La crise du gaz ouvre une nouvelle ère de confrontation entre les grandes puissances

Comme le soulignent les auteurs, la crise gazière a porté le conflit ukrainien à un niveau supérieur, après la coupure d'une partie importante des approvisionnements. La Russie a interrompu l'approvisionnement en gaz par gazoduc de l'Europe, et l'Europe a annoncé son intention de cesser ses achats à Moscou, mais pas immédiatement. La lutte pour combler ce déficit prend des proportions de bataille mondiale, les pays s'efforçant d'assurer leurs rares livraisons de gaz naturel liquéfié avant l'arrivée de l'hiver dans l'hémisphère nord.

Transport de gaz naturel liquéfié. Photo : AP

L'Allemagne a averti que les pénuries de gaz risquaient de déclencher une récession similaire à la crise financière de 2008. Le cœur économique de l'Europe est confronté à un scénario sans précédent dans lequel les entreprises et les consommateurs pourraient être confrontés à des pannes de courant.

Nord Stream, le principal gazoduc russe vers l'Allemagne, sera fermé pendant 10 jours à partir du 11 juillet pour maintenance, mais les inquiétudes grandissent quant au fait que Moscou ne redémarrera pas le gazoduc.

Les dirigeants du G7 cherchent des moyens de maîtriser les revenus du gaz russe et se concentrent sur le soutien aux nouveaux investissements dans le gaz naturel liquéfié (GNL). Mais les pays les plus pauvres, qui ont bâti leur système énergétique sur du gaz bon marché, ne peuvent se le permettre.

« C'est comme dans les années 1970, sauf qu'aujourd'hui, c'est le gaz naturel. Le monde considère le gaz comme il considérait le pétrole à l'époque ; son importance dans l'économie moderne est devenue évidente, tout comme la nécessité d'un approvisionnement fiable et diversifié », a déclaré Kevin Book, PDG de ClearView Energy Partners LLC, une société d'études de marché basée à Washington.

Les plus touchés, selon les auteurs, sont un certain nombre d’économies émergentes qui sont de plus en plus en concurrence avec des pays riches comme l’Allemagne pour l’approvisionnement en GNL sur le marché mondial.

Au Pakistan, pays qui a bâti son système énergétique sur des approvisionnements en GNL bon marché, des coupures de courant périodiques plongent des régions entières dans le noir pendant les chauds mois d'été. Les centres commerciaux et les usines des grandes villes sont contraints de fermer, et les fonctionnaires sont contraints de réduire leurs heures de travail.

La Thaïlande a restreint ses importations de GNL en raison des prix élevés, ce qui a entraîné des pénuries de carburant à l'échelle nationale. La Birmanie, qui n'a pas encore surmonté l'instabilité politique, a suspendu tous ses achats de GNL à la fin de l'année dernière, lorsque les prix ont commencé à augmenter. L'Inde et la Chine ont également réduit leurs importations.

« Là où les marchés du gaz naturel étaient autrefois largement dispersés régionalement, nous disposons désormais d'un marché spot mondial, prêt à connecter l'approvisionnement mondial d'un combustible devenu vital pour de nombreuses économies. Cette tendance s'est particulièrement manifestée ces derniers mois », a déclaré James Whistler, PDG de la société de courtage singapourienne Vanir Global Markets, dans un communiqué.