Seuil de danger alors que la Turquie intensifie la situation à Idlib (Syrie)

Thuy Ngoc March 3, 2020 06:59

(Baonghean) - Exactement un jour après l'expiration du délai fixé par la Turquie pour que les troupes gouvernementales syriennes se retirent de ses points de contrôle à Idlib, la Turquie a lancé une puissante attaque : abattant deux avions de combat syriens, déployant des drones pour attaquer des cibles syriennes et tuant 19 soldats.

L'action de la Turquie porte le conflit à Idlib à un niveau inédit et dangereux, car chacun comprend que derrière le gouvernement syrien se trouve la Russie. Dans une guerre par procuration comme celle en Syrie, une fois que l'« acteur principal » devra se présenter à une confrontation directe, le scénario sera extrêmement imprévisible.

« Les mots sont comme le vent »

Le 29 février, la Russie et la Turquie ont annoncé une consultation entre diplomates des deux pays à Ankara, en Turquie. Les représentants des deux parties ont affirmé leur objectif de réduire les tensions à Idlib, en Syrie.

Cependant, le 29 février est également la date limite fixée par la Turquie pour le retrait des forces gouvernementales syriennes de ses points de contrôle à Idlib. Cette demande n'ayant pas été satisfaite, tous les engagements des diplomates n'ont été que des paroles en l'air.

Lực lượng Dân tộc Giải phóng Syria bắn rocket vào quân chính phủ. Ảnh: The Guardian
Les Forces de libération nationale syriennes tirent des roquettes sur les troupes gouvernementales. Photo : The Guardian

Un jour plus tard, des drones turcs ont bombardé des cibles gouvernementales syriennes à Idlib, tuant 19 soldats, des avions de chasse turcs ont abattu deux avions syriens Su-24 et les forces rebelles soutenues par la Turquie ont bombardé des positions de l'armée syrienne.

Des combats acharnés ont éclaté près de la ville stratégique de Saraqeb, située sur l'autoroute Damas-Alep, et ont constamment changé de mains entre les deux camps ces derniers mois. La Turquie a également officiellement confirmé le lancement de l'opération militaire « Bouclier du Printemps », la quatrième opération militaire d'envergure lancée par la Turquie en Syrie depuis 2016. Au cours de cette opération, la Turquie a neutralisé plus de 103 chars, 8 hélicoptères et plus de 2 200 soldats syriens.

La décision de la Turquie d'« intensifier » Idlib découle des calculs stratégiques du président Tayip Erdogan. La Turquie a longtemps été le principal soutien des forces d'opposition syriennes à Idlib, car cette zone constitue la zone tampon de sécurité de la Turquie en territoire syrien, réduisant ainsi la menace sécuritaire et le risque d'attaques des forces kurdes syriennes et du Parti des travailleurs du Kurdistan, que la Turquie considère comme des terroristes.

Lực lượng quân đội Syria xác nhận 2 máy bay chiến đấu bị bắn hạ. Ảnh: Euro Post
Les forces militaires syriennes ont confirmé que deux avions de chasse avaient été abattus. Photo : Euro Post

Mais les récentes attaques des forces gouvernementales syriennes, soutenues par la Russie, ont exposé la Turquie au risque d'être « expulsée » d'Idlib, compromettant ainsi ses projets à long terme en Syrie et compromettant sa capacité à peser sur toute solution politique dans la Syrie d'après-guerre. Par conséquent, la mort de 33 soldats turcs lors d'une attaque le 27 février est devenue le « prétexte idéal » pour que la Turquie lance sa quatrième opération militaire majeure en Syrie.

Toutes les informations concernant Idlib rapportées jusqu'à présent ne font état que des pertes des forces gouvernementales syriennes. La Turquie a peut-être activement « évité » les cibles russes dans cette ville stratégique, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, ayant affirmé que l'objectif de la Turquie était d'affronter les forces gouvernementales syriennes, et non d'affronter directement l'armée russe.

Mais selon les analystes, les calculs de la Turquie aggravent la situation à Idlib, car la Russie ne laisse certainement pas les forces gouvernementales syriennes « subir » continuellement les attaques ennemies. Des conseillers militaires russes ont même comparé les frappes aériennes turques ciblant des soldats syriens aux tirs de missiles d'avions de chasse turcs sur des avions russes en 2015, déclenchant une grave crise diplomatique entre les deux pays.

