Sensibiliser le public et prévenir la traite des êtres humains à Nghe An
(Baonghean.vn) – Ces dernières années, la situation en matière de traite des êtres humains dans le monde et dans la région a continué d'évoluer de manière complexe, avec des méthodes et des stratagèmes de plus en plus sophistiqués. Au Vietnam en général, et dans la province de Nghệ An en particulier, la traite des êtres humains, notamment celle des femmes et des enfants, demeure une réalité douloureuse, portant directement atteinte à la vie, à la santé, à l'honneur et à la dignité des personnes, et affectant négativement la sécurité et l'ordre social.
À l'occasion de la Journée nationale contre la traite des êtres humains (30 juillet), le journal Nghe An a interviewé le lieutenant-colonel Tran Van Hung, chef adjoint du département de police criminelle de la police provinciale de Nghe An.
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| Le lieutenant-colonel Tran Van Hung a fait le point sur la situation actuelle du trafic d'êtres humains dans la province de Nghệ An. Photo : Duc Anh |
Journaliste : Le trafic d’êtres humains persiste à Nghệ An, notamment dans les zones montagneuses. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Lieutenant-colonel Tran Van Hung :À Nghe An, la catastrophetraite des êtres humainsCe phénomène a eu lieu et se produit encore, principalement dans les zones frontalières, notamment les plus difficiles. La province compte six districts frontaliers terrestres, cinq districts frontaliers maritimes et quelques localités montagneuses. Le niveau de vie et la sensibilisation de la population y sont faibles, et les conditions de vie précaires. Les habitants sont souvent tentés de quitter leur localité pour trouver un emploi mieux rémunéré. Dans cette région, le nombre de femmes et de jeunes filles approchant l'adolescence et confrontées à des situations difficiles est élevé, et les grossesses non désirées sont fréquentes. Ce sont ces conditions dont profitent les trafiquants d'êtres humains.
Récemment, de nombreux cas de traite d'êtres humains ont été découverts et traités. La plupart de ces affaires remontent à plusieurs années. Les victimes ont été trompées ou vendues volontairement en Chine, au Cambodge, etc., puis sont revenues pour dénoncer les faits. De plus, de nouveaux cas ont été recensés. Il s'agit de femmes et de jeunes filles mineures qui ont été attirées, séduites ou se sont rendues volontairement en Chine ou au Cambodge, puis vendues, ou qui ont accepté d'être vendues, parfois même avec le consentement de leur famille et de la victime.
Ce qui est alarmant, c'est le nombre de jeunes filles mineures ou jeunes adultes en situation de grande précarité, qui, enceintes non désirées, se rendent volontairement en Chine pour accoucher et vendre leur enfant. Certaines femmes et jeunes filles, via les réseaux sociaux comme Facebook et Zalo, recherchent en ligne des personnes pour les emmener en Chine, sans même savoir qui les emmène. Tous les contacts et les instructions se font par téléphone ; ce n'est qu'à la frontière qu'elles sont prises en charge par des inconnus. Où qu'elles aillent, elles ignorent tout de leur destination.
PV : Pour prévenir et combattre efficacement la traite des êtres humains, il est essentiel d’identifier les méthodes des criminels. Comment, grâce à des projets réussis, pouvons-nous identifier les victimes et les méthodes de la traite des êtres humains ?
Lieutenant-colonel Tran Van Hung :La plupart des cas de traite des êtres humains sont perpétrés par des réseaux criminels étroitement liés entre acteurs locaux et étrangers. Ils utilisent diverses ruses, comme la promesse d'emplois, de mariages arrangés et d'adoptions. Souvent, ils font connaissance en ligne, puis attirent des jeunes filles et des femmes en recherche d'emploi dans les zones rurales, les incitant à les suivre jusqu'à la frontière pour y trouver du travail, ou feignant d'être amoureux, avant de les vendre à des trafiquants. Il arrive même que des membres d'une même famille se trompent mutuellement et vendent des victimes à l'étranger. Dans bien des cas, des amis jouent ensemble quotidiennement, mais lorsqu'ils ont besoin d'argent pour continuer leurs loisirs, ils sont prêts à piéger et à vendre leurs amis à des criminels.
