Les États-Unis veulent-ils que l’Ukraine vive de l’argent russe ?

Le président russe Vladimir Poutine lors d'une interview dans le cadre du projet spécial « 20 questions à Vladimir Poutine ». Photo : TASS

« Les États-Unis tirent et contrôlent l'Ukraine de l'extérieur, mais ils veulent que l'Ukraine survive à nos dépens », a déclaré le dirigeant russe dans le projet spécial « 20 questions à Vladimir Poutine » de l'agence de presse TASS.

Selon le président Poutine, les États-Unis souhaitent s'attaquer aux conditions dans lesquelles Moscou finance le transport de gaz à travers l'Europe, en passant par l'Ukraine. Afin de garantir la continuité de ce transit, Washington a imposé des sanctions au projet gazier russe « Nord Stream 2 ».

Le président Poutine a qualifié cet argument américain d'« étrange » et a souligné que la Russie avait toujours souhaité poursuivre le transit de gazoducs par l'Ukraine. « Le volume sera peut-être moindre, mais nous le ferons », a-t-il ajouté.

Le président russe a souligné qu'après la signature par Moscou et Kiev d'un nouvel accord sur le transit du gaz, les sanctions étaient censées être levées, mais que cela n'a pas eu lieu. Expliquant la raison, le président Poutine a déclaré que cette mesure visait en réalité à conférer un avantage concurrentiel au gaz naturel liquéfié américain.

« Pour satisfaire leurs propres intérêts et offrir un marché favorable à leurs produits, les États-Unis désavantagent les consommateurs européens. Or, si le prix de la principale source d'énergie augmente de 25 à 30 %, cela anéantira complètement la compétitivité des économies allemande et européenne », a analysé le président Poutine.

Le dirigeant russe a rappelé que Washington s'était auparavant opposé au projet Nord Stream 1 et avait également entravé le développement des relations économiques entre la Russie et l'Europe.

Néanmoins, d'importants projets ont été mis en œuvre. En particulier, l'accord sur le gazoduc des années 1960 a permis à l'Union soviétique de recevoir des gazoducs de l'Allemagne en échange de gaz. Depuis, la Russie a appris à construire des gazoducs de grand diamètre pour répondre à ses besoins.

Sanctions contre Nord Stream 2

Le projet Nord Stream 2 comprend deux gazoducs d'une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, qui seront posés depuis les côtes russes jusqu'en Allemagne, en passant par la mer Baltique. Le gazoduc traversera des pays comme l'Ukraine, la Biélorussie et la Pologne, ainsi que les zones économiques exclusives et les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l'Allemagne.

Fin 2019, le président américain Donald Trump a approuvé le budget de la défense 2020, qui comprenait une disposition sur les sanctions contre Nord Stream 2, y compris les entreprises participant au projet.

En raison de la menace de sanctions américaines, la société suisse Allseas, chargée de poser le pipeline du projet, a suspendu toutes ses opérations et retiré les navires impliqués dans le projet.

Alexeï Miller, directeur général de la société russe Gazprom Energy, a affirmé que la Russie achèverait le projet Nord Stream 2 par elle-même, car il n'y a pas d'obstacles technologiques nécessitant un soutien extérieur.