Quand le football influence la politique
(Baonghean) - Si le football et le baseball peuvent réchauffer les relations diplomatiques entre de nombreux pays du monde, alors il n'y a aucune raison pour que ce « roi du sport » ne puisse pas « jeter de l'eau froide » sur ces relations.
La Russie et la France illustrent parfaitement les tensions diplomatiques liées au football. Les actions des supporters russes encourageant l'équipe participant à l'Euro 2016 affectent les relations franco-russes, qui montraient des signes d'amélioration.
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L'UEFA prévient qu'elle expulsera certains supporters russes pour comportement violent. Photo : Internet. |
« Supporters russes » est sans doute le terme le plus fréquemment cité dans les journaux français pendant l'Euro qui se déroule dans ce pays européen. Des incidents liés aux supporters sont notamment associés aux noms des dirigeants des deux pays, la Russie et la France, lorsque les deux équipes ont dû tenir des propos « tendus » concernant les « collisions » entre leurs supporters.
L'incident a débuté lors des premiers jours de l'Euro. Les 10 et 11 juin, alors que l'Euro s'apprêtait à débuter, la police française a arrêté 43 supporters russes accusés d'avoir provoqué des violences à Marseille, lors du match Angleterre-Russie. Onze d'entre eux ont depuis été libérés, mais 32 autres sont toujours détenus au commissariat de police de Marseille.
À Lille, quatre supporters russes ont été arrêtés puis relâchés après avoir été reconnus coupables de conduite en état d'ivresse et de dommages corporels, et se sont affrontés avec des supporters anglais dans le centre-ville de Lille peu de temps après.
Plus récemment, le 18 juin, M. Alexander Shprygi, président de l'Association des supporters russes de football, ainsi que 19 autres supporters russes ont été expulsés vers leur pays par la France. Sans compter que des centaines de policiers français armés ont arrêté un bus transportant plus de 50 supporters russes à Cannes, soupçonnés de la présence de hooligans parmi eux.
Cependant, alors que la France a fait valoir que cette action visait à « assurer la sécurité » de l’Euro et a dénoncé les supporters russes comme des « personnes professionnellement entraînées et extrêmement violentes » venues en France dans le seul but de semer le trouble, la Russie, au contraire, a considéré cette action comme « inacceptable ».
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a reconnu les agissements extrêmes de certains supporters russes en France, mais a également déclaré qu'il était impossible de fermer les yeux lorsque des supporters étrangers tentent de provoquer des supporters russes. Il a également déclaré qu'il était inacceptable de piétiner le drapeau russe et de tenir des propos provocateurs et insultants à l'encontre des dirigeants russes.
Le président russe Poutine a également averti que la vague antirusse en France aurait des répercussions négatives sur les relations entre les deux pays. Cette tension a d'ailleurs contraint la Russie à convoquer l'ambassadeur de France à Moscou pour obtenir des explications détaillées sur ces actions.
Avec la déclaration ferme et directe du ministère russe des Affaires étrangères selon laquelle « la Russie s'oppose à l'application par la France de mesures discriminatoires et non sélectives contre les citoyens russes lorsque le parquet de Marseille a décidé de détenir 43 Russes pendant 48 heures pour mener une enquête », on peut voir que le football affecte sérieusement les relations diplomatiques russo-françaises.
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La police anti-émeute est présente dans les zones de supporters. Photo : Internet. |
Cela a certainement dépassé les attentes des dirigeants des deux parties. De fait, de nombreux signes d'évolution positive des relations entre la Russie et la France ont récemment été observés. Lors de sa visite en Russie en début d'année, le ministre français de l'Économie, Emmanuel Macron, a affirmé, malgré l'embargo de l'UE sur le pays, que cette visite visait à démontrer la volonté de maintenir et de renforcer les relations diplomatiques entre les deux pays dans le cadre politique et diplomatique actuel. M. Macron n'a pas non plus oublié de souligner la nécessité de renforcer davantage la coopération économique entre la Russie et la France pour le développement des deux pays, notamment dans le contexte difficile actuel.
Par ailleurs, en avril, l'Assemblée nationale française a également voté la levée des sanctions économiques de l'Union européenne contre la Russie en raison de son rôle dans le conflit dans l'est de l'Ukraine et l'annexion de la Crimée. Ces mesures ont été largement perçues comme des gestes de « bonne volonté » visant à améliorer les relations entre les deux parties.
Mais on peut dire que le football nuit à la bonne volonté de la Russie et de la France. La Russie a évoqué une « dégradation des relations diplomatiques » après les récents conflits. Et bien sûr, si cette mauvaise nouvelle se confirme, il est clair que les efforts pour améliorer ces relations seront vains. Et la France, pays qui souhaite plus que jamais améliorer ces relations, en souffrira davantage.
Si la France souhaite se rapprocher de la Russie dans le contexte des tensions persistantes entre l'UE et le gouvernement de Moscou, il est clair que le contexte actuel ne lui est pas favorable. Ainsi, les attentes de la France dans ses relations avec la Russie, telles que « l'amélioration de la situation économique ou la substitution de l'Allemagne comme principal acteur européen en matière de politique étrangère et de défense… », deviendront plus difficiles que jamais.
Il est connu que déterminer le bien et le mal entre les supporters russes et occidentaux est très difficile, sans parler du fait que la charge et la pression sur les forces de sécurité françaises ne sont pas minimes, mais s'il n'y a pas de mesures raisonnables pour résoudre les tensions de l'Euro 2016, ce que la Russie et la France perdront est très grand.
Thanh Hien