Joe Hagin : le personnage discret et le « pari risqué » qui a contribué au sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord

Compte tenu du délai serré, cela pourrait être considéré comme le plus gros pari de sa carrière.

M. Joe Hagin. Photo : AP

M. Hagin est arrivé à Singapour la semaine dernière pour discuter des détails logistiques avec la délégation nord-coréenne. Les préparatifs qu'il a entrepris dans la cité-État d'Asie du Sud-Est pourraient déterminer la tenue du sommet.

Dès le début, les préoccupations logistiques ont été un élément clé des préparatifs et de la planification de la réunion, depuis le choix du lieu jusqu'à la réponse aux inquiétudes nord-coréennes concernant la capacité du dirigeant Kim Jong-un à voyager de Corée du Nord à Singapour en toute sécurité.

De hauts responsables de la Maison Blanche ont déclaré qu’une semaine de discussions entre M. Hagin et des responsables nord-coréens avait joué un rôle clé dans la déclaration confiante du président Trump le 1er juin : « Nous nous rencontrerons le 12 juin à Singapour. »

Un haut responsable de la Maison Blanche a déclaré que M. Hagin avait essentiellement terminé la logistique du sommet et avait eu des réunions finales avec ses homologues nord-coréens.

Les anciens collègues de M. Hagin affirment qu'il était la personne la mieux placée pour organiser une réunion spéciale avec un dictateur nord-coréen en quelques semaines seulement.

« C'était le meilleur », a déclaré l'ancien directeur des services secrets W. Ralph Basam. « Si c'était possible, Joe Hagin était l'homme qu'il fallait pour y parvenir. »

Joe Hagin et une équipe de responsables de la Maison Blanche ont passé au peigne fin les salles de conférence, les hôtels et les bâtiments gouvernementaux à Singapour au cours de la semaine dernière pour trouver un lieu approprié pour le sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord, tout en essayant de résoudre les problèmes avec leurs homologues nord-coréens.

« Normalement, la préparation de ces événements prend des mois », a déclaré Josh Bolten, ancien chef de cabinet de la Maison-Blanche sous la présidence Bush. « Ça ne se passera pas aussi bien que je l'espérais, mais la présence de Joe me donne confiance. »

Dans une semaine seulement aura lieu le sommet États-Unis-Corée du Nord, l'événement le plus attendu de tous les temps. Photo : Getty

De nombreuses questions ont été soulevées lors des rencontres entre M. Hagin et ses homologues nord-coréens. Des sources proches du dossier ont indiqué que le nombre de gardes autorisés dans la salle de réunion avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un était une préoccupation majeure pour M. Kim, qui craint un risque de coup d'État en cas d'absence prolongée ou de déplacement trop loin du pays. Parmi les autres points abordés figuraient le transport de M. Kim et, bien sûr, le mode de tournage de la rencontre.

Les discussions logistiques ont suscité une attention soutenue de la part du public et de la presse. M. Hagin, habitué à mener ses fonctions discrètement, était fréquemment assailli par les journalistes dès qu'il quittait son hôtel. Plus d'une fois, les négociateurs ont modifié le lieu de la réunion à la dernière minute pour éviter toute surveillance médiatique.

Les réunions se sont déroulées à un rythme extrêmement lent et avec une prudence extrême. Une source proche des discussions a indiqué que les responsables nord-coréens étaient particulièrement « sensibles aux ordres » et que l'équipe de M. Hagin s'efforçait de présenter les idées du sommet de la manière la plus amicale et coopérative possible.

Les responsables nord-coréens ont également besoin de l’approbation des hauts dirigeants de Pyongyang pour chaque détail, il faut donc un à deux jours aux deux parties pour parvenir à un accord même sur les plus petits détails logistiques.

Pendant ce temps, la Maison Blanche a, d'autre part, permis à M. Hagin de décider des meilleures options pour l'organisation de la conférence, y compris le lieu, un fait qui reflète le prestige et le pouvoir que M. Hagin a eu à la Maison Blanche pendant de nombreuses années.

En tant que chef d'état-major adjoint chargé des opérations, M. Hagin supervisait une grande partie des opérations logistiques et humaines de la Maison-Blanche. Joe Hagin a également participé à de nombreuses activités sensibles de politique étrangère de l'administration.

Il faisait partie de la délégation qui accompagnait le secrétaire d'État Mike Pompeo à Pyongyang début mai pour obtenir la libération de trois otages américains par la Corée du Nord.

Sa présence dans les rangs des hauts fonctionnaires de la Maison Blanche a aidé de nombreux collègues, et même des membres du Parti démocrate qui s’inquiètent du sort de l’Amérique après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, à se sentir plus en sécurité.

Deux responsables, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont déclaré que M. Hagin avait souvent gardé secrets des détails logistiques sensibles concernant ses réunions avec Trump, notamment une visite du président chinois Xi Jinping à Mar-a-Lago l'année dernière, par crainte que le président ne tweete et ne perturbe les plans.