Nhiều công trình ở Idlib bị bắn phá. Ảnh: DW
De nombreux bâtiments d'Idlib ont été bombardés. Photo : DW

« Rupture » des intérêts stratégiques russo-turcs

La Turquie cherche actuellement à éviter tout affrontement direct avec l'armée russe tout en protégeant ses intérêts stratégiques à Idlib. Or, ce calcul est irréaliste, car la reprise d'Idlib revêt une importance particulière pour le gouvernement syrien, alors que la Russie soutient fermement le régime du président syrien Bachar al-Assad.

Une victoire à Idlib permettrait non seulement au gouvernement syrien de réaliser son objectif d'unification du pays, mais aussi de contrôler la plupart de ses ressources pétrolières. Il n'est donc pas surprenant que la Russie se soit rangée du côté du gouvernement syrien et ait accusé la Turquie d'exacerber les tensions à Idlib, tout en la critiquant pour ne pas avoir respecté son engagement pris à Sotchi de séparer les forces d'opposition syriennes des groupes terroristes. La Russie a également averti qu'elle ne garantirait pas la sécurité des avions turcs en Syrie – un avertissement que la Russie a confirmé à maintes reprises.

Après une période de collaboration pour trouver des solutions au conflit syrien, les récents développements dangereux à Idlib montrent que la convergence des intérêts stratégiques entre la Russie et la Turquie s'effrite progressivement. Avec l'opération « Bouclier du Printemps », la Turquie a porté la situation à Idlib à un niveau dangereux, avec le risque d'une confrontation directe entre les « principaux acteurs » de la guerre par procuration en Syrie.

Binh sĩ Thổ Nhĩ Kỳ tại một chốt quan sát ở tỉnh Idlib (Syria) ngày 14/2. Ảnh: AFP
Soldats turcs à un poste d'observation dans la province d'Idlib (Syrie), le 14 février. Photo : AFP

Par conséquent, un scénario possible serait que la Turquie sollicite l'aide de l'OTAN en activant l'article 5 du Traité de l'OTAN relatif à la protection des membres du bloc, afin que l'OTAN puisse dissuader la Russie et lui demander d'empêcher le gouvernement syrien de poursuivre son invasion d'Idlib. Le conflit entre la Turquie et la Syrie deviendrait alors un conflit entre l'OTAN et la Russie.

Cependant, jusqu'à présent, l'OTAN n'a envoyé aucun signal d'aide à la Turquie. Car, à l'heure actuelle, la Turquie ne dispose pas d'atouts suffisants pour faire pression sur l'OTAN, tandis qu'affronter la Russie n'a jamais été une tâche facile pour ce bloc militaire, du fait de l'unification des points de vue entre ses membres. Et sans l'OTAN, la Turquie n'a évidemment pas le potentiel nécessaire pour affronter la Russie. La désescalade rapide opérée par le président Tayip Erdogan en 2015 après l'abattage d'un avion russe est assurément une leçon que la Turquie ne peut oublier.

Le président turc, Tayip Erdogan, devrait rencontrer le président russe, Vladimir Poutine, les 5 et 6 mars à Moscou. Selon les analystes, il s'agit d'une occasion de parvenir à une solution diplomatique à la question d'Idlib. L'important est de savoir si la Turquie souhaite saisir cette opportunité.

Tổng thống Nga Putin và Tổng thống Thổ Nhĩ Kỳ Erdogan dự kiến sẽ gặp nhau vào ngày 5 hoặc 6/3 tới. Ảnh: Al Jazeera
Le président russe Poutine et le président turc Erdogan devraient se rencontrer le 5 ou le 6 mars. Photo : Al Jazeera

En termes d'intérêts stratégiques à Idlib, ceux de la Russie sont bien plus vastes et clairs que ceux de la Turquie. Sur l'échiquier stratégique syrien, la Russie dispose également d'un pouvoir de décision bien plus important que la Turquie. Quant aux tactiques de pression sur le terrain pour obtenir un avantage à la table des négociations, la Russie est également un excellent acteur… Tels seront les facteurs que M. Tayip Erdogan devra prendre en compte lors de sa rencontre avec M. Vladimir Poutine, afin d'éviter de placer la Turquie dans un « dilemme » comme ce fut le cas en 2015.

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