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| La police criminelle de Nghe An a secouru et ramené dans leur ville natale trois femmes enceintes qui avaient franchi la frontière pour vendre leurs enfants à l'étranger. (Photo : [Nom de l'artiste]) |
Objets de ligne, groupes actifstraite des êtres humainsPrincipalement dans les zones frontalières entre le Vietnam et la Chine, comme les provinces de Lang Son et Quang Ninh, et entre le Vietnam et le Cambodge, comme les provinces de Kien Giang et Tay Ninh. Après enquête et vérification, il s'avère qu'il n'existe pratiquement aucun réseau ou organisation criminelle de trafic d'êtres humains dans la province de Nghe An. Les véritables criminels seraient d'anciennes victimes ou des habitants de la région qui, après s'être rendus au Cambodge ou en Chine pour affaires, reviennent séduire et manipuler les villageois, voire leurs proches.
PV : Comment les autorités ont-elles mené des actions ces derniers temps pour mettre en œuvre des plans de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains à tous les niveaux et dans tous les secteurs ?
Lieutenant-colonel Tran Van Hung :Ces derniers temps, les forces de l'ordre de la province de Nghệ An, notamment la police provinciale et les gardes-frontières, ont clairement identifié la traite des êtres humains comme une priorité absolue à combattre et à prévenir. Dans le cadre de leurs actions de prévention, elles coordonnent étroitement leurs efforts afin de mener des actions ciblées, telles que le recensement des zones, des ménages et des populations. Les zones prioritaires sont celles touchées par la traite des êtres humains, celles où les personnes risquent d'en être victimes et celles qui sont vulnérables à ce fléau. Parmi les ménages recensés et suivis figurent ceux en situation de précarité économique, ceux qui accueillent des mineures, des femmes, des jeunes adultes ou des femmes enceintes en difficulté, ceux dont des membres se rendent en Chine ou au Cambodge pour affaires, et ceux où des étrangers font leur apparition. À partir de là, les forces de l'ordre mènent des actions de sensibilisation et de dissuasion afin de supprimer les conditions propices aux agissements des trafiquants.
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| La police de Nghe An a coordonné ses actions avec les forces de l'ordre pour remettre la victime de trafic d'êtres humains à sa famille. Photo : [Nom de l'artiste] |
Dans le cadre de cette lutte, les forces compétentes ont rapidement reçu, vérifié et traité les dénonciations, les rapports et les recommandations de poursuites concernant les crimes de traite des êtres humains ; elles ont enquêté sur des cas et des réseaux de traite des êtres humains, les ont démantelés et ont arrêté des individus ; elles ont mis en œuvre des mesures de sauvetage, d’accueil, de protection et de soutien des victimes conformément à la loi ; elles ont lancé des campagnes d’envergure pour lutter contre la traite des êtres humains et les infractions connexes, en ciblant les principaux axes et zones… Depuis début 2021, la police provinciale de Nghệ An et les gardes-frontières provinciaux ont découvert, arrêté et poursuivi 14 affaires de traite des êtres humains, impliquant 24 personnes, et secouru 14 victimes ; elles ont également secouru 29 personnes soupçonnées d’être victimes (il n’existe aucun élément permettant de le confirmer, car ces personnes avaient été contactées pour travailler à l’étranger et ont été exploitées).
Une autre mesure efficace mise en œuvre par les forces de l'ordre consiste à garantir le développement économique et la sécurité sociale, ainsi qu'à favoriser la réinsertion sociale. Concrètement, la police provinciale a renforcé sa mobilisation et sa coordination avec les organisations et les particuliers afin d'apporter un soutien matériel aux familles pauvres et aux victimes vulnérables. Les gardes-frontières soutiennent les moyens de subsistance des populations locales, notamment l'élevage, l'agriculture et le développement économique. Ce soutien apporté aux personnes vulnérables et aux victimes leur permet de ne pas se laisser piéger ni de devenir elles-mêmes des auteurs de trafic d'êtres humains.
PV : Afin de prévenir définitivement la persistance du trafic d’êtres humains, quelles mesures devrions-nous mettre en œuvre selon vous ? Sur quelles mesures devrions-nous nous concentrer ?
Lieutenant-colonel Tran Van Hung :Ces dernières années, tous les niveaux et tous les secteurs ont accordé une grande attention à la prévention et à la lutte contre la traite des êtres humains et ont mis en œuvre avec détermination des mesures à cet effet. Le 10 mai 2016, le Premier ministre a promulgué la décision n° 793/QD-TTg, instituant le 30 juillet de chaque année « Journée nationale de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains », afin de mobiliser toutes les ressources et de promouvoir la mobilisation de l'ensemble du système politique et de la population pour prévenir, enrayer et éradiquer progressivement ce fléau à l'échelle nationale. Le Comité populaire provincial de Nghệ An a publié le plan n° 179 KH-UBND du 16 mars 2022 relatif à la mise en œuvre du Programme de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains ; le 19 juillet 2022, il a publié le plan n° 519/KH-UBND portant sur les activités menées en réponse à la Journée nationale de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains (30 juillet).
