L'UE du « Vieux Continent » a une autre bataille décisive à mener en plus du Covid-19 !
(Baonghean) - Actuellement, tous les gouvernements européens concentrent tous leurs efforts sur la lutte contre l'épidémie de Covid-19. Plus de 20 000 personnes sont décédées des suites de l'épidémie sur ce continent. Mais en coulisses, une bataille importante se livre également pour l'avenir du « vieux continent ». « Si l'Europe ne relève pas ce défi sans précédent, c'est toute la structure européenne qui sera détruite », a averti le Premier ministre italien.
Sonnette d'alarme
Le décès du ministre des Finances du Land de Hesse (Allemagne), Thomas Schaefer, n'a pas été causé par le coronavirus, mais par la pression de ce virus. Les autorités locales pensent que M. Schaefer s'est suicidé (le 28 mars) par crainte de ne pas pouvoir supporter les conséquences économiques de la Covid-19. Cette nouvelle est choquante pour les responsables allemands et européens et annonce qu'une terrible crise est sur le point de frapper ce continent.
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Le ministre des Finances du Land de Hesse, Thomas Schaefer, s'est suicidé par crainte des conséquences économiques du Covid-19. Photo : Twitter |
L'économie est l'un des sujets les plus sensibles de l'Europe moderne. La crise de la dette souveraine dans les pays méditerranéens, l'afflux de réfugiés le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale et le Brexit ont perturbé et causé d'énormes pertes aux places financières européennes, sans toutefois les faire sombrer.
Cependant, alors que les « vieilles blessures » ne sont pas encore cicatrisées, l'Europe a été frappée par la violente pandémie de Covid-19, affaiblissant le « vieux continent » plus que jamais. Il ne fait aucun doute que le virus menace la survie de l'euro et peut-être même de l'Union européenne (UE).
Le coût économique de la pandémie sur les économies européennes est incalculable à ce stade, car les variables sont nombreuses. Personne ne sait combien de temps durera la pandémie, et les confinements dans de nombreux pays de l'Union se poursuivront pendant des semaines, voire des mois. Sans compter que l'Europe n'est pas à l'abri du ralentissement économique aux États-Unis, en Chine et dans d'autres régions d'Asie.
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Les marchés boursiers européens plongent, la Covid-19 ravageant les économies. Photo : AFP |
Il n'est donc pas surprenant que même les économistes les plus optimistes peinent à formuler des prévisions concrètes. Certains prédisent une reprise en « V », ce qui signifie que l'économie européenne rebondira fortement après le ralentissement actuel, tandis que d'autres anticipent une reprise en « U », ce qui signifie qu'il faudra un certain temps pour que l'économie reparte après la pandémie.
Quel que soit le scénario, il est clair que l'Europe est confrontée à un défi sans précédent. Les premières statistiques des États membres de l'UE suggèrent que l'impact économique de la crise sera considérable. Ces derniers jours, par exemple, l'agence française de la statistique a révélé que sa production économique avait chuté de 35 % et que la crise de la Covid-19 réduirait le produit intérieur brut (PIB) de la France de 3 % si le confinement dure un mois, et de 6 % s'il dure deux mois.
Parallèlement, d’autres chiffres de recherche montrent également que, pour les autres membres, la plupart des estimations actuelles montrent une baisse de 15 % du PIB au deuxième trimestre de cette année et d’environ 10 % pour l’ensemble de l’année 2020 – des chiffres équivalents à ceux enregistrés dans les jours les plus sombres de la Grande Dépression des années 1930 et environ 10 fois pires que le déclin économique pendant la crise financière de 2007-2008.
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Des graines de séparation ?
L'impact économique négatif de la pandémie est indéniable. Mais comment le surmonter et coordonner ses actions constitue actuellement un défi majeur pour l'Europe. Le véritable choix qui s'offre à elle est de « vivre ensemble » ou de trouver sa propre voie.
Début mars, lorsque l'épidémie en Italie s'est aggravée et a montré des signes de propagation rapide et incontrôlable à de nombreux autres pays, de nombreux pays se sont empressés de prendre des mesures. L'Allemagne et la France ont décrété l'interdiction d'exportation de matériel de protection médicale, l'Autriche, la Hongrie et la République tchèque ont unilatéralement fermé leurs frontières, rendant temporairement inopérant l'accord de Schengen, symbole de l'UE, et la circulation des marchandises et de l'aide humanitaire vers les zones touchées par l'épidémie, notamment en Italie, s'est heurtée à d'innombrables difficultés.
Mais le manque d'unité du bloc pour trouver des solutions globales dans les prochains jours est encore plus grave. Il suffit d'observer l'ambiance lors de la réunion en ligne du Conseil européen du 26 mars. Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a admis que ses positions et celles de la chancelière allemande Angela Merkel étaient « plus qu'un désaccord, mais une confrontation franche et ouverte ».
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Les dirigeants européens ont tenu une visioconférence le 26 mars, mais n'ont pas réussi à parvenir à un accord. Photo : AP |
L'Allemagne, véritable « gendarme » de l'UE, est chargée de veiller à ce que les autres pays respectent leurs obligations et responsabilités dans le cadre des accords financiers et ne souhaitent pas enfreindre les règles de l'Union. Berlin estime que, dans le contexte actuel, l'UE pourrait activer le « Mécanisme européen de stabilité », un fonds de 400 milliards d'euros créé après la crise financière il y a plus de dix ans pour répondre aux besoins d'emprunt des pays de l'Union. Par ailleurs, la Banque centrale européenne s'est engagée à consacrer 750 milliards d'euros au rachat d'obligations des États membres de la zone euro.
Toutefois, l'accès à ces fonds est soumis à des conditions strictes, notamment l'obligation pour les États membres de maintenir leur déficit budgétaire en dessous de 3 % du produit intérieur brut (PIB) et leur dette publique en dessous de 60 % du PIB. Or, pour des pays comme l'Italie et la France, la dette publique atteignait déjà 130 % et 100 % avant même la pandémie et pourrait désormais être bien plus élevée.
C'est pourquoi, la semaine dernière, les dirigeants de la France, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de l'Irlande, du Luxembourg, de la Slovénie, de la Belgique et de la Grèce ont appelé à la création d'un « instrument de dette commun », sur proposition du Premier ministre italien, appelé « Coronabonds ». Ces obligations seraient garanties par tous les États membres de l'UE, sans condition.
Bien entendu, l'Allemagne n'accepte pas cette idée. Lors de la réunion du 26 mars, la chancelière Merkel a refusé à quatre reprises la proposition de son homologue italien. Les Pays-Bas, l'Autriche et la Finlande ont également soutenu la position allemande, craignant que les pays voisins n'exploitent la crise pour alimenter une série de dettes publiques, affaiblissant ainsi l'euro.
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L'UE face aux défis de son unité. Photo : Getty |
Cette guerre des mots de plus en plus acharnée montre que l'UE est profondément divisée sur la manière de gérer son économie partagée face aux ravages de la Covid-19. « Les germes de la désintégration sont de retour », a averti Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne et l'un des principaux architectes de l'UE moderne.
M. Jacques Delors a également déclaré que « le manque de solidarité constitue un danger mortel pour la survie de l'UE ». De toute évidence, nous vivons avant tout une période où le prestige et l'existence de l'Europe sont remis en question. Si l'Europe se résume à un marché commun lorsque tout va bien, elle n'aura plus aucune valeur. Par conséquent, plus que jamais, l'Europe a besoin d'un « médecin fort », et ce remède ne peut venir que de la solidarité de l'ensemble du bloc dans la période de crise actuelle.