.