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| Renforcer les efforts de propagande de manière intensive et régulière sur de nombreuses plateformes afin de prévenir et de combattre la traite des êtres humains. Photo : Document |
Les décisions, plans et solutions visant à prévenir totalement le trafic d'êtres humains ont été clairement définis. Il s'agit notamment de : renforcer la communication et les actions de sensibilisation pour prévenir ces crimes ; améliorer l'efficacité de la lutte contre la criminalité, des enquêtes et du traitement des affaires, en particulier des nouvelles méthodes et techniques criminelles ; et mettre en œuvre efficacement un dispositif d'accueil et d'accompagnement des victimes de trafic d'êtres humains afin de faciliter leur réinsertion sociale. La difficulté réside dans la bonne application de ces solutions. Il est essentiel de privilégier la prévention précoce, à distance et au niveau local ; de se concentrer sur le développement socio-économique des zones reculées, montagneuses et habitées par des minorités ethniques ; de résoudre les problèmes de protection sociale et d'emploi ; de renforcer l'efficacité de la gestion étatique de la sécurité et de l'ordre, notamment en matière de contrôle des entrées et sorties du territoire ; et de déployer des efforts ciblés lors des pics d'activité pour lutter contre le trafic d'êtres humains sur l'ensemble du territoire.
L'une des solutions qui doit être particulièrement bien mise en œuvre est la propagande et la communication pour sensibiliser la population. Pour ce faire, l'ensemble du système politique et social doit participer. Le travail de propagande doit être mené régulièrement et à grande échelle, sous de nombreuses formes et sur de nombreuses plateformes et médias différents.
PV : Que doivent faire les habitants de Nghe An pour éviter d’être victimes de la traite des êtres humains et pour lutter efficacement contre ce type de crime ?
Lieutenant-colonel Tran Van Hung :Pour prévenir et combattre ces types de crimes, il est primordial que chacun redouble de vigilance et protège sa personne et ses proches. C'est un élément essentiel de la prévention, car il est crucial d'éviter de créer un environnement propice aux agissements des criminels. Soyez toujours vigilants et méfiants envers les inconnus, voire même les membres de votre famille, qui reviennent d'un long séjour professionnel en promettant de vous trouver un emploi ou en vous proposant de vous associer. Méfiez-vous des promesses et des incitations à trouver des emplois bien rémunérés en usine, dans des magasins, des bars, comme employé de maison (local ou étranger) ou à épouser un riche étranger. Refusez toute aide financière ou matérielle, surtout de la part d'inconnus que vous venez de rencontrer.
Lorsque vous devez vous rendre à l'extérieur de votre région pour travailler, il est essentiel de vous renseigner soigneusement sur le lieu, sa localisation et les personnes qui vous accompagnent. Avant de partir, consultez votre entourage et informez vos proches de votre destination et des personnes qui vous accompagneront. Il est important d'améliorer régulièrement vos connaissances culturelles et juridiques, ainsi que vos compétences en matière d'autodéfense, afin d'assurer votre sécurité et de protéger vos proches contre la traite des êtres humains. Notez toujours les coordonnées (adresse et numéro de téléphone) de personnes de confiance (administration, organismes, associations, proches, etc.) que vous pourrez contacter en cas de besoin. Par ailleurs, sensibilisez votre famille et vos amis aux dangers de la traite des êtres humains.
Lorsqu'une personne découvre un cas de traite des êtres humains, elle doit le signaler aux forces de l'ordre ou à l'organisme gouvernemental compétent. Chacun·e doit savoir que, quel que soit son âge, il ou elle a droit à des droits civils et humains. Par conséquent, si une personne est vendue en vue d'un mariage par un membre de sa famille, elle doit contacter la police, les autorités compétentes, une association de défense des droits des femmes ou tout autre organisme social pour obtenir de l'aide.
PV : Merci !
La traite des personnes consiste à vendre, transporter, transférer, héberger ou recevoir des personnes, par la menace ou l'emploi de la force ou d'autres formes de contrainte, par enlèvement, par fraude ou tromperie, par abus de pouvoir ou d'une situation de vulnérabilité, ou par le fait de donner ou de recevoir des paiements ou des avantages pour obtenir le consentement d'une personne ayant autorité sur une autre, à des fins d'exploitation.
L’exploitation comprend : l’exploitation de la prostitution ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes.






