Combien d’années faudra-t-il à la Russie pour « localiser » l’aviation civile ?
La United Aircraft Corporation (UAC) (qui fait partie de la société d'État Rostec) prévoit de livrer plusieurs centaines d'avions entièrement de fabrication russe d'ici 2030. Parmi eux - 70 avions Tupolev-214 de classe moyenne.
De retour sur tes ailes
Les problèmes de l'aviation civile russe se sont aggravés après que l'Occident a imposé de lourdes sanctions suite aux opérations spéciales des forces armées russes visant à démilitariser l'Ukraine. L'Union européenne, les États-Unis, le Canada et plusieurs autres pays ont fermé leurs portes à l'aviation russe. L'Union européenne a interdit la fourniture d'avions civils et de pièces détachées à la Russie et a contraint les sociétés de leasing à résilier leurs contrats avec les compagnies aériennes russes avant fin mars. Les services de maintenance et d'assurance des avions ont également été interdits.
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L'Agence fédérale russe du transport aérien (Rosaviatsia) recommande aux compagnies aériennes dont la flotte est immatriculée à l'étranger de suspendre leurs vols à l'étranger afin d'éviter la saisie de leurs appareils. Les vols vers les pays qui n'ont pas fermé leur ciel aux compagnies aériennes russes sont désormais principalement effectués par des appareils immatriculés en Russie (code RA et numéro à cinq chiffres sur le fuselage). La pratique démontre une fois de plus une vérité indéniable : pour un grand pays doté d'une industrie aéronautique puissante, il est déraisonnable de « faire comme tout le monde », simplement pour des avantages temporaires, en transportant des passagers et du fret sur des avions étrangers. Il est nécessaire de voler sur son propre avion, tant sur le plan technique que légal. Comme à l'époque soviétique.
Rostec avait précédemment annoncé son intention de livrer plus de 500 avions de production nationale d'ici 2030. Parmi ces appareils figurent le tout dernier MS-21, le Sukhoi SSJ entièrement localisé, le turbopropulseur régional Il-114 et le gros-porteur Il-96 (qui sera modernisé de quatre à deux nouveaux moteurs : puissants et économes en carburant). De plus, les compagnies aériennes recevront 70 nouveaux avions à fuselage étroit Tu-214 de classe moyenne.
Qu'est-ce qui est intéressant à propos du Tu-214 ?
Le Tu-214 n'est pas le plus récent en termes de développement. Son premier vol remonte à 1996, mais il n'est en aucun cas dépassé. C'est un bimoteur à aile basse, doté du système désormais familier « moteur sous l'aile », similaire aux Boeing et Airbus modernes.
Selon le développeur, la société Tupolev, l'avion mesure 46,2 m de long, a une envergure de 42 m, une masse maximale au décollage de 110,7 tonnes et peut accueillir 210 passagers. Son autonomie est de 6 500 km à une altitude de 10 100 à 12 000 m, et sa vitesse maximale est de 850 km/h (tous les avions de la marque Tupolev volent généralement à grande vitesse). Le Tu-214 atteint une telle vitesse grâce à son excellente conception aérodynamique et à ses deux turboréacteurs PS-90A d'une poussée totale de 32 000 kgf. Ces moteurs sont économiques et répondent parfaitement aux normes en matière de bruit et d'émissions toxiques.
Selon Rostec, le Tu-214 se distingue par sa grande fiabilité et son avionique moderne. Grâce à cela, il est devenu la configuration de base pour toute une classe d'avions spéciaux. Par exemple, les avions opérant dans le cadre du Traité « Ciel ouvert », ainsi que l'équipage spécial « Rossiya », au service des dirigeants du pays, y compris le Président. En configuration commerciale, grâce à ses caractéristiques combinées, il est idéal pour le transport en Russie. De plus, il peut être rapidement converti du transport de passagers au transport de fret.
Mais surtout, le Tu-214 est actuellement produit à l'usine aéronautique de Kazan (République du Tatarstan, région de la Volga). Jusqu'à présent, l'avion a été produit en série en petites quantités, mais l'entreprise dispose d'un potentiel d'augmentation de la production. Le 6 avril, le directeur général de l'UAC, Yuri Slyusar, a annoncé le lancement simultané de la production de 20 nouveaux appareils de ce type.
Fin mars, le vice-Premier ministre russe Youri Borissov, lors d'une visite à l'usine aéronautique de Kazan, a noté l'intérêt des compagnies aériennes russes pour le Tu-214 et leur volonté d'achat.